Developpement Empirium

[Katherine Talkesh]

Rapport de Vysh'ta, premier conseillé de l'impératrice Katherine

Loyauté I

Une drôle de pièce allait se jouer au sein du gouvernement de l’empire de cristal qui n’avait d’empire que le titre et l’étendue. L’impératrice elle-même avait laissé la gestion de l’empire aux soins de son parlement élu, composé des délégations de tous les mondes ayant signé le pacte les liants à la lignée des Talkesh. Nombreux étaient les nouveaux mondes annexés qui se contentaient de la protection des flottes de l’empire de cristal sans avoir à jurer allégeance à une famille dirigeante qu’ils n’avaient jamais vue autrement qu’au travers d’holodiffusion suspectes alors que les légions de ce même empire avaient causé bien des morts parmi les familles des mondes annexés lors des combats. Quoi qu’il en soit, elle avait retrouvé un statut moins contraignant de grand amiral de la flotte de l’empire et administrait le tout depuis le poste de commandement du Rédempteur, pouvant enfin se concentrer sur des relations d’amitiés qui n’avaient que trop été délaissées à cause des tâches incommensurables qui l’avaient tenues éveillée bien des nuits avant que le parlement soit enfin élu et accepté.

Katherine, héritière de sa lignée, envoya donc une flotte s’occuper des pirates qui agissaient en bordure de E7 dans des zones encore mal cartographiées. Sécuriser les voies marchandes apporterait sans doute une autre ère de prospérité pour l’empire dont le développement militaire s’était ralentit afin de se concentrer sur un développement axé sur les valeurs des FSU : offrir une zone franche de commerce où les agressions ne pourraient avoir lieu. Ironiquement c’est un marchand qui déclencha les hostilités après un maigre litige concernant des planètes rebelles en E4. Franchement, rien qui n’aurait pu se régler diplomatiquement. Voie qui se ferma très rapidement avec une attaque en règle dudit marchand sur la Dame Erty 2100. Très vite le combat fatigua la dame qui ne rêvait que de paix et elle quitta la galaxie en direction de nouveaux horizons, une décision que Katherine compris aisément. Des FSU, il ne restait alors déjà plus que trois membres que ce conflit n’intéressait plus que par la menace qui pesait sur la zone franche créée avec tant de sacrifices et d’efforts.

Puis se présentèrent les forces armée du CS à la frontière nord de E6. La reine mère des Drows assurait que sa présence ne se justifiait que par les tensions qui demeuraient entre le CS et le seigneur Torehn. Katherine ayant déjà démontré sa bonne volonté concernant ses voisins à plusieurs reprises, elle ne voulait pas douter des intentions des elfes. Mais il lui fallait garder à l’esprit que la déesse Lolth pouvait se montrer d’une cruauté sans bornes à l’encontre des races étrangères et encore plus à propos des Drows eux-mêmes. Quoi qu’il allait en être, si le CS passait la frontière, la flotte restante aux FSU avec le départ de la Dame Erty et le retrait des frontières des forces nécessaires à lutter contre les agressions du marchand Junko laissait présager d’une défaite rapide au niveau de la suprématie spatiale et par conséquent une défaite tout court.

Si la Dame Imra’Ellyia lançait ses fils à l’assaut il allait juste en résulter un massacre à grande envergure des civiles qui vivaient au sein du cœur de l’empire de cristal situé directement au sud de la frontière. Il allait s’avérer que le CS qui avait anoncé ne pas prendre partit dans le conflit qui opposait les FSU à Junko et qu’aucunes des flottes des deux partis ne pourraient transiter par les territoires du CS avait participé à l’évacuation massive des flottes civiles de Junko vers lesdits territoires, par conséquent l’attaque de Junko visait uniquement à assurer à ce dernier un petit pécule dans la guerre à venir et à tester les forces des FSU. L’impératrice consacra donc toutes les ressources de l’empire d’une décision unilatérale afin d’équiper tous les navires de sa colossale flotte civile avec des systèmes de soutient-vie renforcés et le réaménagement desdits navires en vaisseaux de logement. Ces modifications demandèrent à peu près trois cycles complets et à la fin de la période la guerre fut déclarée lorsque le CS franchit la frontière et abattit un navire de patrouille.

Alor sur Dune la Première Talkesh revînt au plus vite sur Terra et supervisa l’évacuation de tous les civiles désireux de s’enfuir avant l’arrivée des elfes. Nombreux furent les soldats qui éloignèrent leur famille, se doutant fortement de ce qui allait suivre. Ils ne pouvaient douter de la justesse de la décision de leur impératrice. Le cœur de l’empire de Cristal vit ainsi sa population fondre en deux cycles alors que ne restaient plus que les sceptiques qui doutaient que les défenses des mondes centraux pouvaient ne pas résister. Du centre de contrôle au sommet de la tour centrale du palais impérial de Terra, Katherine ne pouvait pas douter un instant de ce qui allait suivre, au premier cycle son vieil ami Solvay avait été tué aux commandes de son commodore et sa disparition avait laissé son territoire dans l’anarchie la plus totale. Des rapports annonçaient également que le commandant Misha avait été assassiné par des agents de provenance inconnue le même cycle. La nouvelle ne fut pas ébruitée, mais son empire se désagrégea quatre cycles plus tard. Entre temps ses forces désorganisées s’étaient faites massacrées par les flottes du CS. L’impératrice vit ainsi la chute de ce qu’elle avait mis près de 60 cycles à mettre sur pied en un seul. Elle donna pour directive à ses forces spatiales d’éviter le contact avec l’amassement de navires au nord de E6 et d’opérer une percée aux côtés des navires de Torehn vers le nord. Une alliance de circonstance était ainsi à nouveau née entre les deux anciens alliés.

D’autres seigneurs qui avaient trouvé un lieu de paix dans l’espace des FSU se joignirent au combat désespéré. En attendant l’impératrice s’était rendue au parlement afin de présenter l’ultime stratégie qu’elle venait de mettre en place au détriment de sa propre survie…

Dernière édition par Katherine Talkesh le Mer 19 Mai 2010, 15:02; édité 4 fois

[Katherine Talkesh]

Loyauté II

Son apparition au parlement eut l'effet d'une bombe. Après tout, personne ne l'avait plus vu depuis de très nombreux cycles et son récent retour sur Terra n'avait pas vraiment aidé à améliorer cet état de fait. En ce qui me concernait, j'avais eut la chance de me préparer à la vision que donnait notre impératrice à cet instant. Je lui avais en effet parlé un peu avant son retour sur Terra à quelques reprise et également après. Les changements étaient toujours aussi stupéfiants. Pour ma part c'était déjà la seconde fois que j'avais l' "honneur" de la voir ainsi, mais pour les jeunes élus du nouveau parlement de l'Empire de Cristal qui n'avaient jamais ou presque été amené à être en présence de l'impératrice le choc devait être important.

