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Nouvelle Ere.

 
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Ebola
je sais pas mais ca cause beaucoup


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 MessagePosté le: Mar 07 Déc 2010, 01:08    Sujet du message: Nouvelle Ere. Répondre en citant Back to top

La foule applaudit poliment lorsque le rhéteur se dirigea vers le micro pour prendre la parole. Tous le monde savait ce qu'il allait dire, et le major Ebola plus que quiconque: il avait écrit chaque ligne, chaque mot, en en dictant le ton, du discours qui était sur le point d’être prononcé.

Le major fit mine de rester impassible, simulant même un léger ennuie, les paupières de ces yeux géants de Jagon mis closes. La fiole de pisse de Yak était confortablement logé au chaud sous son uniforme des grandes occasions. Pourtant, il n'avait jamais été aussi fébrile de sa vie, si ce n'est peut-être le jour ou il se retrouva pris par la fièvre révolutionnaire.

Le vieille homme au micro rehaussa ses lunettes, tapota l'holo-micro, puis toussota légèrement et prit la parole. Le major l'avait choisit pour son grand age et la réputation de sagesse et d'expérience qu'on lui attribuait, lui qui n'était qu'un des nombreux pantins involontaires dans la manche d'Ebola. En hochant imperceptiblement la tète, il se prit à réciter intérieurement les paroles que commençait à prononcer le vieux rhéteur:
« Peuple de la République Révolutionnaire Unie Socialiste, camarade capitaine Baal, camarade commissaire général des Peuples Unis des Territoires Extérieurs Socialistes, camarade major Ebola et secrétaire général du Comité Central de Coordination Populaire, camarades seigneurs impériaux, éminents membres du Comité de Coordination Impérial Temporaire, éminents membres du C.C.C.P de la R.R.U.S, camarades du Parti Impérial Révolutionnaire Unie Socialiste, bienvenus. Bien que nous nous trouvions en des temps bien douloureux, aujourd'hui est un grand jour pour la R.R.U.S comme pour l'Empire... »
« Parfait, parfait, se dit le major. L'heure de gloire de la révolution, enfin! », et son cœur se mit à battre un peu plus vite, car en son fort intérieur, il ne pouvait se mentir. Plutôt que celle de la révolution, c'était son heure de gloire à lui qui sonnait enfin.


Son heure, cela faisait longtemps que le major l'attendait, avec la fébrilité d'un petit garçon impatient devant un fruit trop ardemment désiré. Elle était enfin venue, après des cycles et des cycles d'un patient travail de sape, de revirements inopportuns, de reculades, de coups de chances inespérés et parfois d'un violent frisson de peur, oui, de peur, lorsqu'il s'était trouvé plus d'une fois sur le point d’être découvert. Mais la révolution exige tous les sacrifices, se rassurait-il. Et de fait, aucun chemin vers le pouvoir ne peut faire l'économie de l'art consommé d'éliminer ses rivaux, de façon plus ou moins violente.

Ebola l'avait appris un jour ou le colonel Arkeod l'avait contacté abruptement sur l'holo-réseau, dangereusement décidé, et lui avait déclaré: « Cerberus déraille complètement, capitaine Ebola. J'ai décidé d'agir, vous êtes avec moi? » Lui qui n'en était encore qu'a ses premiers pas dans le cosmos et son monde d'intrigues et de guerres, encore impressionné d'avoir put intégrer sa toute jeune R.R.U.S au sein d'une puissante alliance galactique, ce naïf et fringuant capitaine Ebola, accepta. Et il compris que ce à quoi il venait d'assister était un coup d'état. Quand-bien même ce coup était justifié. Il pensait jusqu'alors que le cosmos était le domaine de puissances nobles, débarrassées des bassesses planétaires, locales et arriérés. Il imaginait ses états cosmiques comme des forces effrayantes, tant elles étaient pleines d'une sagesse prompte à percer ses propres manigances de dictateur de pacotille. Mais finalement le cosmos n'était rien d'autre qu'une réédition, à bien plus grande échelle, de ce qu'était son monde natif, avec toutes les saloperies auxquelles il avait toujours assisté, et auxquelles il avait participé plus qu'à son tour. Il compris alors que dans cette galaxie, il serait comme un poisson dans l'eau.


