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Developpement Empirium
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Viktor commère galactique

Inscrit le: 16 Avr 2004 Messages: 704
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Posté le: Jeu 15 Juin 2006, 11:00 Sujet du message: Rupture |
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Place du Martyre, Elanka.
Le cœur de la capitale résonnait d’une étrange agitation. Sous les hurlements des sirènes, les soldats avaient envahi chaque avenue, chaque ruelle, chaque place. Les convois de tanks sterns faisaient résonner les mêmes messages, sans cesse : Ceci n’est pas un exercice. Veuillez suivre les protocoles d’urgence…
Joaquim n’avait pas saisi la fin de l’alerte. La panique que la nouvelle avait semée l’en avait empêché. En quelques instants, la place du Martyre s’était vidée de sa faune habituelle. Tous couraient derrière les convois, espérant obtenir une place dans l’un des transports, n’hésitant pas à se battre, à marcher sur leur voisin, pour monter dans un de ces énormes appareils qui les mènerait hors du danger.
Mais Joaquim n’avait pas bougé. Il s’était avancé vers le gigantesque monument au Martyre. Les envahisseurs l’avaient érigé… un symbole de la lutte qu’ils avaient menée… pour la civilisation, disait-il. Le martyre des peuples barbares, rebelles. Un martyre nécessaire pour leur sauvegarde et la renaissance de leur peuple. Voilà ce que rabâchaient leur propagande.
Joaquim s’agenouilla devant la statue du soldat, l’arme au poing et les larmes aux yeux. Un regard qui portait au loin. Sans doute pour ne pas voir les innombrables corps qui gisaient à ses pieds.
Joaquim n’avait jamais compris pourquoi ils avaient érigé cette statue. Pourquoi devoir rappeler aux vaincus le coût si élevé de leur guerre d’indépendance. Croyaient-ils réellement que cette statue et tous leurs mensonges suffiraient à faire oublier l’oppression ? Il ne comprenait pas. Et tous les soirs il revenait. Il s’agenouillait devant elle et passait des heures à l’observer. Il cherchait à comprendre mais tout ce qu’il parvenait à voir, c’était le sang de son père, de ses frères, de milliers d’hommes de son peuple, se répandant aux pieds de ce soldat d’acier. Un seul soldat, immense, pour des centaines de corps meurtris. Des corps sans visage, sans nom. Un amas de chair censé représenter le sacrifice d’un peuple. Ce soir comme tous les autres soirs, il ne pouvait se détacher de cette statue…
Un véhicule s’arrêta non loin. Un TorpedoV77. Mounir certainement. Le conducteur se redressa et le héla. Il entendait les cris mais ne pouvait les distinguer. Mais il savait ce que cet homme lui voulait. L’emmener loin des sirènes. Joaquim ne prit même pas la peine de répondre. Il ne jeta pas un regard vers le bon samaritain. Ce dernier pesta contre le vieux fou avant de foncer à toute allure au dessus des convois. Après tout, il avait essayé et puis, on ne risquait pas sa vie pour un vieillard dérangé que l’on connaissait à peine !
La place habituellement si animée était désormais vide. Ou presque. Au loin, on entendait le bruit des convois qui poursuivaient leur sauvetage dans le nord d’Elanka. A intervalles réguliers, les sirènes déchiraient l’air de leur bruit strident. Mais rien ne pouvait l’empêcher de maintenir le rituel. Comme tous les soirs, Joaquim joignit les mains et se mit à prier. Déjà, il n’entendait plus les sirènes… _________________ Site perso |
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Viktor commère galactique

Inscrit le: 16 Avr 2004 Messages: 704
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Posté le: Jeu 15 Juin 2006, 17:13 Sujet du message: |
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Résidence communautaire 77, avenue II du Nouvel Ordre, Elanka.
Dès les premiers hurlements des sirènes, Mochabé s’était précipité au dortoir pour y prendre ses affaires, ignorant les railleries de ses trois partenaires de poker. C’était déjà la troisième alerte du mois, la quinzième de l’année peut-être… et à chaque fois la même rengaine. Mochabé, quoi qu’il fisse, où qu’il se trouvât, courait récupérer son sac, prêt à l’avance, toujours, et allait rejoindre le point de ralliement au bout de l’avenue II, à l’entrée de la place du Martyre.
Lors des premières alertes, il avait été pris dans le flot des résidents, qui suivaient eux aussi le protocole. Mais la multiplication des fausses alertes et des exercices avaient freiné les ardeurs de ses colocataires, et il était seul dans le dortoir aujourd’hui. Il entendait les cris de Gehorg, qui lui demandait de venir finir la main, mais il ne prit pas la peine de répondre.