Elle avait toujours eut un certain penchant théâtrale et je n'allais pas m'en plaindre, j'étais à même d'apprécier pleinement la signification de sa venue et de la tenue qu'elle s'était choisie. Lorsque je l'aperçu, j'eus grand mal à me retenir de sourire, encore une fois elle avait fait preuve d'une imagination débordante dont le résultat était juste impressionnant. Les jeunots avaient tous entendu les rumeurs et les légendes qui entouraient le mystère vivant qu'incarnait l'impératrice de Terra. Mais contrairement à d'habitude, les rumeurs et histoires qui se racontaient au sujet de Katherine étaient souvent en deçà de la réalité. le choix de la tenue composée en grande partie de bandages permettait de le démontrer sans qu'elle eusse à user de mots, avec un prime l'établissement d'un silence de plomb dans la salle que j'avais prié de toutes mes forces depuis mon accession au titre de maître de séance.

Elle laissa le silence planer, jouant de son effet et en tirant le maximum avant de se lancer dans une exposition crue des faits qui fit pâlir plus d'un représentant. Il est vrai que leur annoncer de but en blanc que la guerre était déjà perdue et que tout avait été mis en oeuvre afin d'assurer un exode aussi facile que possible eut le don de les plonger pour la plupart dans un état mental proche de l'inactivité. Elle termina en déclarant que les forces spatiales feraient tout leur possible pour sécuriser la retraite et qu'ils pouvaient retourner chez eux si ça les chantait et qu'elle prenait le commandement général des opérations. Elle les remercia de leur attention et quitta la salle sans autre forme de procès. Pour ma part je savais que cette petite intervention lui avait déjà demandé beaucoup vu son état.

C'était déjà plus que suffisant et peut être trop, s'ils s'étaient levés pour saluer son départ, personne n'avait encore fait de remarque concernant son départ rapide...

[Katherine Talkesh]

Loyauté III

Je suivais sans arrière pensée son conseil et profitait allègrement des privilèges dus à mon rang pour joindre Verdan et avoir des nouvelles de ma famille avant qu'il ne soit trop tard. J'étais soulagé bien avant que la communication ne soit établie, un cigle indiquant la mise en relation avec un croiseur de soutient m'informais plus qu'assez sur la localisation des êtres qui m'étaient les plus chère.

La discussion fut assez brève et je promettais à ma femme et mes deux enfants que bientôt je les reverrais. Elle, elle doutait de mes paroles et ça se voyait, mais les enfants ne pouvaient apprécier la situation globale et me prenaient au pied de la lettre. C'était pour le mieux et je coupais la communication.

Cette nuit je n'eus guère le loisir de dormir longtemps, des soldats vinrent me réveiller à trois heure du matin et m'amenèrent presque de force jusqu'à l'astroport, au dehors je voyais de nombreux véhicules de transport tant terrestres qu'aériens qui déposaient des soldats près des habitations et ces derniers qui entraient. Probablement dans le même but que pour moi, informer les gens de ce qu'ils pouvaient emmener avec eux et les emmener aux abris ensuite.

Sauf que dans mon cas, ce n'est pas un abri qui m'attendais, mais le fuselage effilé d'un messager sur un tarmac habituellement réservé à l'usage de la famille impériale. Katherine était là, elle m'attendait de pied ferme et me remis des ordres que j'allais devoir remettre au commandant des forces sur Verdan en mains propres.

"Vous devez partir chancelier et ne revenez pas, c'est inutile, Terra aura déjà probablement son escorte d'honneur de canon du CS d'ici là..."

J'étais bouche bée, elle, elle salua et s'en alla aussi rapidement qu'elle m'avait donné mes ordres de mission. Ce soir là, les étoiles n'étaient probablement pas visibles que ce soit depuis la ville ou dans tout l'horizon de l'astroport, les nombreuses lueurs des propulseurs suffisaient à éclipser le faible papillotement des étoiles de l'est galactique.

Une fois en vol et en direction de notre point de saut je me décidais à ouvrir le cachet électronique des ordres que je devais remettre pour n'y apercevoir qu'une reproduction de l'impératrice. Une reproduction souriante sans plus... C'était mon ticket de sortie et il m'était gracieusement offert, en fait c'était comme une annonce de licenciement...

[Katherine Talkesh]

Devoir I
Rapport de Cirik Hallor

A peine débarqué du transport qui m’avait amené sur Terra, l’ordonnance de l’impératrice m’avait accueillit et fait monter à bord d’un Havoc qui nous avait déposé non loin des bâtiments gouvernementaux où se réunissait l’assemblée décisionnelle de l’Empire de Cristal. L’ordonnance m’avait ensuite amené jusqu’au convoi et me présenta au chef de la sécurité qui renvoya l’ordonnance à ses autres devoirs et m’emmena jusqu’à l’accès où attendait la suite de l’impératrice.

Elle sortit de l’assemblée avec une expression accablée et deux de ses suivantes se portèrent immédiatement à sa hauteur afin de la soutenir alors qu’elle entrait dans le véhicule qui devait l’amener jusqu’au centre de commandement situé au cœur du palais impérial de Terra. Pour ma part je me considérais plus que chanceux d’avoir été rappelé au service de la Première Talkesh. Après cette opération dans la bordure contre les pirates j’avais eu beaucoup de chance de m’en tirer sans trop de dégât, mais ma principale crainte durant la rééducation avait trait à mon futur au sein des forces armées de l’EC. Bien sûr l’impératrice aurait veillé à l’entretient de toute ma famille et nous aurait probablement offert un logement sur la planète de mon choix, nombreux étaient ceux qui avaient eut le droit à de telles attentions après avoir servit dans la garde. Après tout les blessés mourraient très souvent sur le champ de bataille, s’il y avait seulement des blessés.