Mais l'ambition d'un pouvoir cosmique suprême n'avait pas encore commencé à le tourmenter. Pas si tôt. Il se contentait encore de faire de son mieux pour l'Empire. Le temps et la frustration changèrent tout cela, et lorsqu'il s'aperçut qu'il était devenu amère, il s'était déjà trop engagé sur une voix sans retour, faite de petites trahisons et d'infidélités voilées, de cachoteries qui pourraient se révéler utiles un jour, qui sait. Il n'avait plus qu'à obéir au murmure brulant que son impérieuse ambition lui dictait. Et il se rassurait encore: la révolution exige tout les sacrifices.
Tout cela parce que les choses n'avançaient pas.

Arkeod était devenu chef de l'Empire et, sans supérieur, n'avait personne pour le nommer au grade suprême: Amiral. Étant réduit à la position d’éternel colonel, celui-ci priva de même ses alliés de toute promotion, tant un Empire à plusieurs tètes aurait été ingérable. Un Empire de colonels n’ayant personne à qui obéir, et personne à qui commander. Prendre des galons dans une telle situation aurait été absurde, le major le savait. Il le savait, l’approuvait, mais ne pouvait étouffer éternellement sa frustration, alors même qu'il eu accès très rapidement aux plus hauts postes de responsabilités de l'Empire grâce à sa position privilégié de diplomate impérial. Une frustration qui se changerai en rancœur.


L’occasion qui fit le larron apparue lors de la dernière guerre livré par l'Empire, contre la Corpus Sanguinata et leur servile Junko Jull. Dés la trahison de l'opportuniste Junko Jull, tous le monde comprit, l'Empire, la F.S.U, et leurs alliés, que la guerre était irrémédiablement perdue. L'appel d'une révolte bouillonnante commença à courir dans les veines du jagon. Surtout lorsque les alliés tombaient les uns après les autres, défaite après défaite, inéluctablement. Et lorsqu'il vit que son mécontentement était partagé, et même encore plus difficilement vécu par le major Gregotep, la compréhension se fit. Le mécontentement, c'était le début de la voie de la dissociation. Et Gregotep, dans une encore éventuelle marche vers le pouvoir, était son principal adversaire. Ils avaient intégrés l'Empire en même temps, engrangés les mêmes gallons aux mêmes moments, et tous deux étaient aussi farouchement engagés pour l'Empire et ses idéaux. Mais Ebola pensait que le major Gregotep était plus utile que lui pour l'Empire. En tant que chef des relations commerciales, il était au cœur de sa machine de guerre, contrôlait tous les flux, et semblait assumer avec aisances ses responsabilités, quand Ebola se sentait si souvent dépassé par les siennes. Il le voyait comme un potentiel leader tout trouvé, appelé à remplacer Arkeod un jour, légitimement imposé par l'évidence de son efficacité.

Et alors Ebola entrepris de nourrir la frustration de son rival imaginaire Gregotep, en espérant que cela ne le mènerai pas vers la voix que lui-même s'était choisit, c'est à dire la prise du pouvoir impérial. Mais Ebola était convaincu, et ses nombreux agents infiltrés s'attachaient à le lui confirmer, que Gregotep respectait trop Arkeod pour en arriver là. Ainsi, lorsqu’à plusieurs reprises le major Gregotep, presque seul dans un secteur enflammé par la guerre, réclamait des renforts, ils lui étaient promis. Mais de biens malencontreux problèmes techniques, des détails, ou des revirements stratégiques impromptus, les empêchaient parfois d'arriver, ou en tout cas jamais à temps. Ainsi, le major Gregotep se sentait de plus en plus esseulé, voir abandonné sur le front. Son misérable plan fonctionna si bien que le Major Gregotep entama ses propres discussions séparés avec l'ennemi, et quitta l'Empire et la guerre avec perte et fracas. Les fronts d'E4 et d'E5 achevèrent de s'effondrer, mettant en danger toute l'alliance. Une trahison que le major Ebola n'accepta jamais, incapable qu'il était de regarder en face la sienne propre. Mais tout cela, c'était la révolution qui l'exigeait. Il agissait pour la libération des peuples, et cela devenait de plus en plus comme une incantation.