Alors qu’il franchissait le hall donnant sur l’avenue II, Aloën, qui menait la partie, le prit par le bras pour le convaincre de faire demi-tour. Ce n’est qu’un putain d’exercice… Encore un putain de foutu exercice… J’ai 15 000 sur la table là, alors viens pas me faire chier avec …. Mochabé le repoussa brusquement et fonça vers le point de ralliement, sous le regard dépité de son partenaire.
Ils n’étaient que huit dans le sas d’attente lorsque le premier convoi fit son apparition. Ceci n’est pas un exercice. Veuillez suivre les protocoles d’urgence pour l’évacuation totale et définitive de la ville. Il n’y a pas de temps à perdre. Rejoignez immédiatement les points de ralliement de votre zone et embarquez dans les convois prévus à cet effet. Je répète : Ceci n’est pas un exercice…
La voix mécanique qui propageait ces paroles fut bientôt accompagnée du bruit des moteurs et des cris de panique. Une foule d’égarés se répandit dans l’avenue. Ils couraient vers les soldats, leur hurlant d’arrêter leurs véhicules. Mais ceux-ci poursuivaient leur route et la foule courait à leur suite, dans une cohue inimaginable. Gehorg, Aloën et Mokhat jetèrent leurs mains sur la table. Mokhat s’approcha de la liasse de billets trônant au milieu. Son bras fut retenu par celui d’Aloën.
« Qu’est ce que tu crois faire là ?
- Rien, rien. Nous allons pas les laisser là non, alors je les emporte avec nous.
- Tu les emportes ? Ils sont à moi je crois.
- Ah tiens, et pourquoi donc ? La partie n’est pas finie je crois et … et je vois que tu n’avais qu’une paire de 5 pour cette main. »
Gehorg était déjà au milieu de la foule, tentant de se frayer un chemin vers les zones de ralliement, lorsque le point d’Aloën s’abattit sur le visage de Mokhat.
Mochabé serra son sac contre lui et franchit la ligne de sécurité sous la conduite du soldat. Lorsque les trente hommes du premier transport furent passés, la sécurité se remit en branle, verrouillant les parois de verre entre le sas et le hangar, activant les lasers automatiques. Ils suivirent leur guide qui les mena sous un arche de détection. Tout semblait ok pour eux. Le soldat enclencha l’ouverture des portes blindées menant à l’embarquement. Le vaisseau de transport se tenait devant eux. Mochabé ne put retenir un soupir de soulagement. La rampe d’accès descendit à leurs pieds et ils montèrent calmement à bord. Il ne jeta pas un regard à ses compagnons de fortune. Il regardait le sol et il priait. Il savait qu’il était dans le premier de tous les véhicules d’évacuation. Il avait fait tout ce qu’il fallait.
Le bruit des moteurs emplit la cabine et bientôt il sentit que le transport décollait… Il était sauvé. _________________ Site perso |
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Viktor commère galactique

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Posté le: Ven 16 Juin 2006, 10:41 Sujet du message: |
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Tour Kokowa Extraction, 15ème étage, Elanka.
Confortablement installé dans son fauteuil de président, Jonas Kokowa, directeur de la compagnie Kokowa Extraction, étudiait avec soin les rapports de production des derniers cycles. Sa mine était sombre. Les chiffres n’étaient pas aussi bons qu’il l’avait espéré. L’acier, toujours aussi porteur, avait créé sa fortune. Il dirigeait maintenant la majeure partie de l’industrie minière de la planète. Seuls quelques gisements étaient encore aux mains de petits propriétaires qui finiraient bientôt par se faire dévorer eux aussi. Mais par qui ?
Il y a quelques années, seul Kokowa aurait pu prétendre à leurs rachats. Mais la concurrence des industries spatiales devenait rude. Régulièrement, une nouvelle compagnie orbitale amenaient ses frégates minières profiter des extraordinaires gisements des profondeurs d’Elanka.
Les MODs, plus rentables, plus efficaces, presque entièrement automatisés, prenaient peu à peu le pas sur les mines de la Kokowa Extraction… et la récente explosion qui avait détruit le puits numéro 3 n’arrangeait pas les affaires de Jonas.
Heureusement, l’armée était toujours demandeuse et il parvenait encore à écouler sa production. Mais bientôt il faudrait songer à une reconversion. Tout vendre et partir sur un système plus favorable ? L’industrie des chantiers spatiaux était en plein boom, peut-être y aurait-il ici quelque chose à faire ?