A présent j’étais celui qui avait eut une chance de tous les diables. Après tout j’avais survécu à l’explosion d’une charge thermique, à mon transport jusqu’au centre médical, n’étais pas mort pendant le traitement et avait été rappelé dans le service actif, même si je ne savais pas encore à quoi j’allais être employé. C’était déjà plus que ne l’espéraient la majorité des soldats qui partaient au combat à chaque cycle que l’univers pourvoyait. Le chef de la sécurité me fit alors signe d’embarqué dans le même véhicule que l’impératrice. Elle allait très certainement clarifier la raison de ce rappelle et par conséquent mon sort. Je m’installais donc en face d’elle et restais silencieux alors que les deux suivantes s’occupaient de changer les bandages souillés par le sang. Elle eut un signe sec de la main et les deux femmes arrêtèrent leur tâche et prirent place dans leur siège, réussissant presque à faire oublier leur présence si ce n’est le tatouage sur leur épaule qui brillait d’une douce lueur verte. Typique de la discipline qui régissait chaque minutes de la vie des habitants de Terra. Ils dédiaient leur existence à la fille de celle qui avait mit fin à l’âge barbare sur leur monde et avait unifié les clans.

-L’heure est grave Cirik et vous ne l’ignorez pas. Le rapport est formel, le commandant Solvay est mort lors de l’explosion de son commodore et nos contacts avec le commandant Misha semblent rompus. Autant dire que ce combat va plus ou moins être une question de résistance. Sans les alliés avec lesquels nous nous étions développés de concert nous n’avons tout simplement pas la capacité de porter le combat sur leur terrain et par conséquent aucun moyen de gagner cette guerre. Je vous ai appelé parce que vous allez partir bientôt avec tout un détachement de la garde pour embarquer sur le Sword VII à votre suite.

-Dame ; quel sera l’objectif si nous avons déjà perdu ?

-J’ai fait équiper tous les navires d’hyperpropulseurs et les stocks sont faits. L’objectif des Sword sera de passer la ligne d’assaut du CS et d’aller ravager leur frontière sud. Votre but, faire en sorte que les planètes des deux premiers cercles soient en mesure d’évacuer un maximum de personnes. J’enverrais toute les troupes s’il est possible de ne les retarder que de quelques cycles.

-Vous embarquez à bord du Rédempteur ?

-Les messagères ont embarquées sur des navires de commerce qui partiront d’Erridan une fois chargés de civiles. Ce qui ne devrait pas être long. Je dois rester sur Terra et coordonner les opérations de transport jusqu’aux vaisseaux. Il y aura nécessairement des pertes, mais personnes ne pourra dire que je n’aurais pas tout fait pour qu’un maximum de personnes aient eut leur chance.

-Terra sera leur première cible non ? Vous devez évacuer, si vous veniez à disparaître, l’Empire n’aura plus de guide et se désagrégera !

-J’ai laissé suffisamment d’instructions pour que l’évacuation au moins se passe bien. Vysh’ta, Sinclair, vous et bien d’autres êtes capables de rassembler les survivants ensuite et de constituer la flotte nomade. Pour ce qu’il se passera ensuite…, si je disparais, seule la figure de proue changera voilà tout. Vous avez vos ordres et j’ai mon devoir.

Il n’y avait eut aucune discussion, juste une décision arrêtée et voilà tout. Juste un devoir…

Notre détachement de la garde embarqua dans les transports deux jours plus tard et nous arrivâmes au Sword VII en moins d’une journée où on me pria de prendre le commandement des troupes de débarquement. Le capitaine savait parfaitement quel cap prendre et sur quels mondes il aurait à nous larguer. Si j’avais su alors le rôle que nous allions avoir à jouer, peut être aurais-je alors demandé à embarquer bien plus d’artillerie…

[Katherine Talkesh]

Devoir II

Deux cycles plus tard nous étions tous près à embarquer dans les transports afin de rejoindre la surface d'un monde que nous allions devoir protéger au prix de notre vie, de ce fait personne ne doutait une seconde. Nous ne faisions qu'acheter du temps avec notre sang. Je ne sus jamais par quel hasard notre navire avait reçu l'ordre de rester en arrière et de renforcer les défenses des mondes frontaliers au delà des navires d'assaut du CS. Ils s'étaient enfoncés plus au sud et le capitaine du Sword VII avait reçu pour mission de renforcer les défenses de quelques mondes clef au nord de E6. Quoi qu'il en soit, la nouvelle nous parvînt alors que j'aidais à embarquer des caisses de munitions dans un condor.

Le silence s'abattit d'un coup dans le grand hangar de la frégate, même les machines automatisées semblaient ne plus produire le moindre bourdonnement. C'était irrévocable, Terra allait tomber ce cycle. L'invasion principale du monde capital avait été repoussée, mais nous le savions tous, les défenses ne sauraient résister à la nouvelle vague qui était annoncée. Aucun navire n'ayant un moyen d'intervenir à temps, la planète tomberait aux mains du CS à la fin du cycle. Le choc était suffisamment grand en soit, car la majorité des équipages des vaisseaux provenaient des mondes du premier cercle, trois mondes centraux à l'importance capitale. Je doutais cependant que l'impératrice ait quitté Terra malgré la menace tangible et qu'elle ne soit restée afin d'évacuer jusqu'au moindre civil. Tâche totalement impossible avec 36 milliards d'humains vivants sur la planète. Seule une fraction de la population de chaque planète avait pu fuir à bord des navires modifiés en vue de l'exode. Tout le personnel nécessaire au maintient de la flotte était déjà partie intégrante des équipages et de nombreux navires restèrent en arrière afin de permettre d'établir un pont de téléporteurs vers les frontières proches. Il s'agissait avant tout de protéger un maximum la population contre les attaques bactériologiques et virales qui faisaient partie intégrante des tactiques de guerre des elfes.

J'eus la confirmation que j'attendais lorsque le capitaine me convoqua afin de m'informer plus en détail de ce que nous allions entreprendre. Le Sword VII avait pour objectif de reprendre Terra dans le courant du prochain cycle afin de retrouver l'impératrice et de lui permettre de partir à bord d'un messager au minimum. On ne manquait pas de petits appareils très rapides et certainement indécelables dans le chaos qu'était devenu l'orbite de Terra depuis que les défenses orbitales de Terra avaient été détruites par les navires d'assaut du CS. Confirmation donc que l'impératrice était toujours sur Terra et que mes soldats allaient devoir livrer un combat acharné sur le sol de la capitale. Le but ne changeait pas, on ne faisait que gagner du temps encore et encore. Même les défenses de Terra avaient été prévue dans cette unique optique, faire perdre un maximum d'élan aux transports de troupes du CS.

