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Une nuit étoilée sur Zarotek
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Sly de Teknary
commère galactique


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 MessagePosté le: Sam 12 Juin 2004, 19:22    Sujet du message: Une nuit étoilée sur Zarotek Répondre en citant Back to top

Palais impérial de Baroud-Samak, capitale de la planète Zarotek :

La nuit était déjà bien entamée et je regardais le ciel noir depuis l’un des balcons du palais impérial. Illuminé d'éclairs de feu il y a encore quelques jours, les canons s'étaient tus pour laisser place au silence et à la sérénité de la nuit.

Perdu dans mes pensés, je réfléchissais à la façon de réorganiser le système politique de Zarotek, planète des tribus rivales saramines récemment tombées sous ma domination. Je n'entendis pas arriver derrière moi les petits pieds espiègles de Steewan.
« Seigneur Sly ? »
Le garçonnet me tira soudainement de ma réflexion, et je compris tout de suite au ton de sa voix que j'allais être sollicité par la curiosité insatiable de l'enfant. Malgré son jeune âge, il manifestait une soif d'apprendre étonnante qui surpassait de beaucoup celle de ses camarades. Moi-même d’une nature studieuse, la quête de savoir de Steewan m’avait particulièrement séduite et je le considérais de plus en plus comme une sorte d’élève aux aptitudes très prometteuses.

« Steewan, je ne t ai pas entendu arriver…
- Pardonnez-moi Seigneur, je… je n’arrivais à dormir… il fait si chaud sur cette planète, et l’air me semble si oppressant… quand partirons-nous ?
- Une fois que nous aurons réussi à pacifier les ardeurs si fières de ces maudits chefs de tribu qui ne pensent qu’à reprendre leur indépendance. Dès que l’occasion leur sera donnée, ils s’uniront malgré leur rivalité ancestrale pour se révolter et se débarrasser du joug de leur vassalité.
- Mais… alors dans ce cas pourquoi ne pas les laisser libre puisque tel est leur désir ? »

La question naïve de Steewan me fit esquisser un sourire, amusé par l’innocence de l’enfance. Lui révéler la vraie nature de mes motivations me semblait cependant quelque peu prématuré. L’attrait du pouvoir aurait suffisamment l’occasion de croître en lui avec l’âge, et je laissais le temps faire son office.
« Et bien vois-tu… nous allons apporter à ce peuple paix et prospérité. Depuis la nuit des temps les tribus qui peuplent cette planète s’entre-déchirent pour la conquête de territoires, des querelles de frontière, le contrôle de ressources… En leur imposant un pouvoir central, nous mettons un terme à leurs guerres incessantes, source de souffrance comme tu le sais. En y réfléchissant bien… quelque part nous leur rendons service. »

Le regard interloqué de Steewan me laissa penser qu’il n’était qu’à moitié convaincu de mon explication Je savais cependant qu’il y réfléchirait à nouveau plus tard, et que l’idée d’apporter la paix comme moteur de la conquête militaire ferait son chemin. Il brisa le silence que ma réponse avait suscité en lui par une autre question dont le rapport avec le sujet qui nous avait occupé précédemment était inexistant.
« Quelle est cette étoile au reflet jaune qui brille d’un éclat si vif ? »
Il me désigna alors un petit point jaune dont la lumière intense lui permettait de se distinguer des autres.
« Il ne s’agit pas d’une étoile, Steewan. C’est la planète Erridan. Un ancien d’une tribu saramine vivant dans les montagnes à l’ouest m’a dit qu’ils appelaient cette planète « Daou bel Layl », ce qui signifie dans leur dialecte « Lumière dans la nuit ».
- Irons-nous un jour sur Erridan pour apporter la paix aux peuples qui y vivent ? »
Cette fois-ci la sagacité de l’esprit de Steewan me fit éclater de rire. Je lui répondis en reprenant mon souffle :
« Ah non, ça ce n’est pas possible ! Les Erridaniens ont déjà trouvé la paix… »
Il me fixa intensément, et je reconnu dans ses yeux le regard qui signifiait « explications insuffisantes… requête d’informations complémentaires… ». Devant une telle supplique, je ne pu me résoudre à laisser mon disciple dans le désarroi.
« La planète Erridan fait partie de l’empire de notre ami le Seigneur Mehodwor Talkesh. Nous avons signé un traité avec lui et ses alliés : ce pacte de non-agression nous interdit d’investir les planètes sous sa tutelle, ainsi que celles encore non pacifiées situées dans une partie spécifique de la galaxie. En échange, Mehodwor et ses alliés font de même à notre égard.
- Vous avez décidé entre vous de qui apporterait la paix à qui pour être plus efficace et plus rapide ?
- Oui en quelque sorte… Mais à présent il est l’heure d’aller dormir, petit conquérant. Toutes ces considérations politiques sont encore bien complexes pour l’esprit d’un garçon de 11 ans…
- Bonne nuit, Mon Seigneur. »
 
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Sly de Teknary
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 MessagePosté le: Mar 15 Juin 2004, 05:13    Sujet du message: Un matin ordinaire sur Zarotek Répondre en citant Back to top

Le lendemain matin, c’est la douce lumière légèrement bleutée de Chab qui me tira de mon sommeil. La planète Zarotek possédait trois soleils. Les Saramines associaient chacun d’eux à une période de la vie : Chab, le plus éloignée, dégageait une faible lumière presque diffuse et représentait l’enfance ; Réjél, plus massif, écrasait la planète de sa chaleur étouffante et incarnait l’âge adulte, enfin Jeddo, visible que quelques heures par jour, était associé au crépuscule de la vie.

Je ne fus pas mécontent de trouver quelques fruits rouges dont j’ignorais encore le nom exact sur la table basse de ma chambre. Je tentais d’apprendre studieusement les rudiments de la langue saramine, plus par curiosité que par souci de plaire aux populations locales. J’avais trouvé en Steewan un camarade d’étude appliqué : chaque soir, nous nous amusions à nous interroger sur la traduction de mots usuels. Néanmoins, je dus reconnaître que l’enfant me surpassait la plupart du temps. Ses grandes facultés d’apprentissage lui permettaient d’assimiler parfaitement une trentaine de mots par jour, et je me consolais tant bien que mal en me disant que je pourrais en faire tout autant si plus de temps libre m’était accordé.

Je saisis l’un des fruits rouges et regardais le mobilier de la chambre dans laquelle je dormais depuis quatre nuits. Le palais de Baroud-Samak était encore il y a quelques jours la résidence et le centre de gouvernement du chef de clan Dammot-Kern. J’avais choisi de résider ici et avais relégué sous bonne garde Dammot-Kern et ses proches dans l’aile ouest car ce palais était de loin le plus spacieux, mais aussi le plus stratégique de la planète. Sa position géographique centrale par rapport aux autres tribus me permettait d’atteindre rapidement la plupart des territoires des clans les plus puissants. Jusqu’alors aucune intervention armée n’avait était nécessaire, mais je n’accordais aucune confiance en la promesse de cessez-le-feu que j’avais imposée aux Saramines et qui les avait conduit à la reddition.