Pendant ce temps, Ebola le diplomate menait des négociations officielles d'armistice avec la C.S, mandaté par l'Alliance, qu'il faisait trainer en longueur, formulant des exigences que les évènements avaient déjà rendues obsolètes. Des négociations ou il était poussé parfois à une quasi obséquiosité qu'il comprenait mal et qui l'effrayait lui-même. Comment peut-on si bien s'entendre avec son ennemi? « Attention, s'entendre ne signifie pas s’apprécier! » se rassurait-il. Mais les faits étaient bien là pourtant, et sa conscience le lui hurlait: « tu trahis ton propre camp! » Il le trahissait à sa révolution, ou à sa propre ambition, il ne savait plus très bien. Mais lui-même était la révolution, de toute façon, alors cela revient au même tentait-il de se convaincre. Ebola s'était résolu à aider l'Empire à perdre. Lorsque la paix fut signé, elle était déjà vidée de tout son sens.

Il feignait dans le même temps la sérénité face à la disparition de la Messagère de Cristal, dont il espérais secrètement qu'elle fut définitive. Le major voyait ces centaines de milliers de réfugiés débarquer, toujours plus innombrables, cycle après cycle, avec à leur tète ce commandant au regard brillant d'une flamme farouche, décidé et inébranlable. Il avait souhaité le rencontrer personnellement pour tenter de jauger secrètement à quel point cet homme et son peuple pouvaient constituer un nouveau pouvoir au sein de l'Empire, s'ils décidaient de le rejoindre. Une nouvelle voix qui aurait assurément rendu la sienne atone, impuissante, et qui lui aurait fermé la route du pouvoir. Il accusa le coup lorsqu’elle ressurgit, comme par miracle, conformément à la prédiction qu'il avait lui-même faite sans y croire, comme on prédit la victoire aux hommes dont on veux remonter le moral. Il voyait tout ses plans ruinés, car la Messagère si elle l'avait voulue, aurait aisément pris place aux cotés du colonel aux commandes de l'Empire, remplaçant en quelque sorte la princesse Elenia. Il avait même tremblé de peur à l'idée que s'il la revoyait, elle lui ferait subir un de ces tours de passe-passe de voyante de fêtes foraines, mettant à nue tous les plans et la frustration qu'il nourrissait alors. Il s'imaginait nue comme un asticot devant ses pouvoirs inexplicables.

Mais la chance fut avec lui. La Messagère de Cristal repris ses vaisseaux et son peuple, trop fière, pour les emmener sur des routes de nomades, probablement jusqu'à leurs disparition totale. « Tant mieux, qu'elle prenne ses cliques et ses claques, tout son bordel de sauvage, ses superstitions et ses tours de prestidigitatrice, et qu'elle aille se perdre avec tout ça au fin-fond du cosmos. Elle représente un danger pour la marche révolutionnaire » se dit le major, soulagé.

Il espérait en parallèle que cette tonitruante défaite ferait souffler un cœur de mécontentements si fort que le trop charismatique colonel Arkeod lui-même s'en trouverait critiqué, discrédité, et finalement fragilisé au point qu'un nouveau leader, qui se trouverait être lui-même bien sur, pourrait opportunément l'évincer d'une pichenette, comme le vent fait tomber une fruit trop mur. Mais il s'était lourdement trompé sur le compte du chef de l'Empire, dont il ne pouvait aussi facilement entraver les décisions et la combativité. En tout cas pas aussi facilement qu'il l'avait fait pour Gregotep. Ainsi en avait-il été de la prise héroïque de la capitale G.D.C., de la défense du secteur mère impérial, de l'évacuation des flottes de réfugiés de l'Empire de Cristal, et de quelques contre-attaques vaines mais cruciales pour l'unité des alliés. Et tout le contraire s'était alors produit: la guerre avait grandi le Colonel, et l'avait rendu d'autant plus charismatique, indéboulonnable. L'Empire, finalement, ne se sortait pas trop mal de cette guerre, évitant la déconfiture, et était beaucoup moins touché que ses alliés.