Je tenais donc une réunion avec mes officiers dans mes quartiers et les envoyais briefer nos hommes sur la situation et ce que nous allions entreprendre. Ils sortirent de mes quartiers avec la mine des mauvais jours. J'étais bien d'accord avec eux, notre impératrice avait eut tout le temps nécessaire pour quitter ce rocher, même s'il était chargé de symboles forts pour notre peuple. Elle assurait la cohésion de tous les peuples de l'Empire de Cristal, sans elle il n'y aura d'avenir pour les exilés et la flotte nomade se disloquera avant de rejoindre des planètes habitables et d'y laisser les civiles démanteler les navires pour construire les bases de leur nouvelle cité. Une évolution prévisible si jamais notre mission devait échouer...

[Katherine Talkesh]

Devoir III

Ce qui devait arriver finit par arriver et rien ni personne n'aurait pu le changer. En ce cycle 278 l'âme du VII disparut en même temps que son capitaine et son équipage au coeur de la haute atmosphère de Terra. Le capitaine mena le saut d'une main de maître et nous fît ressurgir juste au dessus de la planète, quasiment au-delà de la distance limite de décélération. La coque subit d'importants dommages lorsqu'elle dut supporter les impacts avec les innombrables débris qui encombraient l'orbite.

Mais il n'y avait aucune chance qu'un navire du tonnage de la classe Sword puisse échapper aux capteurs des navires du CS et le capitaine et moi-même comptions dessus afin de pouvoir appliquer notre stratégie. Il s'agissait d'une attaque éclair sur la capitale et ses environs afin de reprendre le palais et quelques points stratégique de production d'énergie. Là où intervient la stratégie? Nous devions sacrifier le navire et une grande partie de son équipage probablement afin de disposer du minimum de temps requis à l'accomplissement de tous nos objectifs.

Nous étions tous à bord de nos appareilles de largage ou des modules de descente individuels lorsqu'un tir particulièrement ajusté fit voler en éclat la totalité d'un bouclier cinétique en droite ligne du hangar central. Une aubaine alors que le navire hurlait sa douleur dans une série de froissements métallique à rendre sourd. L'I.A. nous ouvrit en grand les portes blindées alors que les débris de son corps commençaient à aller inéluctablement à la rencontre du sol. En fait, c'est toute la structure du hangar qui fut purement et simplement démantelée et les nouveaux débris ainsi créés suivirent tout simplement le chemin des autres. Parmi les esquilles d'ossatures et les plaques de coque, des Havocs et des condors chargés de matériel jusqu'au plafond qui se laissaient tomber tous systèmes désactivés.

Le capitaine fit ensuite tout son possible pour que le navire s'écrase au milieu d'un campement particulièrement actif du CS. C'est un peu avant l'impact que les modules individuels et les chariots soutenants les tanks stern furent largués à leur tour. Ils se mirent alors à livrer un combat acharné contre les survivant du CS autour de l'épave du Sword VII transformant une journée paisible sous le soleil de Terra en un enfer de cris et d'explosions. Il n'y eut bientôt plus un seul elfe qui ne rêvait pas d'aller combattre contre les chiens des Talkesh, eux qui défiaient la gradeur des drows et ne méritaient que leur plus profond mépris.

Les pilotes réactivèrent leur appareil au-delà des altitudes de sécurité et emmenèrent les soldats juste sur leurs objectifs souterrains. Six sections devaient se charger de contrôler l'état de trois coeur à fusion et au besoin les remettre en fonction. J'espérais pour ma part qu'il valait mieux avoir à faire à une défense drows que de les activer nous même. Ce qui attirerait sans aucun doute un brin d'attention en orbite ce que personne parmi nous n'espérait. Combattre sous des bombardements orbitaux ce n'est pas une situation des plus folichonnes. Le reste des troupes devaient pousser jusqu'au palais et en reprendre le contrôle. Jamais je n'aurais pu deviner dans quel merdier nous allions mettre les pieds et je n'en eus qu'un aperçu depuis la porte ouverte du Havoc. La capitale n'avait de ville plus que le nom, il ne s'agissait plus que d'un tas de ruines se succédant les unes aux autres. Les combats avaient été acharnés, bien au delà de ce dont j'avais été témoin lors de nombreuses campagnes. Pour la première fois je maudis le système optique intégré à la visière de mon casque qui suivant le plissement de mes muscle agrandit l'image de la zone que j'essayais de mieux apercevoir. Ce n'est jamais marrant de voir des civiles morts, mais les corps des victimes des armes bactériologiques..., personne ne devrait avoir à en voir un jour...

Mais c'était arrivé, comme la guerre, comme la destruction et les combats. C'était perdu d'avance? Personne dans le camp opposé n'en avait rien à faire, ça ne les regardait pas et nous ne pouvions que nous battre en attendant l'inéluctable fin. Il n'y avait eut aucune déclaration officielle de guerre et l'impératrice savait ne pas pouvoir pourparler avec un adversaire qui pense suivre les commandements de leur déesse. Une vision fataliste de la chose? Probablement, oui...

Mais ce n'était plus le temps de tergiverser, notre engin se posait en face du palais et les soldats débarquaient à ma suite, formant les groupes et se lançant à l'assaut du palais pour n'y trouver que le silence. Un silence de mort...

[Katherine Talkesh]

Devoir IV

Dans la coure intérieure seul les claquements des bottes blindées sur le dallage de marbre troublait le silence qui y régnait. Il n'y avait plus personne, pas âme qui vive qu'elles soient hostiles ou amicales. La nature avait déjà repris ses droits sur ce monde où elle était très résistante et gouvernée par l'arbre ancestral qui faisait partie intégrante du palais impérial de Terra.

Avec la technologie qui était à la disposition des Talkesh il n'était pas gênant de laisser la nature suivre son court tel avait été la volonté de la prophétesse A'hyè et du seigneur Méhodwor. Ce n'était pas le dallage qui aurait pu arrêter les racines de l'arbre monde de se développer, serait-ce seulement en moins de deux semaines. Le talkesh'a du palais était pourtant sous le contrôle total de la Première Talkesh, ce qui signifiait clairement que quelque chose n'allait pas et ce n'était pas bon signe. Surtout alors que le palais aurait du être occupé et les elfes ne s'étaient pas gênés, vu le nombre de cadavres qui jonchaient cette seule coure les combats pour le contrôle de ce lieu avaient du être extrêmement violents.