Ma chambre était une pièce d’une trentaine de mètres carrés dont les murs étaient ornés de tentures rouges, décor typiquement local. Les meubles de bois étaient rudimentaires et massifs, les Saramines n’étant pas réputés pour la finesse de leur artisanat. En guise de lit je devais me contenter d’une planche de chêne fixée sur quatre cubes de bois, et sur laquelle était posée un matelas de plumes fourrées dans un tissu à ornements tribaux. La nostalgie de mon Commodore s’empara de moi tandis que je m’apitoyais devant la rusticité de cette couche : « et encore nous sommes dans une résidence royale… » me dis-je en me lamentant sur mon sort, mais estimant que mon confort aurait pu être encore bien plus sommaire ailleurs.

L’air frais du matin emplissait mes poumons tandis que j’admirais les cultures agricoles parsemées de quelques fermes depuis la fenêtre de ma chambre. Les Saramines étaient réellement un peuple surprenant… Cette civilisation faîte de contrastes était nullement primitive, bien au contraire. Pour pouvoir aligner 5000 droïdes de combat surarmés devant mes troupes, il fallait tout de même maîtriser une technologie des plus avancées ! Pourtant les Saramines s’évertuaient à vivre dans le respect de leurs traditions et coutumes ancestrales transmises de générations en générations depuis la nuit des temps, alors que leur niveau de développement aurait pu leur offrir un confort bien supérieur à celui d’un matelas de plumes… C’était peut-être de cette vie stricte et rigoureuse qu’étaient issues la fierté et la combativité farouche de ces hommes. Je ne regrettais en rien la réprimande lapidaire que j’avais assénée à l’un de mes généraux la veille lorsqu’il avait qualifié les chefs de clan de « sauvages primitifs ». Lors de la bataille de Baroud-Samak, j’aurais aimé avoir dans mes rangs de tels sauvages primitifs qui défendent si chèrement leur précieuse liberté jusqu’à la mort… Oui, finalement j’aimais ce peuple, mon peuple.
 
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Sly de Teknary
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 MessagePosté le: Jeu 17 Juin 2004, 00:54    Sujet du message: Le plan d'attaque Répondre en citant Back to top

Chapitre 3

Je me retournai lorsque j’entendis un bruit sourd derrière moi. Le choc du gant matelassé du soldat contre la lourde porte de ma chambre était presque entièrement étouffé par l’épaisseur exagérée du bois.
« Entre, Brennan. »
La porte s’ouvrit pour laisser apparaître un homme d’une cinquantaine d’année aux cheveux grisonnants. Il était vêtu de la tunique militaire d’apparat en cuir noir et rouge et portait la cape noire aux épaulettes d’argent, marque réservée aux officiers de haut rang. Il s’inclina rapidement pour satisfaire aux règles de bienséance, puis se redressa en me regardant d’un air grave :
« Il est temps, Mon Seigneur.
- Très bien, je viens… »
Je revêtis ma cape noire, seules des épaulettes d’or la différenciait de celle de Brennan, et pris au passage un dernier fruit rouge. Je savais que cette matinée ne me le laisserait pas le temps d’apprécier un petit-déjeuner copieux.
« Allons-y. Sont-ils tous présents ?
- Ils sont tous présents, Mon Seigneur.
- Parfait ! Il va falloir jouer serrer, Brennan… »
J’emboîtais le pas au Général à qui je devais l’essentiel de la victoire sur Zarotek et m’engouffrais le long du corridor qui menait à la Salle du Conseil.

Plutôt que de soutenir l’idée d’une attaque frontale préconisée par d’autres généraux, Brennan avait proposé d’assiéger les grandes citadelles saramines lors de l’invasion de la planète. Ce plan de bataille reposait sur le principe que les Saramines n’étaient pas des guerriers à l’aise dans le soutien de sièges longs et usants. Impulsifs et téméraires, ces soldats fous de guerre étaient de véritables machines à tuer en mouvement sur le terrain, mais ils se révélaient être de bien piètres combattants une fois confinés derrière les murailles de pierres et d’acier de leurs palais fortifiés. Ce style de guerre ne correspondait tout simplement pas à leur personnalité fougueuse, et leur talent ne pouvait pas s’exprimer. Parallèlement, Brennan affirmait qu’il fallait couper toute forme de communication entre les différentes citadelles, afin que chaque palais soit une entité isolée et totalement indépendante des autres. Si les Saramines ont toujours passé leur vie à se quereller entre eux, ils sont capables de s’unir comme une seule nation lorsque leur bien commun le plus précieux est menacé : la liberté. C’est ce qu’il fallait empêcher à tout prix … Ainsi les grandes capitales ennemies tomberaient les unes après les autres sans pouvoir se porter mutuellement assistance.

Je pris immédiatement conscience de la perspicacité de ce plan. En plus d’être ingénieux, il présentait l’avantage d’être le plus économe en vies humaines, ce qui n’était pas pour me déplaire. A force d’argumentation, je laissais Brennan travailler pour moi et convaincre les autres généraux. Non content d’être un tacticien émérite, Brennan était également un orateur hors pair : il les rallia un à un à sa cause, et tous louèrent la justesse de son argumentation. Tous sauf Zerfir, qui étaient à l’origine du plan d’attaque frontale.
« Pourquoi perdre un temps précieux à attendre au pied de ces maudites citadelles ? Nous n’aurons aucun mal à les soumettre à la première charge ces primates, ils se chauffent encore au feu de bois ! »
De mes 7 généraux, Zerfir était sans nul doute le plus impulsif, mais aussi le plus ambitieux. Malheureusement pour lui la finesse de ses analyses était bien souvent embrumée par son entêtement maladif et son orgueil démesuré, et les résultats qui en résultaient n’étaient pas vraiment à la hauteur de ses prétentions. Valeureux sur le terrain, ses qualités militaires s’amenuisaient grandement lorsqu’il s’agissait de poser ses yeux sur une carte et d’élaborer une stratégie. De ce fait, je ne lui accordais pas tout le crédit qu’un général de son rang était en droit d’attendre de son Seigneur.