Ebola, bien que soulagé par des conditions de paix supportables, s'était trop sali pas ses manigances. Il pensa, bien sur, que la paix revenu, toutes les dégueulasseries qu'il avait commises n'étaient plus nécessaires, que la révolution n'était plus en danger, qu’avec la paix revenait les principes d’honneur et de loyauté. Mais le ver était déjà depuis trop longtemps dans le fruit, et l'angoisse le pris, celle d’être un jour finalement découvert, au hasard d'une enquête sur les causes de la défaite par exemple, ou des aveux involontaires d'un témoin oublié sur le chemin des innombrables tromperies et des mensonges. Alors il commença à vouloir effacer ses traces. Mais très vite l'opération de nettoyage tourna à la purge politique à grande échelle, aux procès truqués et aux éliminations plus ou moins discrètes. C'est presque involontairement que son travail d'effacement des mémoires gênantes le remit sur la voie acharnée du pouvoir suprême, car après tout, il ne serait jamais aussi sur d’être à l’abri qu'une fois à la tète de l'Empire, tout contradicteur potentiel écarté. Alors, le prétexte de sa trouille de petit enfant sur le point d’être pris la main dans le pot de confiture, le museau barbouillé, ne parvenait plus à lui voiler le véritable moteur de ses actes ignobles: un orgueil démesuré qu'il n'avait pas su étouffer depuis qu'il avait entrevu la possibilité d’être chef. Et il adopta cette fois une véritable stratégie pour la conquête de ce pouvoir alléchant, toute différente de celle qu'il avait déjà mené sur sa planète natale, mais tout aussi excitante. Et tout cela, bien entendu, n'était que pour la révolution.


Le major Gregotep parti de lui-même, le principal obstacle qui restait à Ebola, mais néanmoins de taille, était ce colonel auréolé du prestige d'une défaite trop honorable. Il projetait une ombre de laquelle Ebola sentait bien qu'il ne sortirait jamais par des moyens nobles, tel que faire preuve de valeur au combat par exemple, tant il serait sans cesse dépassé d'une tète par le colonel éternel. Pas plus que par une fidélité dument récompensé, tant Ebola n'était fidèle qu'a sa révolution, à rien d'autre, en tout cas surtout pas à son propre orgueil!

Surtout, Ebola comprenait qu'il était un de ses chefs condamné à ne se faire obéir que par la terreur qu'il parvient à enraciner dans le cœur de ceux qu'il tient dans sa poigne, et certainement pas par le respect qu'il inspire. Il fallait donc à tout prix qu'il élimine ce représentant perpétuel de son propre échec à devenir un chef aimé, et qui le renvoyait à sa propre honte de manipulateur frustré, de major qui voulait mesquinement devenir colonel à la place du colonel. Mais tout cela, c'était pour la révolution, et il n'existait pas de prix trop lourd à payer pour la sauver. Sa propre personne était même insignifiante face à cet objectif suprême... Parfois, il y croyait presque sincèrement.