Alors le plus bizarre n'était pas que le palais n'était pas occupé mais qu'il n'y ait personne en vue où que ce soit. Je levais la main pour avoir l'attention des soldats présent et leur fis signe de pousser. Nous devions continuer notre opération quoi qu'il puisse s'être passé dans le palais avant notre venue. Je fis passer l'ordre par radio et suivais tranquillement les hommes qui avançaient prudemment, contrôlant chaque pièce, chaque accès. Il n'y avait rien sinon des cadavres et des structures défoncées par les ramifications de l'arbre. Enfin vînt l'annonce que j'attendais depuis le début, les hommes de têtes étaient tombés sur les gardes du palais. Si les défenseurs du palais étaient encore là je supposais que l'impératrice également. Sauf que rien n'aurait pu dissuader les drows de prendre le palais, vraiment rien et c'était évident. Les soldats qui étaient plus loin dans le palais n'avaient par contre pas précisé qu'il y avait un monceau de cadavre dans la coure circulaire avant le second cercle de la structure.

La structure du palais était assez simple en fin de compte avec une flèche centrale qui défiait les cieux, entourée d'un jardin et d'un premier bâtiment qui formait le premier cercle, un autre jardin séparait le premier du second. Les second et troisième étaient liés dans leurs structures supérieur alors que les galeries au dessous étaient inondée de lumière par les puits de lumière formés par les structures réfléchissantes des flèches d'ivoire du palais. La lumière était constamment amenée de l'extérieur et l'éclairage artificiel avait une faible importance sauf dans les salles isolées dans les bunkers de commandement.

A la suite des deux gardes à l'équipement abîmé nous suivîmes de nombreux couloirs avant d'atteindre enfin le coeur du palais, le premier cercle. Les systèmes de sécurité me permirent de passer les portes de l'ascenseur et je me retrouvais à descendre jusqu’aux plus profondes fondations du palais, là où prenait terre le premier des arbres talkesh'a à avoir poussé dans cette galaxie. Je savais plus ou moins ce que j'allais trouver sous les tonnes de béton de la structure, après tout il était plus que probable que l'impératrice s'y trouverait, les gardes n'avaient pas fait mystère de sa localisation. Par contre ils avaient été très avares de détails quand aux drows morts dès leur entrée dans le troisième cercle. Au fond du puits j'allais trouver des réponses, pas forcément agréables à entendre, mais des réponses tout de même.

[Katherine Talkesh]

Devoir V

Les gardes n'avaient pas belle mine et je comprenais facilement pourquoi. Ils avaient du lutter quasiment constamment contre les esclaves et prisonniers que les drows envoyaient en première ligne en tant que soldats. Le nombre suffirait amplement à faire tomber les défenses restantes à l'intérieur du palais alors que chaque drow qui passait l'enceinte était immédiatement éliminé sans que les soldats n'aient à intervenir. Le nombre des esclaves, même mal entraînés et équipés pourrait venir à bout des défenses et en serait venu à bout si nous étions arrivé ne serait-ce que deux jours plus tard. Si j'avais bien compris, l'arbre tuait tous ceux qui entraient mais la plupart des esclave-soldats n'étaient pas inquiétés. Comprenant l'avantage tant que l'inconvénient, les survivants de la garde s'étaient repliés sur le second cercle, laissant tout le loisir du massacre à l'arbre et se concentraient sur leur défense contre les hordes d'ennemis que les drows ne manquèrent pas d'envoyer une fois leur première stratégie avortée.

J'avais le temps de réfléchir calmement à ce qu'impliquait l'intervention du végétal, mais l'impératrice devait forcément être impliquée. Encore un de ses tours toujours aussi impressionnants. Mais je savais également que le moindre acte ayant recourt aux dons des Talkesh devait se payer par le sang et la vie et que par conséquent l'impératrice pouvait très bien être morte à l'heure qu'il est, ayant assuré un peu plus de temps aux gens coincés sur Terra après l'invasion. D'un point de vue tout à fait basique, le niveau de sécurité des civiles allait croitre avec la main mise du CS sur les anciens secteurs de la défunte FSU. Ca allait uniquement se faire au prix de leur liberté et de leur autodétermination. Ils allaient juste devenir des esclaves, comme toutes les races que les drows jugeaient inférieurs, c'est à dire presque toutes.

Le seul moyen d'y échapper était l'exile et ça notre Dame l'avait parfaitement saisit. Quand à comprendre et assumer les conséquences de tels ordres il y avait un monde et j'aurais du savoir que si l'impératrice suivait ses propres ordres elle perdrait la totalité des mémoires de sa lignée, que les pages de ces livres témoins d'une histoire oubliée et les cristaux mémoriels seraient très probablement détruits par les nobles des maisons drows. Ces livres parlaient de destiné, de choix divers et de croyances qui ne devaient probablement pas coller avec le crédo des elfes noirs et par conséquent tout ce trésor culturel serait détruit par les flammes, réduit au silence à jamais. C'est sur cette dernière pensée que l'ascenseur me libéra à l'étage souhaité.

Je dus traverser les salles où se trouvaient lesdits écrits, quelques uns avaient été posés à même le sol ouverts sur une page précise, un événement du passé de la lignée des Talkesh, une mémoire qui n'avait plus grand sens à mes yeux. Je ne fis que parcourir les quelques ouvrages laissés ouverts de-ci de-là et comprenais à présent où l'impératrice avait puisé la certitude que nous allions perdre ce conflit et qu'il n'y aurait plus de retour possible cette fois-ci. J'eus beaucoup plus de mal à saisir les propos tenus dans certains livres, mais ça n'avait rien de bien étonnant vu que dans certains ne se trouvaient que des pages blanches et pour les autres uniquement une suite de caractères et d'assemblement syntaxiques qui n'avait de sens à mes yeux. La seule constante était le blason que tous les soldats et officiels de l’Empire de Cristal portaient sur eux. Un lien probable avec leur don, mais rien qui m’aidait à trouver l’impératrice en l’occurrence. Je continuais donc ma route.