J’aurais préféré ne pas intervenir dans ce débat et laisser le consensus s’installer de lui-même, guidé par les sages paroles de Brennan. L’un des grands plaisirs d’un Seigneur est de laisser croire à ses sujets qu’ils sont à l’origine de ses décisions, et non qu’il les leur impose. Mais même lorsque l’issue d’un choix semble être une évidence pour le plus grand nombre, le bon sens s’arrête là où l’orgueil commence.
« Silence, Zerfir ! Le plan de Brennan est sage et présente le moins de risques, tout le monde ici en convient. Nous adopterons donc cette stratégie. »
Je vis alors s’enflammer l’œil rageur du général, et je sus qu’à l’avenir ma décision vaudrait à Brennan l’inimitié de Zerfir.

Une fois au bout du corridor, un escalier de pierre descendait à l’étage inférieur. Quelques marches plus bas, un autre corridor bien plus large que le précédent nous mena à une imposante porte d’acier à doubles battants. Gravée en relief dans le métal, une énorme tête de loup montrant les crocs s’assemblait au milieu de la porte lorsque les deux battants étaient fermés, symbole du Clan des Loup d’Argent de Dammot-Kern. Nous restâmes quelques secondes pensifs devant ce blason que nous avions jeté à bas il y a seulement quelques jours. Je jetais un dernier regard à Brennan et pris une profonde inspiration lorsque je me décidais à ouvrir en grand les deux battants de la porte.

En effet, ils étaient tous venus…
 
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Sly de Teknary
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 MessagePosté le: Dim 20 Juin 2004, 23:53    Sujet du message: Les treize clans Répondre en citant Back to top

Chapitre 4

Sur la centaine de clans qui composaient la population de Zarotek, seuls treize d’entre eux avaient pris les armes contre nous. Cette surprenante réalité pouvait cependant s’expliquer par une étude plus approfondie de la situation politique de la planète. Annexion de territoires, pillages de cités, bombardements à outrance étaient les moyens les plus courants pour un chef de clan de s’assurer un pouvoir politique fort. Seules les victoires militaires étaient source de prestige pour des hommes et des femmes au bellicisme inscrit dans leurs gènes et habitués à en payer le prix du sang. Pour inscrire son nom dans les livres d’histoire, et accessoirement garder son trône, un chef de clan avisé savait parfaitement ce qu’il devait offrir à son peuple avant des récoltes abondantes : la gloire. Voilà quel était l’aiguillon qui poussait chaque chef de guerre à conquérir, chaque soldat à tuer, et chaque citoyen à endurer des souffrances devenues coutumières. J’en venais à me demander comment un peuple aussi belliqueux était parvenu à ne pas s’autodétruire par l’utilisation d’armes de destruction de masse… Après des siècles de guérillas sournoises ou de guerres ouvertes, treize grands clans avaient réussi à asseoir leur domination relative. Ils avaient instauré un système féodal dans lequel s’inscrivaient plusieurs autres clans vassaux. Bien qu’ayant officiellement conservé leur indépendance, ces derniers étaient constamment sous la menace militaire de leur clan suzerain et leur payait tribut pour leur « protection ». Toute tentative pour lever la tutelle du clan dominant était bien sûr violemment réprimée.

Cette nouvelle organisation politique de la société saramine avait permis d’établir une situation d’équilibre plus ou moins stable sur Zarotek. Chacun des treize grands clans était trop faible pour imposer à lui tout seul son autorité aux autres, mais aussi bien trop fier pour s’abaisser à négocier des alliances. Les hostilités n’avaient pas pour autant cessé, mais plus personne ne parvenait à faire prévaloir son influence : les clans étaient parvenus à une sorte de statu quo. Telle était la situation géopolitique lorsque mon Commodore entra dans l’atmosphère de Zarotek pour la première fois. En renversant le pouvoir des treize clans via la défaite militaire, c’est la planète toute entière qui était tombée avec eux.

« Salutations, Seigneurs Saramines ! Gloire et honneur à vous et à votre clan ! »
Ce fut la phrase de présentation que je prononçai haut et fort lorsque je franchis la porte à doubles battants de la Salle du Conseil. Je découvris autour de la grande table circulaire les treize chefs de clan que j’avais convoqué. La cacophonie qui régnait jusqu’alors s’interrompit brusquement. Tous les regards se tournèrent vers moi et je sentis que j’étais dévisagé de toute part. Un long silence s’en suivit, tandis que je projetais mon regard sur chacun des visages qui me faisait face. De tous les chefs de clan présents au conseil, je ne reconnus que Dammot-Kern, un colosse imposant de plus de deux mètres, enveloppé dans une peau de loup disposée de façon à ce que la tête de l’animal recouvre son crâne chauve. Il était aisé de comprendre pourquoi ce fut lui qui me fustigea du regard le plus haineux : non content d’avoir infligé une cuisante défaite militaire à son armée, j’avais en plus réquisitionné son palais pour y installer mes appartements et mon quartier général. Mes yeux plongèrent dans les siens et je pus y lire toute la détermination d’un homme qui a tout perdu. Avant mon arrivée, le Clan des Loups d’Argent était celui qui possédait le plus d’atouts pour dominer tous les autres. Si seulement Dammot-Kern avait su les exploiter à son avantage… Si courage et bravoure sont les qualités premières des guerriers saramines, finesse et stratégie leur font souvent cruellement défaut.

Je m’approchais de la table, seul un siège était encore inoccupé. Je fus amusé de constater que la table était construite dans un matériau blanc translucide. « Sans doute pour s’assurer qu’aucun des protagonistes ne dissimule une arme laser dessous » me dis-je. Nous étions bien chez le Seigneur Dammot-Kern à la paranoïa devenue célèbre, mais à présent tous les systèmes de sécurité qu’il avait imaginé pour protéger sa propre personne étaient à mon service. Un détail me frappa néanmoins : les sièges qu’occupaient les chefs de clan n’étaient pas les mêmes que ceux disposés la veille lors des préparatifs. En y regardant de plus près je m’aperçus que chaque siège, qui finalement avait plutôt les attributs d’un trône, était orné d’un emblème particulier gravé dans le bois.
« Est-il possible de manifester tant de fierté ?! »
Je faillis prononcer tout haut cette pensée pour moi-même lorsque je compris que les chefs de clan avaient emporté depuis leur citadelle respective leur propre trône pour siéger au conseil !
Interloqué par cet étrange protocole, Réjél me rappela à l’ordre. Le deuxième soleil de Zarotek se levait et ses premiers rayons légèrement rougeoyants se reflétaient déjà sur la table transparente. Le Conseil devait commencer.
 