Le signal de son holocom se mit à vibre. Il actionna la communication pour voir apparaître le charmant visage de sa secrétaire.
« Monsieur le président, une communication urgente de la part du général Standwell.
- Passez-la moi dans une minute je vous prie. »
Il laissa retomber les rapports sur le bureau. Le général Standwell, en charge de l’approvisionnement en matériau du contingent. Un très bon client. Le principal. Quel problème y-avait-il encore ? Un défaut de livraison ? Un acier de mauvaise qualité ?
L’inquiétude qui s’était emparé de lui à l’apparition du visage marqué du militaire se transforma peu à peu en angoisse au fil de la conversation.
Les nouvelles étaient bien pires que ce qu’il avait imaginé.
Lorsque l’holocom se coupa, Jonas sortit la bouteille de Wiskaye pour s’en servir une bonne rasade, espérant ainsi mettre un terme aux tremblements de ses mains. Ayant repris un minimum de contenance, il actionna de nouveau l’holocom.
« Marielle, appelez immédiatement Voltar. Qu’il prépare la navette à un décollage. Le plus tôt possible…
- Bien monsieur le président. Autre chose monsieur le président ?
- Non … oui … euh… dites aux responsables de service de me rejoindre. Le plus tôt possible. Sur le toit.
- Bien monsieur le président. Doivent-ils préparer quelque chose ?
- Et bien qu’ils… non, nous devons … enfin, une convocation urgente du général Standwell. Nous décollons immédiatement. Qu’ils montent c’est tout. Et vite !
- Bien monsieur le président. Je … »
Jonas coupa la communication et se versa un second verre. Pas un instant il ne pensa à prévenir sa fidèle secrétaire de ce qui menaçait. Pas un instant il ne pensa à la faire bénéficier de son vaisseau personnel. La possibilité de la sauver ne lui vint même pas à l’esprit…
Il ramassa quelques dossiers importants et fonça vers l’ascenseur privé pour rejoindre le toit. Dans quelques heures, il aurait rejoint le bunker privé de sa résidence de Capone. En compagnie des pièces maîtresses de son entreprise. Des personnes compétentes qui avaient fait sa richesse. Des employés rentables.
Quand les sirènes se firent entendre dans le bureau de Marielle, Jonas et ses collègues étaient déjà loin. Marielle se précipita contre la baie vitrée et découvrit avec effarement le spectacle des soldats envahissant les rues d’Elanka. Elle ouvrit en grand l’une des fenêtres et parvint à distinguer le sempiternel message d’alerte. Ceci n’est pas un exercice. Veuillez suivre les protocoles d’urgence pour l’évacuation totale de la ville…
Il ne pouvait s’agir d’une coïncidence.
Une larme glissa le long des joues de la jeune femme. _________________ Site perso |
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Viktor commère galactique

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Posté le: Sam 17 Juin 2006, 14:03 Sujet du message: |
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Puits numéro 3, secteur 31
Le soleil venait de tomber. La chaleur intense qu'il propageait dans la journée finissait de se dissiper. L'opération allait enfin pouvoir commencer...
Trevor Dent, directeur du service technique de la Kokowa Extraction, supervisait la descente des deux mineurs. L'entrée du puits avait grandement souffert suite à l'explosion du mois dernier, mais les scanners semblaient indiquer qu'une partie des galeries étaient restée intacte... ou plutôt, qu'elles n'étaient pas toutes totalement effondrées. Et c'est pourquoi il avait décidé de lancer cette "équipe de sauvetage" au sein des décombres. Non qu'il comptait encore trouver des survivants à la catastrophe (au bout d'un mois il ne donnait pas bien cher des éventuels mineurs qui n'auraient pas été ensevelis, et puis, le sauvetage de ces quelques survivants ne pourrait jamais justifier ni amortir le coût d'une telle opération), mais il fallait bien vérifier si ce puits pourrait être de nouveau exploité. Et puis, peut-être serait-il également possible de récupérer du matériel en état de fonctionner.
Le chantier s'était donc mis en place et au bout de trois semaines de forage et de déblayage, un passage large d'une cinquantaine de centimètres de diamètre avait pu être dégagé. C'est ce goulot que Wilem et Odroba allaient emprunter. Tout avait été planifié, et ces deux-là connaissaient leur travail. Il n'y avait donc aucune raison de paniquer... et pourtant Trevor n'avait pas résisté à avaler quelques pilules pour surmonter la tension du moment.
Wilem était descendu le premier. Tout semblait se passer dans les règles. Trevor fixait l'écran sur lequel défilaient les images des caméras embarquées. Alors que le casque du second mineur disparaissait de la surface, son holocom se mit à vibrer. Signal rouge. Un message de la direction. Et merde, au plus mauvais moment.