Les portes s’ouvraient sur mon passage et me guidaient au travers de l’immense complexe de bibliothèques plus ou moins indépendantes quand à leur contenu, il y avait même dans l’une d’entre elle huit ouvrages qui parlaient des coutumes ayant court dans la société des drows, tous signés de la main de la grande prophétesse de Terra, A’hyè et tous présentés en demi cercle autour d’un promontoire où était gravée l’araignée, symbole de Lolth déesse des drows. L’enfant du vent disaient les anciens lorsqu’ils parlaient d’A’hyè, celle qui avait uni les tribus barbares de Terra et les avait mené à un âge d’or avant l’arrivée de Méhodwor et de ses exilés. Une vieille histoire pleine de poésie et de légendes, l’une d’elle soutenait l’origine elfique de la mère de Kahr A’hyè. Ca pouvait se tenir si l’on prenait en compte que jeune A’hyè était venue des étoiles dans une simple capsule de survie et qu’elle avait poursuivit son oeuvre durant plus de deux siècles avant de suivre son compagnon dans la tombe.

Personne ne pouvait passer par là sans voir le promontoire et être attiré par les livres qui s’y trouvaient. Il y avait quelque chose d’hypnotique dans la disposition même des ouvrages et de leur support de fer forgé. Tout donnait l’impression que quelqu’un se trouvait là quelques heures plus tôt et pourtant il n’y avait pas âme qui vive dans ces salles. J’avais même l’horrible sentiment d’être observé continuellement le long de ma progression. Je me ressaisis et me secouais un peu pour chasser cette impression avant de me remettre en marche le long du chemin que l’on dégageait de tout obstacle pour moi. Dans les salles suivantes il y avait également un nombre impressionnant de cristaux mémoriels soigneusement placés sur des bornes informatiques et il suffisait de regarder les tapisseries à l’arrière plan pour comprendre à quoi étaient destinés les supports de stockage. Toute une collection d’histoires d’empires tout aussi variés, tous ceux dont Méhodwor ou sa fille avaient pu avoir connaissance à un moment ou un autre je supposais. Je ne m’arrêtais pourtant pas un instant, ça n’avait pas grande importance et l’histoire serait écrite par le vainqueur à la fin du conflit et personne n’ignorait qui serait vainqueur. Ma patience fut finalement mise à rude épreuve alors que je traversais une autre salle remplie d’une histoire qui n’avait pas d’importance en ce moment ! Tous ces ouvrages, toutes ces connaissances et tous ces témoignages ne changeraient rien ni au présent ni au futur et ça ne m’aidais pas à me concentrer sur l’essentiel qu’étais notre impératrice. Sans elle, les exilés allaient partir au quatre vent et se fondre dans d’autres peuplades pour un temps avant d’en absorber les coutumes et légendes et de disparaitre en tant que peuple. Ca ne demanderait probablement qu’une ou deux générations. J’allais crier pour manifester ma rage et m’en libérer ne serait-ce qu’un peu lorsqu’enfin l’atmosphère changea. Je pénétrai dans une immense salle circulaire au centre de laquelle poussait un arbre à cristaux, un talkesh’a, un vrai !

Au sol, brillait le symbole des Talkesh, le même que pour le blason de l’armée, le même que celui que je portais sur mon armure. Lorsque je pénétrais dans l’immense gravure le mien entra en résonnance, mais ce n’était pas nouveau, le même phénomène se voyait à chaque fois qu’un descendant des Talkesh était proche. L’impératrice devait être là, enfin !

Enfin, devait c’était bien le mot, elle n’était visible nulle part dans ce jardin intérieur avec pour seul obstacle à ma vue l’arbre dont je fis rapidement le tour afin de pouvoir parcourir la totalité de la pièce du regard. Tout ce que je voyais c’était quelques marques de sang séché au sol le long du trajet qu’avait du emprunter l’impératrice. Je parcourais alors par dépit l’écorce de l’arbre qui s’élançait vers un ciel qu’il ne voyait qu’au sommet de l’immense flèche du palais. C’était soit une piste qui n’avait jamais mené à rien, soit j’étais arrivé trop tard ce qui ne changeais toujours rien à mon problème. Je m’apprêtais à repartir lorsqu’un choc sur le dos de ma main m’indiquait que je rêvassais beaucoup trop. Il n’était plus temps de rêver, il fallait trouver un moyen de quitter le tombeau qu’était devenu Terra à présent. Je baissais vivement le regard alors que je prenais peu à peu conscience qu’il ne s’agissait pas vraiment d’un choc accidentel.

Je dus vérifier que ma réserve de stim n’était pas complètement vide avant de croire ce que j’avais devant les yeux. Une main sortait littéralement du tronc et s’agrippait à mon gantelet avec une force que je pensais propre à briser le blindage de céramique de mon armure. La main m’attira vers l’arbre et j’eus la présence d’esprit de camper sur mes positions alors qu’une forme de plus en plus humaine s’extirpait de l’arbre petit à petit. Enfin je reconnus le visage de la Première Talkesh et je l’aidais à sortir entièrement du carcan végétal.

-Pfiou ! Vraiment intéressant !

Elle venait de sortir d’un arbre et sa seule réaction fut de sourire tout en regardant d’où elle était apparue et de prononcer ces quelques mots. Comme quoi il était indéniable qu’elle évoluait dans un univers dont les lois devaient être foncièrement différentes de celles du mien. Un arbre restait un arbre, il n’allait pas se mettre à pondre des impératrices à tout bout de champ ! Enfin…, normalement. Elle se tourna vers moi après quelques secondes et son sourire s’évapora.

-Allons Cirik, je n’ai pas toute la journée et j’ai besoin d’un rapport concis sur ce qu’il se passe en surface.
-Nos troupes sont en train de mettre le souk dans la capitale afin de permettre à deux bataillions de reprendre possession des centrales d’alimentation principales du palais. Les centrales étaient déjà en fonction et il semblerait qu’il ne faille que quelques réajustements pour terminer et stabiliser la reconfiguration du réseau jusqu’ici.
-Trois ? Ca va être vraiment à la limite des possibilités de la structure vous savez ? Oui, bien évidemment, vous comptez certainement là-dessus en prime et pourquoi pas ! Faire partir en poussière la totalité de cette réalisation ne sera pas non plus une mauvaise chose; que l’histoire aille se perdre dans les limbes de l’ignorance galactique, ça n’a vraiment aucune importance ! Annek !

S’en fut finit de la discussion et la chape d’ombre qui s’abattit sur la grande salle, anéantissant jusqu’à la plus petite lueur dans la salle, laissait présager de la suite des événements. Les ombres dansaient autour du corps de l’impératrice, la drapant peu à peu d’une armure à l’éclat menaçant. Il ne lui fallut que quelques enjambées pour arriver jusqu’au panneau de contrôle qu’elle démasqua afin d’y entrer les commandes d’un protocole vieux de moins de quatre cycles créé uniquement dans l’optique de cette extrémité du conflit. Elle rejoint ensuite d’autres console et activa d’autres processus qui devaient certainement avoir un rapport avec toute la machinerie qu’il allait falloir mettre en branle pour rendre opérationnel le grand dématérialiseur de Terra.