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Sly de Teknary
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 MessagePosté le: Jeu 24 Juin 2004, 09:30    Sujet du message: Un conseil agité Répondre en citant Back to top

Chapitre 5

« Je suis Sly de Teknary, votre nouvel Empereur ! »
L’entrée en matière était rude, mais elle fit son effet : un silence de mort plana sur la salle. Abasourdis, les 13 Saramines n’en revenaient pas. Ne sachant pas comment réagir, certains me fixaient avec des yeux ronds, tandis que d’autres s’affalèrent lentement sur leur trône. D’autres encore, impassibles, ne manifestèrent aucune expression et encaissèrent le choc avec flegme. Une fois l’effet de stupeur dissipé, des murmures commencèrent à s’élever un peu partout autour de la table. Soudain un choc violent raisonna : le poing titanesque de Dammot-Kern venait de s’abattre sur la table. Il se leva brutalement en hurlant :
« Foutaises ! Cela ne se peut ! Jamais nous n’accepterons de nous soumettre !
- Alors vous mourrez. »
Le ton calme et posé avec lequel je répliquai trancha avec les vociférations du colosse. Le seigneur du clan des Loups d’Argent eut alors un moment d’hésitation devant les paroles cinglantes que je venais de lui asséner. Il se figea un instant, puis se ressaisit : tremblant de rage, je voyais sa peau de loup s’agiter sur son dos. Il me menaça de ses yeux injectés de sang, le doigt pointé vers moi. Je sentis qu’il était prêt à bondir par-dessus la table, tel l’animal sauvage que son clan avait pris pour emblème il y a des siècles. Je réfléchis rapidement à la conduite à tenir, peut-être avais-je été trop brutal ? Je n’étais pas totalement rassuré à la vue du géant voulant se ruer sur moi. Les Saramines avaient tous été fouillés avant de pénétrer dans le palais et leurs armes confisquées, mais un seul coup de poing de Dammot-Kern aurait suffi à tuer un homme de bonne constitution. Je jetais un regard en coin au capitaine de la garde posté devant la porte à tête de loup, seule issue possible en cas de fuite. Je me rassurais en estimant que les quatre soldats armés de pistolet laser et assurant ma sécurité auraient pu venir à bout du Saramine : postés à chaque point cardinal de la salle, les angles de tir possibles étaient multiples. De plus Brennan m’attendait à l’extérieur, prêt à intervenir si besoin.

Néanmoins l’idée que le conseil puisse tourner court à peine commencé me déplaisait fortement. Un échec diplomatique ce jour était synonyme de plusieurs mois de rébellions, guérilla, et révoltes…ce que je ne pouvais me permettre. La folie furieuse de Dammot-Kern pouvait ruiner mes plans en l’espace d’un instant, c’est pourquoi je cherchais une formule d’apaisement pour calmer sa rage. Un vieux Saramine à la longue barbe blanche que j’avais à peine remarqué en entrant le fit pour moi :
« Assez, Dammot-Kern ! Si la fureur est une vertu au combat, elle doit s’éteindre quand les armes ont parlé. »
Dammot-Kern le toisa d’un air de défi. Le vieil homme avait la paume de la main levée en direction du géant, comme pour contenir sa rage. Il conserva cette position quelques secondes, jusqu’à ce que le chef des Loups d’Argent se décida enfin à se rasseoir. Il se leva alors à son tour, drapé dans une longue tunique verte, et prit la parole d’une voix rocailleuse :
« Salut à toi, Seigneur Sly de Teknary. Je me nomme Samos, chef du Clan du Chêne Sombre. »
Il s’inclina légèrement, et je vis qu’une serpe était gravée au sommet du dossier en bois de son trône. Je lui rendis son salut, et l’invitai à poursuivre.
« Aussi loin dans l’histoire que remontent les tablettes de Skeldos, jamais les Saramines n’ont été sous le joug d’une puissance étrangère. Nous considérons notre liberté comme notre bien le plus précieux : nous priver de notre indépendance, c’est nous contraindre à vivre sans honneur jusqu’à notre mort. Nous refusons de transmettre le fardeau de la servitude à nos enfants, qui à leur tour feront de même avec leurs enfants… c’est inacceptable. »
Je n’avais pas la moindre idée de ce qu’étaient les tablettes de Skeldos, et j’avoue que je ne m’en souciais guère. Tout ce qui comptait à présent, c’était que j’avais enfin trouvé un interlocuteur faisant preuve de toute la tempérance qu’on pouvait attendre de lui en pareille circonstance. La discussion allait enfin pouvoir s’ouvrir.

Samos se rassit lentement, mais je n’eu pas le temps de lui apporter ma réponse alors qu’un autre Seigneur se levait déjà :
« Jéhan, Chef du Clan du Soleil Rouge, salut à toi Sly de Teknary ! »
Il parlait d’un ton vif et rapide. Un soleil était brodé sur sa toge écarlate, seul ornement apparent sur cet homme qui n’arborait aucun signe de richesse ostentatoire, contrairement à ses compatriotes.
« Nous sommes les adorateurs du dieu soleil Réjél le Flamboyant, source de vie et protecteur du monde. Les oracles ont parlé, Seigneur ! Si les Réjéliens sont asservis, le dieu soleil déchaînera sa fureur contre toi ! Il ne saurait tolérer que ses adorateurs vivent dans la servitude ! De funestes présages pèsent sur ta tête ! Prends garde au courroux du Guerrier de Feu et de ses hordes enflammées sans quoi…
- Il suffit ! »
Je mis un terme aux divagations du prêcheur, estimant avoir assez entendu de ses prophéties apocalyptiques à l’intérêt discutable. Je ne savais pas encore quelle était vraiment la portée de la religion et l’influence des prêtres sur les âmes saramines, mais je pris le risque de commettre un sacrilège. Interloqué, Jéhan se rassit sans protester. L’heure était venue pour moi de reprendre en main l’assemblée afin de ne pas subir l’exposé de treize idéologies différentes aboutissant toutes à la même conclusion : lever l’annexion de Zarotek.
« Vous prétendez qu’il n’existe pas de biens plus précieux au monde que votre liberté. Vous avez tort ! Je vous apporte un bien encore plus grand, un bien dont vous n’avez jamais goûté la saveur et que vous apprendrez à chérir bien davantage ! Un bien pour lequel vous voudrez mourir afin de le préserver et le transmettre à vos enfants ! Un bien qui vous fera oublier toutes les années de souffrance que vous avez endurées jusqu’alors ! Ce cadeau que je vous offre aujourd’hui, c’est la paix ! »
Un murmure presque inaudible se leva dans l’assistance, chacun échangeant à couvert quelques paroles avec son voisin. Je laissais les chefs de clan à leurs conversations secrètes, jaugeant de l’impact que mes paroles avaient provoqué.