Le seul impérial chez qui Ebola percevait le même sens de l'honneur était le capitaine Baal. Mais c'était justement là sa faiblesse: trop honorable, trop droit, trop valeureux pour se lancer dans dés pratiques obscures. Il s'était battu trop farouchement pendant la guerre pour ne pas pouvoir convaincre de son adhésion sans faille aux valeurs impériales. Il aimait la justice et se battait pour elle. A son sens, la C.S avait agit de façon injuste et cela suffisait à ce qu'il se lance à corps perdu dans cette lutte. Baal était du genre à faire parti du dernier carré des fidèles de l'Empire. Mais il avait rejoint l'Empire plus tard qu'Ebola, ce qui lui interdisait l’accès au commandement suprême avant son supérieur militaire, réduisant d'autant le risque de ce coté là. Il ne fut pas pour autant négligé par le major dans ses menés pour s'emparer du pouvoir impérial, car il aurait put être un obstacle décisif pour lui.


La guerre finie, l'Empire s'engagea sur la voie de la reconstruction. Les perdants, apathiques, se dispersèrent, l'Alliance n'ayant plus de sens. Peu rejoignirent l'Empire. Un moment intense venait d’être vécu, les choses retournaient à présent au calme, au quotidien, presque aux habitudes. Le major Ebola, une fois de plus, décida de se contenter de donner un coup de pouce au destin, histoire de le rendre inévitable. Que tout soit calme, jusqu'à l'ennui des profondeurs. Il entrepris de soigneusement, discrètement, et progressivement, couper le colonel de l'Empire. Il introduisit ses propres agents dans l'entourage du colonel, qui s’arrangèrent pour intercepter des communications trop inhabituelles, éliminer discrètement des gêneurs un peu trop impétueux, et étouffer les voix des innombrables blanc-becs aux plans ambitieux pour l'Empire. Il lui envoya des femmes et des plaisirs innombrables pour endormir sa vigilance, son empire se reconstruisant de lui-même, insouciant. Le major Ebola fit le nécessaire afin de rendre catastrophique la gestion de l'Empire par Arkeod, croyant de plus en plus à son propre mensonge: Arkeod était devenu inapte à assumer son rôle de dririgeant. Et de fait, les choses se dégradaient, à mesure que le chef charismatique de l'Empire s'enfonçait dans une léthargie de plus en plus inconvenante, qui passait pour de l'inconscience; et dans un silence de plus en plus assourdissant, qui passait pour du mépris. Les chaines décisionnels furent fortement perturbés au sein des territoires même du colonel Arkeod: un faux rapport par ci, montrant que tout va bien quand tout brule, un faux rapport par là, portant la mention « rien à signaler » là ou tout se jouait, etc. Les manœuvres étaient innombrables et toujours plus originales. Les relations diplomatiques étaient tombés au point mort, et les créanciers de cet Empire endetté par la guerre, hurlaient d'un cœur de plus en plus assourdissant, impatients et frustrés des sommes astronomiques qui leurs étaient dues.

Tout cela ressemblait à un crépuscule morbide, comme si l'Empire avait subit un coup trop dur dans sa guerre contre la C.S pour pouvoir se relever. Ceux qui veulent du mal aux autres sont froids, déterminés, et surtout patients. Ebola pouvait être tout cela s'il le fallait.

Dans le même temps, le major en profita pour se rapprocher du capitaine Baal, qui trouvait lui-même le silence insistant d'Arkeod de plus en plus préoccupant. Il pensait que les choses devaient bouger au sein de l'Empire, aller de l'avant, et le major Ebola le confortait sans retenue dans cette idée, l'alimentant de ses propres suggestions, tout en évitant de les faire remonter vers le colonel. Il enfermât peut à peu Arkeod dans un cocon floue d’où il était invisible pour l'extérieur, et de plus en plus séparé du monde, englué dans l'ennui. Finalement, le capitaine Baal, dernier obstacle face au major pour se hisser sur la plus haute marche du pouvoir, fut jugé mure pour être convaincu. Plutôt que d’être écarté, Baal allait devenir l'allié involontaire du major. Il ne restait plus à Ebola qu'un prétexte pour évincer le fameux colonel. Encore un peu de patiente, en attendant, maintenir les choses en état de délabrement avancé.