-Général Hallor ! Pas le temps de rêver, on s’en va !

Je passais la porte avant elle, le sourire aux lèvres. Hors de question de la lâcher d’une semelle cette fois-ci…

[Katherine Talkesh]

Aurore I

Sur Terra la situation avait très rapidement évoluée. La première nuit après l’intervention de l’impératrice une activité militaire intense avait été déployée dans toute la cité. Les militaires réveillaient les civiles qui avaient de la famille dans les petites agglomérations des autres continents et les transports tant militaires que les véhicules civils furent mis à contribution pour permettre l’évacuation d’un maximum de gens du continent principal. S’il était une certitude, c’est que tous les gens qui allaient survivre aux massacres deviendraient les esclaves du Corpus Sanguinata. Mais il y avait beaucoup à parier que si les moyens de production seraient tous détournés, le système de fonctionnement actuel bien rôdé avait bien des chances de perdurer. En attendant, le continent principal recevrait tout un éventail de frappes orbitales allant des simples projectiles aux armes biologiques et chimiques.

Quand à moi ? Ils ont également essayé de me faire évacuer et tout ce qu’ils ont trouvé chez moi était un soldat portant l’armure des élites et les symboles donnés pour service rendu. Mon coéquipier avait été rappelé pour servir, pas moi. Je devinais aisément la raison et les soldats qui étaient entrés dans mon appartement n’avaient pas attendu longtemps avant de m’emmener jusqu’au dépôt le plus proche et me procurer tout l’équipement que je voulais. Ils le firent avec le sourire et ne posèrent pas la moindre question. J’avais quand même quelques légendes à mon actif après tout.

Le responsable du magasin fit la moue en voyant le matériel que nous emportions, je l’admets, il y avait suffisamment de munitions et de nourriture pour une section pendant cinq cycles de combat acharné. Enfin, selon ses dires, il y avait beaucoup trop de matériel et tellement peu de soldats d’active qui allaient rester sur le continent principal. Un détachement principal avait pour objectif d’assurer la sécurité de l’impératrice et le reste avait été envoyé sur les autres continents afin d’assurer le service d’ordre et de continuer d’imposer la loi martiale tant que le gouvernement serait là. Comme le blocus débutait un cycle plus tard, l’ordre leur parvînt de ne pas opposer de résistance aux troupes elfes dans la mesure où ils respecteraient les droits élémentaires de la population. Ils ne portaient pour se faire aucune arme létale, ce qui expliquait l’abondance de matériel qui se trouvait dans les dépôts et donc celui-ci également.

Nous partîmes donc pour la périphérie de la cité afin de rejoindre les alentours de l’astroport. Les soldats devaient rejoindre leur navette et aller rapporter ce qu’avait donné leur mission à l’officier qui la leur avait confiée. Ils me déposèrent sur le chemin près des anciens abris qui avaient servis durant la seconde guerre chaotique afin de dissimuler matériel, armements et hommes avant que les opérations de reprise de E6 ne commencent. Ils me confièrent les codes de sécurité des portes et m’aidèrent à déposer tout le matériel en sous-sol avant de saluer et de remonter à bord de l’hovercraft.

-Eh ! Vous pouvez transmettre un message pour moi ?
-Bien sûr ! Répondirent-ils en cœur, cette mission les faisait bien marrer après tout.
-Vous pourrez dire à Cirik que j’ai le regret de décliner mais que d’autres culs que le sien m’appellent ?
-Sans problème madame !
-Portez-vous bien !
-Vous aussi…

J’entends encore leurs éclats de rire alors qu’ils s’éloignaient vers les structures de l’astroport pour rejoindre mon ancien partenaire de tuerie et nouveau compagnon. A l’époque je lui en voulais d’avoir accepté de retourner au service alors que j’avais du partir définitivement. Maintenant ? Je regarde un couché de soleil sur les ruines de l’astroport. J’avais suivis le développement du conflit sur les différents scanners satcom qui se trouvaient dans l’abri. Nexus (*1) me fournissait avec toute son amabilité habituelle les informations qui me seraient utiles. J’assistais donc quasiment en direct aux massacres bactériologiques, à la débâcle des troupes-esclave de l’infanterie du CS avant d’assister impuissante à la destruction quasi systématique de la capitale par des bombardements orbitaux et à la destruction de dizaines de millier de tanks stern dans les rues encombrées de décombres de la capitale. Lorsqu’enfin tout fut finit, les défenseurs étaient à bout et l’annonce d’une deuxième vague vînt accomplir son effet sur le moral des troupes. Il n’y avait plus aucun espoir de résistance et toutes les troupes restantes se déployèrent au sein du palais pour y défendre l’impératrice.

C’était le cycle 277 et la fin de la capitale de l’EC en tant que telle. Terra resterait un symbole, mais dans les idées et les mémoires à présent. Les millions de tonnes d’acier, de composite et les millions de litres de carburant en feu qui étaient tombés avec une lenteur irréelle vers le sol alors qu’aucun son ne me parvenait avait été la signature de cette conclusion. Je rentrais à nouveau dans le bunker et la porte se ferma alors que l’onde de pression de la collision et des explosions secouait l’air à l’extérieur.

Tandis que dehors la tempête provoquée par le sabordage des installations stratégiques importantes faisait rage, je m’équipais lentement de mon armure, remplissais mes poches de munitions et de rations avant de vérifier l’état général de la combinaison et d’y fixer la cape de camouflage infrarouge. Enfin vînt le tour de l’arme que j’avais «empruntée» dans le dépôt maintenant détruit. J’alimentais la chambre en faisant jouer la culasse et écoutais le léger bourdonnement du système d’ajustage biométrique qui se callait sur ma signature mentale, cette arme c’était la mienne et j’étais devenue sienne, définitivement. Je rabattais la capuche, activais les systèmes de défense passifs et le lien satcom indétectable de ma combinaison avant de sortir à l’extérieur où un vent plus supportable sévissait à présent, Nexus me confirma qu’elle suivrait ma progression et me guiderait au mieux. La porte blindée se referma derrière moi et je m’élançai en direction des ruines de la cité. La moisson d’âmes pouvait commencer…

(*1)Nexus : c.f. fin du sujet "Eden Elegy" sur l'holoforum, si données disponnibles

Dernière édition par Katherine Talkesh le Mar 18 Mai 2010, 00:04; édité 1 fois

[Katherine Talkesh]

Aurore II

Il pleuvait, deux jours de pluie continue et jamais je n’avais vu le soleil prendre cette teinte ocre pendant autant de temps. Il pleuvait, oui, mais une pluie tranquille, douce et langoureuse, une valse de cendre qui tombait lentement des cieux. Et j’accompagnais cette danse en esquissant esquives et acrobaties alors que je m’élançais de plus en plus vite au travers de ce brouillard artificiel. C’était une vision tragique qui pourtant me procurais une paix que jamais je n’aurais cru pouvoir retrouver depuis que Cirik avait faillit laisser sa vie sur un champ de bataille anonyme contre de vulgaires criminels.