L’unique femme de l’assemblée se leva la première pour s’exprimer. Sa seule présence était déjà une singularité, mais qu’elle puisse prendre la parole relevait du miracle dans une société où le pouvoir politique était clairement détenu par les hommes. Ses longs cheveux noirs et lisses se déployèrent autour de sa tunique de cuir noire et jaune. Ils dévoilèrent de fines boucles d’oreille d’or en forme de croissant qui mettaient en valeur son visage d’une rare beauté. Ses grands yeux verts transcrivaient une détermination farouche, vertu indispensable quand les traditions laissent peu de place à l’émancipation des femmes.
« Je suis Chéronne, chef du Clan des Panthères de la Lune. Les clans se déchirent depuis toujours, des rivalités ancestrales ne s’effacent pas par décret. Comment peux-tu nous garantir cette paix dont tu nous parles avec tant d’ardeur ?
- Il en est incapable ! vociféra Dammot-Kern. Tout cela n’est que mensonges ! La paix une illusion pour les faibles !
- La sagesse nous interdit de faire taire la voix qui parle de paix, intervint Samos.

J’avais conscience qu’un tournant décisif se jouait. J’étais parvenu à capter l’intérêt d’une partie des chefs de clan, et même si la partie était loin d’être gagnée, j’avais face à moi quelques oreilles attentives au lieu d’un groupe hostile.
« Jusqu’alors vous exerciez votre domination sur d’autres clans plus faibles qui vous payiez tribut pour votre protection… et bien cette situation politique perdure aujourd’hui ! Considérez moi comme votre nouveau suzerain auquel vous payez tribut pour votre sécurité, et en grand protecteur que je suis, je ne saurais tolérer que mes vassaux sa fassent la guerre ! Un conseil que je présiderai tracera prochainement les frontières définitives de vos territoires et zones d’influence respectives, toute agression militaire en dehors de ces frontières sera sévèrement réprimée. Vous êtes incapables de trouver la paix par vous-mêmes, alors je vous l’impose de force. Réjouissez-vous de votre sort, d’autres n’auraient pas eu cette délicatesse… L’univers ne s’arrête pas à Zarotek, des Commodore similaires au mien parcourt l’espace en revendiquant officiellement leur intention de réduire des peuples entiers en esclavage. Ce n’est nullement mon dessein, et tant que je régnerai sur Zarotek je vous apporterai la protection qu’il vous manque pour vous préservez de cette issue fatale… Nous sommes entrés dans une ère d’instabilité dangereuse dont vous n’avez pas conscience, le plus grand danger pour vous ne vient plus du clan voisin mais des étoiles ! »
Je vis le trouble s’installer dans les yeux de Samos. Il jeta quelques regards furtifs à plusieurs autres chefs de clan dont il connaissait les convictions, comme pour s’assurer de leur soutien lors de sa prochaine intervention.
« Nous pouvons nous défendre seuls ! rétorqua Dammot-Kern, nous n’avons besoin de personne pour garder nos foyers !
- Réjél nous protège de la chaleur bienveillante de son feu ardent ! renchérit Jéhan, il saura nous préserver de la tyrannie !
- Soyez réalistes ! dis-je en haussant la voix. Vos armées sont en déroute, le moral des vos soldats survivants au plus bas, vos usine robotiques démantelées, vos réserves d’acier épuisées ! Rendez-vous à l’évidence ! Soumettez-vous et acceptez ma protection ! »

J’avais presque hurlé cette dernière phrase. Un court silence succéda à mon intervention. Je savais que l’issue du conseil était proche : les luttes d’influence et jeux de pouvoir allaient à présent s’exercer entre les chefs de clan pour faire basculer la balance d’un côté ou de l’autre. Effectivement, l’agitation repris dans les rangs saramines. Je les regardais tergiverser : certains se levaient pour aller rejoindre un groupe qui s’était formé à l’autre bout de la table, d’autres privilégiaient le tête-à-tête, puis se séparaient. Le comportement de Dammot-Kern m’inquiétait cependant : il papillonnait d’un groupe à l’autre, faisant de grands gestes tantôt menaçant, tantôt suppliant. Dans le vacarme des délibérations et malgré sa voix tonitruante, je ne parvenais pas à saisir distinctement la nature de ses propos, mais je savais qu’ils ne m’étaient pas favorables… Soudain, un évènement inattendu se produisit : Chéronne se leva de son trône en peau de panthère et s’avança vers moi. Je la regardais s’approcher, ses yeux verts me fixaient intensément. Alors que je soutenais son regard, les conversations cessèrent une à une à mesure que les autres chefs de clan découvraient la scène. Elle s’arrêta à moins d’un mètre de moi et dit d’une voix suave :
« Lorsque la guerre est devenue un quotidien, il est ardu d’envisager à quel point la vie pourrait être douce sans elle… J’ai tout de même envie d’essayer. Tu as la confiance du Clan des Panthères de la Lune, Sly de Teknary, sache t’en montrer digne. »
Elle mit alors un genou à terre et courba légèrement la tête en avant en signe d’allégeance. L’étonnement fit alors place à la stupeur. C’était la première fois dans l’histoire de ce peuple qu’un Saramine reconnaissait l’autorité d’un pouvoir étranger et lui prêtait allégeance. Ironie du sort, cet acte politique aux lourdes conséquences avait été perpétué par une femme. Mais cette soumission n’était pas du goût de tout le monde : alors que Chéronne se relevait, Dammot-Kern s’avança en hurlant :
« Comment oses-tu te soumettre, sale chienne ?! »
Chéronne le regarda sans mot dire. Le chef des Loups d’Argent était devenu comme fou : Jéhan essaya de le retenir en le ramenant près de lui, mais il le repoussa violemment d’un revers de bras et le prêtre se retrouva à terre contre la table.
« Combien de pulsars ce mercenaire t’a-t-il payée pour que tu lui vendes ton royaume, hein ? A moins qu’il ne s’agisse là d’un autre genre de commerce dont seules les chiennes comme toi ont le secret, c’est ça ?! »
Chéronne serra les poings à l’idée que Dammot-Kern puisse mettre en doute son honneur. C’est alors qu’un autre chef de clan vêtu d’une chemise de soie bleue et d’un turban tenta de s’interposer :
« Calme toi, Dammot-Kern ! Chéronne est libre de son choix et personne n’a le droit de le remettre en cause !
-Ne te mêle pas de ça, Jarek ! C’est entre elle et moi ! A moins qu’a toi aussi il ne t’ait offert quelques babioles en guise de pot-de-vin pour s’assurer de ta loyauté servile ?
- Prends garde à tes paroles !
- Et toi prends garde à rester en vie ! Le Clan des Fils du Vent à encore besoin de tes services ! Ecarte toi de mon chemin !
- Les Fils du Vent n’ont pas besoin d’être achetés pour savoir où sont leurs intérêts, et tout le monde reconnaît que la paix généralisée pourrait apporter beaucoup au développement du commerce et…
- Tais toi, esclave ! »
Dammot-Kern porta alors un violent coup de poing au visage de Jarek alors même qu’il n’avait pas achevé sa phrase. Jarek fut propulsé en arrière et tomba à la renverse, le visage ensanglanté. Une clameur de colère s’éleva depuis l’assemblée des autres chefs de clan restés en retrait. Dammot-Kern se détourna d’eux et nous fit face. Chéronne adopta une posture défensive, nullement impressionnée par le colosse qui devait représenter au moins le double de sa masse. Bien qu’il fût désarmé il n’en était pas moins dangereux, Jarek venait d’en faire les frais. Les gardes s’apprêtaient à sortir leur laser, mais je levais brusquement la main pour les stopper dans leur action. Je voulais à tout prix éviter les effusions de sang tant que le recours à la discussion était encore possible. Dammot-Kern me fixa du regard, puis s’avança vers moi d’un pas rapide. Il porta soudainement ses deux mains à son crâne, et saisit la gueule de sa peau de loup qui recouvrait sa tête. Il attrapa l’un des crocs de l’animal et tira d’un coup sec : c’est alors que la canine se révéla être en fait le pommeau d’une longue dague effilée qui était dissimulée dans la fourrure de l’animal ! L’arme en main, le géant s’élança vers Chéronne :
« Jamais nous ne céderons ! Crève !
- Ne tirez pas ! Ne tir… !!
- Attention Monseigneur !! »
Le bruit d’une déflagration si fit entendre tandis qu’un laser rouge fendit l’air et aller se ficher tout droit dans le crâne du colosse. Son élan fût stoppé net. Il s’immobilisa un instant, tituba maladroitement vers nous en poussant un râle d’agonie, un filet de sang s’écoula du trou béant ouvert sur son front. Alors que la vie le quittait, il ne détourna pas ses yeux haineux de notre direction. Il s’effondra de toute sa masse sur le marbre blanc de la salle du conseil, alors qu’une ultime convulsion lui infligeait ses derniers soubresauts. Ce n’est que lorsque je me retournai que je pus voir Brennan au milieu de la porte à doubles battants grande ouverte, une légère fumée grisâtre s’échappant encore du canon de son pistolet laser.
« Gloire à Temmot-Seth, fils de Dammot-Kern et chef du Clan des Loups d’Argent ! »
Les paroles de Samos furent reprises en choeur par tous les chefs de clan : « Gloire à Temmot-Seth ! »