Et la chance sourit encore au major, décidément, qui commençait à croire en sa bonne étoile. Au début, il ne perçut pas sa chance, répondant poliment au commandant de la petite navette inter-galactique ivéenne qui venait d’émerger en secteur impérial. Cette navette, pourtant, appartenait aux ennemis de ceux qui se sont réclamés de l'Empire en Ivée. Sa réponse polie indigna les impériaux, presque autant que la simple présence de cette navette ennemi en D0. Même Gregotep, toujours impérial de cœur, le contacta furieux, avançant que seuls les canons auraient du répondre au message de l'importun. Et surtout, pourquoi le colonel ne réagit-il pas face à un tel événement, se demandaient les impériaux? Les choses ne firent qu'empirer lorsque l’émissaire de la princesse Sahira fit montre d'un malheureux manque de respect, presque une insulte, une impolitesse en tout cas, à ne pas commettre lorsque l'on est en territoire étranger. Il n'y avait vraiment pas là de cassus belli, mais le silence obstiné du colonel Arkeod ne pouvait passer que pour un aveux de faiblesse. Et le moment d'agir était venu pour Ebola, car il lui suffit alors de monter l'affaire en épingle pour obtenir son prétexte.

Il convainquit alors le capitaine Baal que la situation était devenu inacceptable, que les choses n’étaient plus gérable et que le colonel Arkeod négligeait à l'évidence son devoir de chef, que l'Empire était au bord de la banqueroute, que laisser trainer le nom de l'Empire dans la boue sans réaction n'était qu'un des nombreux symptômes d'une maladie qui les mènerait à la déliquescence, sauf si une réaction décisive et malheureusement irréversible n'était pas immédiatement engagée. Pour conclure, il lui dit les mots suivants: «Arkeod déraille complètement, capitaine Baal. J'ai décidé d'agir, vous êtes avec moi? »

Le capitaine Baal se laissa convaincre bien plus facilement que ce qu'avait imaginé Ebola. Le capitaine était visiblement soulagé que les choses bougent enfin. Le seul point qu'il imposa au major pour accepter de le suivre était le refus d'une action irréversible. Une action énergique, oui, mais irréversible, surtout pas. La situation ne devrait être que temporaire. Le major pris alors avec effroi la mesure des dégâts qu'il avait fait tout au long de ses cycles de manigances, et fit mine d'accepter la demande du capitaine.


Alors, la main tremblante de peur, il rédigea l'acte d’arrestation de l'homme qu'il avait toujours eu peur d'affronter jusqu'alors, et le signât comme en un rêve, ne parvenant pas à croire à la réalité de son propre geste. Jusqu'au dernier moment, il ne savait pas si l’ordre allait être exécuté. Il ne pensait pas qu'il le serait. Mais le goût amère de sa trahison était décidément bien léger face au soulagement immense et au plaisir de sa victoire secrète, lorsque le chef de la sureté politique vint lui confirmer personnellement que le colonel Arkeod venait d’être arrêté, ne manifestant que peu de résistance, et emmené dans un lieu de confinement tenu secret. Il rapporta aussi que le colonel exigeait par contre de le rencontrer au plus vite afin d'obtenir des explications, bien que l'acte d'arrestation contenant les motifs lui ait été dument lu devant témoins avant d’être emmené.

Tout cela fut dit sans retenu devant l'ambassadeur même d'Arkeod basé en R.R.U.S, qui était venu chercher des explications, lui aussi. Ebola promit à l'ambassadeur de rencontrer au plus vite le colonel, alors que pour rien au monde, il le savait, il ne pourrait supporter de se retrouver face au regard de celui qu'il avait trahit si totalement. Une pensée fugitive le fit s'apitoyer sur le sort cruelle de cette révolution qui exige d'amis de cœur et de guerres qu'ils se séparent, se trahissent, au point de ne plus pouvoir se regarder en face. Bien qu'il n’eut aucun doute sur la franchise avec laquelle Arkeod le regarderait jusqu'au fond des yeux, dans ses yeux géants de berg, qui seraient alors de véritables puits vers son âme mise à nue. Non, décidément, il n'oserait plus jamais revoir le colonel en face.