Les cendres tombaient et tapissaient le sol et l’air d’une lourde couverture de silence. Je courais et pourtant il n’y avait pas d’autres bruits que ceux de ma respiration haletante et de l’impact mat de mes bottes sur le sol. Le fusil pesait lourdement sur mes bras endoloris par les chocs répétés dus à la course et je sentais la brûlure permanente de la fatigue le long de mes jambes, mais pour rien au monde je ne me serais arrêtée, il me fallait continuer, profiter de ces instants de paix et de silence tant que je le pouvais avant qu’enfin je n’atteigne la cité et que la poudre et les lames ne parlent. Telle une ombre dans la forêt je continuais inlassablement ma progression vers les ombres de la cité, vers les cadavres et les machines mutilées. Je courus encore toute la nuit, laissant la faible lumière qui me parvenait des deux lunes au travers du nuage de cendre et de poussière faire profiter à mes Intensificateurs de Lumière Résiduelle du peux de lumière dont ils avaient besoin pour me restituer une image digne d’une belle journée ensoleillée. Au matin j’atteins enfin les premiers bâtiments et fut à nouveau surprise par la beauté des constructions de l’Empire de Cristal alors qu’elles s’étalaient à l’état de ruines face à moi.

L’harmonie brisée d’une citée construite et pensée à partir de rien m’avait toujours étonnée, mais plus que tout, c’était l’apparente symbiose entre le monde végétal et minéral qui s’imposait en ce lieu. Il était cependant hors de question de rester assis toute une journée à contempler la beauté des lignes brisées sous une pluie de cendre. C’était une image parfaite pour un jour tel que celui là, une journée parfaite pour une chute inévitable et moi je m’enfonçais dans le labyrinthe défoncé qu’était devenue Séléné sous l’ombre des cendres de Tanis. Je m’enfonçais toujours plus et finit par entendre les échos de combats en cour à quelques kilomètres. C’était parfait, je ne serais probablement pas loin des combats le soir même et hors de question d’être fatiguée cette nuit, pas pour ma première nuit de chasse.

Sous le nuage de cendre il faisait une chaleur étouffante, mais la cape thermique me protégea des cendres chaudes tant que je dormais cet après-midi là. Il me fallait absolument accumuler un maximum de repos avant de sonner le début de la chasse et je dormais donc, bercée par les rafales d’armes automatiques et les quelques coups de feu sporadiques que l’on entendait de ci de là dans les rues de Séléné. Je dormais comme une masse après quelques minutes d’écoute et ne me réveillais que bien plus tard alors que le soleil était déjà couché depuis bien longtemps.

-Une deuxième vague d’attaquant est en train de progresser depuis l’ouest de Séléné, la chute du port de Tanis empêche toute progression rapide et leur commandant à donc abandonné l’idée.
-Nexus ?
-Qui d’autre ? Cependant mes informations ne seront que fragmentaires tant que je n’aurais pas piraté les communications drows.
-Avec l’un de leurs équipements ?
-Ca me faciliterait la tâche, oui.
-Donnes moi des emplacements où nos hommes ont combattu des drows lors du premier assaut.
-Je les transmets…, bonne chasse.
-Pas ce soir Nexus, ce soir on se cherche un cor…

Je me levais et contemplais ce qu’il restait de Séléné, l’éclat des deux lunes était magnifique dans le ciel couvert, comme d’habitude pourrais-je presque dire. C’est donc dans un éclat de rire solitaire que je commençais à me déplacer vers les zones de combat que j’avais jugées susceptibles d’abriter les cadavres d’hommes suffisamment important pour le CS et leur opération pour qu’ils soient équipés d’une communication montante. Je me mis donc à faire le travail d’un charognard, dépouillant les cadavres que je trouvais de tout le matériel qui pourrait nous être utile, à moi ou à Nexus. Il y eut deux choses qui me sautèrent immédiatement aux yeux, la première était que les drows ne manquaient pas d’esclaves et qu’eux-mêmes semblaient rechigner à descendre au sol, la seconde, c’était que même le plus pathétique des esclaves soldats, pour le moins qu’il fût drow, portait des lames dignes des meilleur artisans de l’EC. Ce qui m’indiquait sans trop m’avancer que si je tombait même sur un nobliau, j’avais de grande chance de pouvoir le dépouiller d’une arme d’exception.

Les premiers objets que je ramassais furent deux besaces que je pris à deux corps impossibles à identifier, des civiles probablement. Les sacs de tissus me permirent d’amasser un petit arsenal de couteaux de lancé et quelques dagues que je jugeais de valeur. Je pris également toutes les munitions que je trouvais sur les cadavres de mes camarades ainsi qu’une réserve non négligeable d’explosifs de démolition qui se trouvaient dans un sac à dos que j’emportais directement avec moi. Ce ne fut qu’après plusieurs heures de fouille intensive et deux allers-retours jusqu’à mon nid d’observation que je tombais enfin sur le cadavre que je désirais le plus trouver. Nexus sauta de joie lorsque je me couchais après avoir réussit à brancher l’appareille sur mon réseau de communication. Le soleil se levait à nouveau sur les ruines et les cendres ne tombaient plus drues. Encore une petite semaine et peut être pourrais-je revoir le ciel à nouveau. C’est sur la pensée de la chaleur du soleil me caressant la peau que je m’endormis afin de prendre un repos plus que mérité. Ce soir, le cor serait près et il ne me restera plus qu’à entonner un chant de chasse approprié et une prière pour les âmes que j’allais renvoyer dans le giron de Lolth. Un sourire se dessina sur mon visage sans que j’en ai vraiment conscience alors que je plongeais dans l’oubli salvateur du sommeil.