J’enjambais le corps du défunt et m’approchais de l’assemblée.
« Nous y avons été contraints… dis-je d’un air dépité.
- Nous le savons, répliqua Samos. Dammot-Kern était un homme violent qui semait le chaos partout où il passait, il n’engendrait que massacres et désolation et fût à l’origine de bon nombre de nos guerres.
- Nous pleurerons sa disparition avec ses proches par compassion, dit un autre chef de clan, mais sa mort est une opportunité pour qu’une nouvelle ère de prospérité commence sur Zarotek. Chéronne a montré l’exemple, tu as dorénavant le soutien dévoué et loyal des Roches de Sang !
Le Seigneur s’agenouilla, comme Chéronne l’avait fait précédemment. Il fut bientôt imité par tous les autres. Je contemplais alors ma victoire, recevant une à une les promesse d’allégeance des plus grands chefs de guerre de Zarotek. J’étais officiellement devenu le maître de la planète, et je ne pus m’empêcher d’esquisser un sourire à cette idée. Samos le remarqua :
« Savoure ta victoire, Monseigneur, mais garde toi bien de cet air suffisant. Si tu as enchaîné nos mains, nos cœurs sont toujours libres et prompts à s’enflammer de nouveau…
- Je tacherai de m’en souvenir, Samos. Le Conseil est dissout !
Les chefs de clan s’inclinèrent respectueusement alors que je me détournais d’eux et regagnais mon quartier général, escorté par ma garde.

Je sentis alors vibrer en moi cette palpitation familière, celle que je ne ressentais qu’en de rares occasions, celle qui me donnait envie d’aller toujours plus loin et que seul ce sentiment indescriptible de plénitude pouvait me procurait, ce sentiment qu’on appelle le pouvoir.
 
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 MessagePosté le: Jeu 24 Juin 2004, 15:06    Sujet du message: Répondre en citant Back to top

Majestueux ... A quand la prochaine conquête ???
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 MessagePosté le: Sam 26 Juin 2004, 16:51    Sujet du message: Répondre en citant Back to top

[HRP] / J'ai tout lu. Excellent mon petit Sly. A quand le livre ? lol

Bon alors qui va aller conquérir cette planete pour mettre du boxon sur Zarotek ? Ca risque d'être drôle ;o)
/ [HRP]
 
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Sly de Teknary
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 MessagePosté le: Mar 29 Juin 2004, 19:26    Sujet du message: Une visite inattendue Répondre en citant Back to top

Chapitre 6

Planant au-dessus du sol, l’hologramme topographique représentant le royaume des Fils du Vent avait cessé de s’agiter depuis déjà plus de dix minutes. Je m’étais isolé seul dans mon quartier général pour commencer à préparer le tracé définitif des frontières de chaque clan, mais le souvenir du conseil de la veille m’était revenu en mémoire et détournait mon attention de la carte translucide. L’élimination de Dammot-Kern était une bénédiction pour mes projets. L’ancien chef des Loups d’Argent était l’un des obstacles les plus sérieux à la pacification de la planète, mais son impétuosité irréfléchie m’avait permis de l’écarter de ma route plus vite que prévu. Il avait répondu à toutes mes provocations lors du conseil et commis les erreurs que j’escomptais. Brennan avait pu exécuter sa mission sans susciter le courroux des autres chefs de clan, alors qu’une exécution sommaire en sanction d’une parole trop menaçante n’aurait pas manqué de déclencher un incident diplomatique majeur. Je n’avais pas encore rencontré Temmot-Seth, le fils de Dammot-Kern et nouveau chef des Loups d’Argent, et ne savais pas grand-chose à son sujet. J’escomptais néanmoins qu’un enfant de dix-sept ans ne causerait pas autant de troubles que son défunt père. Je me promis d’aller lui rendre visite prochainement afin de m’en assurer.