Le coup d'état accompli, les choses s’accélérèrent. Le major Ebola s'auto-proclama chef de l'Empire, avec complet commandement militaire, ainsi que tout les pouvoirs politiques, militaires, et économiques.

Son premier décret fut de nommer un commissaire général pour administrer les territoires d'Arkeod, qui devenaient les Peuples Unis des Territoires Extérieurs. Le personnage était officiellement un haut fonctionnaire impérial indépendant, un technocrate, mais il se trouva comme par hasard qu'il fut jagon, et acquis à la cause révolutionnaire, issue de l'entourage d'Ebola. Il s'agissait ni plus ni moins que d'un homme de paille. Ce nouvel état fantoche connu bien sur quelques troubles, aussitôt Arkeod arrêté. Troubles largement orchestrés par les services de sureté R.R.U.S. Alors, les petits groupes révolutionnaires, qui s'étaient étrangement et subitement renforcés, décrétèrent la révolution socialiste progressiste en marche, sous le regard passif du nouveau commissaire général. Une passivité complice. L'adjectif Socialiste fut ajouté à la dénomination du nouvel état fantoche, et le tour était joué: un nouvel état révolutionnaire était né, Ebola put croire enfin à l'illusion que tout les sacrifices qu'il avait consenti à faire pour la révolution, que toutes les horreurs qu'il avait accepté de commettre, portaient ce jour là leurs fruits, qu'un peuple de plus se libérait. Décidément, la révolution était en marche dans cette galaxie.

Pendant ce temps, Arkeod fut relégué en résidence surveillé. Ebola l’installa dans un véritable palais, truffé d'agents de la sureté politique et de micro-caméras, isolé sur une ile presque déserte. Officiellement pour sa sécurité.

Craignant de toucher à son prestige, Ebola n'osa pas le priver de liberté de parole ni de rencontrer qui bon lui semblerait, quand bien même le rencontrer et lui parler était devenu un véritable parcours du combattant pour tous les officiels souhaitant le voir.

Une commission impériale d’enquête et de réconciliation fut officiellement nommée, avec des représentants de chaque territoire impérial. En réalité, chaque juge, chaque membre de cette commission avait été désigné par un Ebola passé expert en arrangement de procès truqués. L’enquête trainerait en longueurs le temps qu'Ebola trouve un moment favorable pour faire condamner son ancien chef à être exécuté sans susciter trop d'émoi dans les deux galaxies. Ce qui prendrait du temps.

Enfin, cumulant les mandats de secrétaire général du C.C.C.P de la R.R.U.S et de chef suprême de l'Empire, Ebola monta de toute pièces un C.C.I.T: Comité de Coordination Impérial Temporaire, sorte d'organe décisionnel regroupant des représentants de tous les mondes alliés de l'Empire, ainsi que de leurs seigneurs, à commencer par le nouveau commissaire général. En fait, un organe totalement factice, entièrement contrôlé par le C.C.C.P, et donc par Ebola lui-même. Il y accola un parti impérial révolutionnaire, et ainsi, l'Empire devenait, de fait, la R.R.U.S.


A présent que cette longue route nauséabonde avait été parcourue, et qu'Ebola se sentait plus sur de lui, la représentation obscène du pouvoir se mettait enfin en place, et devant le parterre d'invités à ce qui n'était autre que le sacre d'Ebola, le vieux rhéteur, soit-disant sage parmi les sages, achevait son discours:
« Ainsi, chers camarades, c'est avec la plus grande joie que le Comité de Coordination Impérial Temporaire à choisit de porter sa confiance au premier camarade Ebola, en le hissant, à l'unanimité des voix, au grade suprême d'Amiral de l'Empire, avec toutes les charges afférentes. »

Dans le tonnerre d’applaudissement qui s’ensuivit, le tout nouvel Amiral Ebola joua parfaitement la surprise totale et l'émotion profonde. Il s'était entrainé pendant des cycles devant sa glace.
 
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