J’abandonnais ma réflexion pour me replonger dans l’étude du territoire du Seigneur Jarek. Je passais ma main devant les capteurs infrarouges de l’appareil holographique afin de faire défiler la carte en trois dimensions. Le clan des Fils du Vent était par tradition un clan marchand. Pendant longtemps ses membres avaient suivi la voie du nomadisme : sans terres fixes, ils erraient d’un empire à l’autre et vivaient de leur négoce, ignorant les frontières politiques. Cette vie de voyages sans attache leur avait valu leur nom : ils se déplaçaient sans cesse où bon leur semblait sans se soucier des frontières, à l’instar de leur emblème éolien. Il y a environ 450 ans, l’intensification des guerres avaient contraint les Fils du Vent à se sédentariser : les conflits de plus en plus violents et fréquents nuisaient au commerce et entraînaient une recrudescence de protectionnisme au sein des empires. Pour ne pas disparaître en se fondant dans d’autres royaumes et préserver leur identité culturelle, le seigneur Mérik III érigea pour son peuple la première capitale de son clan : Mérik-Soun, à qui il donna son nom et celui de son épouse. Fort de leur talent inné pour les affaires, les Fils du Vent firent rapidement de Mérik-Soun l’une des plus grandes plaques tournantes du commerce de la région, puis de la planète toute entière. Suscitant au passage la jalousie de ses voisins, d’autres clans ne tardèrent pas à convoiter les richesses de la jeune cité. Néanmoins la puissante économie du royaume marchand lui avait permis de mettre sur pied une armée moderne et présentant une avance technologique notable, à tel point que bientôt la situation s’inversa : les clans les plus faibles de la région tombèrent sous la coupe des Fils du Vent, qui devinrent l’un des treize clans sur lesquels il fallait compter aujourd’hui.

« Seigneur Sly, les chefs de clan que vous avez convoqués sont arrivés.
- Ah, merci Caporal. Je vais les recevoir, faîtes les entrer.
- Bien, Seigneur ! »
Profitant de la présence des personnalités les plus puissantes de la planète à Baroud-Samak, j’avais saisi l’opportunité de m’entretenir avec eux par petits groupes afin de mieux cerner leur histoire, leur culture… et accessoirement leur motivation et leurs ambitions. Le premier groupe à se présenter était composé de Jarek, le prêtre Jéhan du Soleil Rouge, et Chéronne du clan des Panthères de la Lune. Ils franchirent la porte l’un derrière l’autre et se prosternèrent :
« Pardonnez nos gestes encore maladroits, Seigneur, nous n’avons guère l’habitude… »
Je sentis un peu d’ironie dans le ton de Jarek, mais je choisis de ne pas lui en tenir rigueur. Le Seigneur marchand était vêtu uniquement de soie, comme la veille : un pantalon noire sur lequel retombait une ample chemise rouge. Le large col laissait apparaître un collier en or dont l’épaisseur des maillons donnait à penser qu’un seul d’entre eux devait peser une véritable fortune. Deux bracelets similaires se retrouvaient fixés à ses poignets, et deux autres plus petits pendaient à ses oreilles. L’opulence et l’excentricité vestimentaire du marchand couvert d’or contrastait avec le dénuement du prêtre : le Seigneur Jéhan avait revêtu sa traditionnelle toge rouge sans manches et chaussait des sandales. La tenue de Chéronne conciliait le militaire et l’élégance : une armure de cuir noir par-dessus laquelle était posée une peau de panthère, la tête de l’animal retombant sur l’épaule droite.
« Soyez les bienvenus, dis-je en me détournant de l’hologramme, je suis ravi de vous revoir en des circonstances plus sereines.
- Nous aimerions pouvoir en dire autant, répliqua Jéhan, mais je crains qu’une ère sombre ne s’ouvre sur Zarotek. La volonté de Réjél n’a pas été respectée, et déjà les présages aperçus par nos oracles annoncent la vengeance de notre dieu !
- Je ne suis pas venu jusqu’ici pour abattre vos idoles, Seigneur Jéhan, soyez rassuré. J’ai d’autres projets bien plus nobles au contraire, et à ce titre je solliciterai votre savoir pour éclaircir les mystères de la religion réjélienne.
Le prêtre paru intrigué par ces paroles. Il ne répondit pas et me fixa avec suspicion. Pour le peu que j’en avais vu, je considérais le culte à l’un des soleils de la planète comme l’une des inepties les plus étonnantes de ce monde. Ne croyant moi-même à aucun dieu, je peinais à comprendre comment un peuple au savoir scientifique avancé pouvait encore perpétrer des rites si primitifs. C’était là tout le paradoxe de Zarotek : un mélange de technologie et de traditions ancestrales qui s’entremêlaient harmonieusement pour donner naissance à une société emprunte de contradictions. Au début j’avais pensé que Jéhan ne croyait pas lui-même à ses prédications insensées, qu’elles n’étaient rien d’autre qu’un moyen de contrôler subtilement les masses les moins cultivées en agitant de façon habile la menace d’une colère divine imaginaire. A présent, je commençais à penser que cet homme était réellement fanatique, tout comme les membres de son clan.

« Mais qu’avons-nous là, Seigneur ? fit semblant de s’interroger Jarek en s’approchant de l’hologramme en souriant. Ne serait-ce pas… mais oui ! Il m’avait bien semblé reconnaître les caractéristiques topographiques de ma bonne cité de Mérik-Soun !
Nullement intéressé par les prophéties du prêtre, Jarek ne lui avait accordé aucune attention et s’était tout de suite dirigé vers l’outil par lequel sa prospérité pouvait être menacée.
- En effet, Seigneur Jarek, il s’agit bien là de Mérik-Soun… et ses environs.
Je rentrais ma main dans l’hologramme et fis le geste permettant d’élargir le plan à une échelle plus petite. La carte en trois dimensions se centra sur le royaume des Fils du Vent et de ses vassaux alentours. En agglomérant le royaume de Jarek et celui des clans qui lui étaient soumis, la zone d’influence des Fils du Vent couvrait un large territoire. Il se décomposait en une grande plaine centrale, bordée d’une forêt épaisse à l’est, l’océan à l’ouest et au sud, et au nord les plaines se transformaient peu à peu en collines rocailleuses, celles là même où nous nous trouvions car s’étendaient alors les terres du clan des Loups d’Argent. Chéronne s’approcha à son tour de l’hologramme :
« Le Seigneur Jarek s’inquièterait-il qu’on lui arrache un morceau de sa pitance ? lança-t-elle. Ou bien alors vient-il quémander un lopin de terre à son nouveau maître ? Dans ce cas peut-être serait-il plus avisé de formuler une telle supplique à genoux ?…
- La Maîtresse Panthère quant à elle ferait preuve d’une sagesse qui ne lui est pas coutumière si elle s’en retournait nourrir ses compagnons à quatre pattes, répliqua-t-il, sans quoi il se pourrait que son approvisionnement en titane et en uranium ne soit prématurément écourté…
Chéronne préféra ne pas surenchérir et détourna fièrement son regard, sans doute Jarek avait-il sur elle un moyen de pression dont j’ignorais l’existence. La subtilité des relations tissées entre chaque seigneur m’échappait encore, mais à les voir se déchirer ainsi si facilement, je réalisais mieux comment des siècles de conflits avaient pu naître et perdurer des années entières.
« Voilà bien une scène représentative de la Zarotek d’hier que je ne saurais plus tolérer aujourd’hui ! dis-je pour couper court à la discussion.
- Il en sera ainsi, Seigneur, acquiesça Jarek. »
Chéronne et Jéhan ne répondirent rien mais inclinèrent la tête en signe d’approbation.

Mes conseillers m’avaient rapporté que le clan de Jarek exerçait sa domination sur 5 autres clans mineurs, et plus ou moins sur un sixième qui subissait peu à peu son influence grandissante et lui payait tribut épisodiquement. Un conflit de frontière l’avait opposé à Chéronne il y a trois ans pour le contrôle de la forêt d’Eryx à l’est. Le bois était une ressource primordiale sur Zarotek : par respect de la tradition, la plupart des Saramines refusaient d’habiter des demeures dont l’essentielle de la composition n’était pas faîte de bois. Finalement Jarek l’avait emporté et contrôlait les trois-quarts de la forêt, privant le clan de Chéronne d’un revenu conséquent. Je relançais la discussion en centrant l’hologramme sur la forêt d’Eryx.
« Voici quelle sera la nouvelle délimitation orientale de la zone d’influence des Fils du Vent. La frontière avec le Clan des Panthère de la Lune sera déportée de cent vingt kilomètres à l’ouest dans la forêt d’Eryx, de façon à ce que vos deux clans puissent exploiter les ressources forestières de manière équitable.
- Comment ?! s’offusqua Jarek, nous avons conquis l’essentiel de cette forêt par les armes et en avons payé le prix du sang, elle nous revient de droit ! Je refuse !
- Silence ! Telle est ma décision et je n’admettrai aucune objection ! »
Jarek lança un regard noir à Chéronne qui resta impassible et baissa les yeux en serrant les dents. Je repris plus calmement :
« Néanmoins, je conçois que la perte de revenus engendrée par la disparition d’une partie des ressources forestières pourrait déséquilibrer l’économie du clan des Fils du Vent, c’est pourquoi nous avons imaginé une solution compensatoire… »
Jarek releva la tête, interloqué, tandis que Chéronne et Jéhan se regardèrent d’un air interrogateur. Je manipulais à nouveau l’appareil holographique d’un mouvement de doigts pour faire défiler le plan vers le nord-ouest.
« Les collines de Teth-Anine sont riches en minerais rares. J’ai consulté le dernier relevé géologique hier soir, et s’ils sont exploités judicieusement ces filons peuvent générer des profits équivalents à ceux de la Forêt d’Eryx, voir même supérieurs.
- Certes Seigneur, mais… enfin comment pourrions nous les exploiter librement ? objecta Jarek, les collines de Teth-Anine sont sur les terres du clan des Loups d’Argent !
- Et bien considérez qu’elles n’y sont plus.
- Comment ?! Jamais Dammot-Ke… enfin... Temmot-Seth n’acceptera de dépecer le royaume de son père !
- Il ne s’agit nullement de déposséder le royaume du tout jeune souverain, mais il est vrai que les Loups d’Argent n’ont jamais su mettre en valeur la région de Teth-Anine… Combien de mines pouvons-nous dénombrer aujourd’hui dans ces collines ? Elles sont totalement sous-exploitées. Les Loups d’Argent ont des vertus que quiconque n’oserait contester, mais il faut reconnaître que l’exploitation de cette zone a longtemps été négligée, c’est pourquoi je préfère confier son développement à des spécialistes. Je pourrais alors me libérer du fardeau qui pèse sur mes épaules quant à la mise en valeur de ces terres... »
Les trois Seigneurs se regardaient, analysant cette nouvelle donnée stratégique afin de déterminer comment ils pourraient en tirer partie. L’heure n’était plus à la révolte ni à la colère, mais à la satisfaction. Chéronne accroissait ses revenus forestiers, et la perspective d’ouvrir de nouveaux marchés réjouissait Jarek plus que tout. La disparition tragique de Dammot-Kern rendait effectivement les choses beaucoup plus faciles. Sans leur chef charismatique les Loups d’Argent étaient tenus au silence dans une muselière : trop jeune de 3 ans pour régner seul, le fils de Dammot-Kern ne pouvait faire valoir pleinement ses droits, telle était la loi de son clan. Je m’assurerai donc de lui choisir un tuteur à ma botte. En attendant, je pouvais me permettre d’offrir en pots-de-vin des parcelles de son royaume aux autres chefs de clan pour qu’ils me soient redevables et m’assurer ainsi de leur loyauté. Je compris au sourire en coin de Jarek et Chéronne que je venais d’acquérir leur soutien à ma cause. Jéhan se risqua alors à prendre la parole :
« Et en ce qui concerne l’Eglise du Soleil Rouge, Seigneur, quelles sont vos intentions ?
- J’allais justement aborder cette question à l’inst…
- Seigneur Sly ! Seigneur Sly ! » cria alors subitement un homme haletant depuis le fond du couloir.
Des bruits de pas de course de plus en plus distincts se firent entendre, et nous n’eûmes pas longtemps à attendre avant de voir s’ouvrir à la volée la porte en bois de mon quartier général.
« Seigneur Sly ! répéta dans un souffle le caporal en sueur.
- Qu’y a-t-il ? répondis-je sèchement, irrité que l’on puisse m’interrompre en plein milieu d’une démonstration de l’étalage de mon pouvoir.
- Seigneur Sly !... Un Commodore non identifié en orbite autour de Zarotek a été repéré à l’instant sur nos radars !
- Quoi ?!
- Nous n’avons reçu aucun message de présentation de sa part et il ne répond pas aux nôtres !
- J’arrive immédiatement. Trouvez-moi le Général Brennan, qu’il réunisse sans attendre l’état major dans la salle de contrôle !
- Bien, Seigneur ! répondit le caporal en saluant avant de s’éclipser précipitamment sans reprendre son souffle.
- Pardonnez-moi mes amis, mais nous devons écourter cette réunion et reporter son dénouement à plus tard. Vous pouvez disposer.
Les trois Saramines s’inclinèrent alors que je saisissais à la hâte ma cape aux épaulettes d’or posée sur mon bureau et l’enfilais maladroitement, accourant à grands pas vers la salle de contrôle.
 
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 MessagePosté le: Mar 29 Juin 2004, 20:41    Sujet du message: Répondre en citant Back to top

Que dire sinon que la sagesse a su se cacher entre les ligne que tu as écrites pour nous conter ce que tes yeux ont vu et ce que ton être a vécu...
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 MessagePosté le: Mer 30 Juin 2004, 00:37    Sujet du message: Répondre en citant Back to top

[HRP]

Citation:
- Seigneur Sly !... Un Commodore non identifié en orbite autour de Zarotek a été repéré à l’instant sur nos radars !
- Quoi ?!
- Nous n’avons reçu aucun message de présentation de sa part et il ne répond pas aux nôtres !


Ah enfin de l'action !

Chapitre 7 : la chute de Zarotek ;o)

[/HRP]
 
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