"Trevor Dent
- Monsieur Dent, ici Marielle. Monsieur le Directeur vous fait appeler au centre.
- Mouais... C'est que j'ai quelques affaires importantes en cours là. L'exploration du 3 a commencé. On risque d'en avoir pour un bon bout de temps, sans doute toute la nuit même si c'est comme je le pense. Va donc falloir trouver un autre créneau ? Demain matin, ça irait ?
- J'ai bien peur que ce ne soit pas possible monsieur Dent. Monsieur le Directeur vous fait appeler toutes affaires cessantes. Il souhaite que vous soyez présents dans 15 minutes au spatioport du niveau 16. Une convocation urgente du général Standwell, selon ses propres termes.
- Du général Standwell ? Mais qu'est-ce que je peux bien avoir à foutre avec ce général qui soit si important bordel ?
- Je n'en ai absolument pas la moindre idée monsieur Dent. Je ne fais que transmettre les consignes de monsieur le Directeur.
- ...
- Monsieur Dent ?
- Ouais ouais... Je ferais mon possible.
- Merci monsieur Dent. Je transmettrais à monsieur le Directeur. Au revoir et bonne..."
Trevor coupa rageusement la communication. Bordel de merde ! Qu'est-ce que c'était que cette nouvelle connerie à se farcir ? Il était sur un projet de première importance et on l'envoyait perdre son temps chez ce militos qu'il ne connaissait même pas. Merde, les rendez-vous clients étaient les problèmes de Stoneton et Klaznyk. Pas les siens !
Trevor s'approcha de son adjoint pour lui apprendre la mauvaise nouvelle. "J'essaierais d'être de retour au plus vite. J'te laisse gérer pendant mon absence mais pas de conneries, hein?"
Il fila aux vestiaires se débarrasser de sa tenue de protection, goba une nouvelle pilule pour calmer ses nerfs et sortit précipitamment vers la piste improvisée.
Si un Thunder PK était disponible, il aurait sans doute le temps de rejoindre le spatioport à temps...
Si un Thunder PK était disponible... _________________ Site perso |
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Viktor commère galactique

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Posté le: Dim 18 Juin 2006, 12:27 Sujet du message: |
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Puits numéro 3, secteur 31
Wilem, comme à son habitude, menait la descente. Il suivait les indications de la sonde exploratrice et analysait directement les données sur le calculateur intégré à la combinaison. Tous les 15 mètres, il effectuait un prélèvement sur la paroi, comme l'avait réclamé Trevor. Jusqu'ici, tout allait bien. De temps en temps, il fixait une diode phosphorescente à la paroi, balisant ainsi la voie pour Odroba. Il était habitué à cet exercice, et il ne craignait pas de voir le conduit se refermer sur eux. Il avait une totale confiance en son équipier. Et puis, c'était si... excitant !
Quelques mètres plus haut, Odroba enclenchait la sécurisation du goulot. Il n'y aurait rien eu de pire qu'une pierre se détachant de la roche au-dessus de leur tête. Les casques étaient résistants bien sûr, et la combinaison suffisamment épaisse pour amortir un tel choc, mais le risque d'être déséquilibré par l'impact était non négligeable. Et il ne voulait pas que Wilem aille s'écraser au fond du puits.
C'était leur onzième descente en commun, et si Wilem était toujours aussi enthousiaste à l'annonce d'une mission, Odroba sentait qu'il serait bientôt temps de raccrocher. Il avait sa famille après tout. Et sans compter les risques, ces opérations qui l'éloignaient de chez lui pendant plusieurs semaines commençaient à le peser. Et puis, il n'était plus tout jeune. Ces nuits entières à fouiller les entrailles de la planète devenaient de plus en plus difficiles à tenir. Et le salaire conséquent que percevaient les explorateurs ne justifiait plus tout cela. Lia était partie. La terre était à eux. Non, décidément, il n'avait plus qu'à rentrer chez lui, vivre sur la voie de ses ancêtres.
"La sonde a atteint la première galerie. Je vérifie la brèche. Reste en place et assure l'éclairage." Odroba stabilisa sa position et suivit les instructions de Wilem, qui parvenaient directement à son oreille grâce au récepteur intégré au casque. Pour une fois, la Kokowa Extraction n'avait pas lésiné sur la qualité des équipements, pensa-t-il avec une certaine ironie. Il resta ainsi de longues minutes, braquant le faisceau projecteur selon les besoins de Wilem. Sa position devenait de plus en plus inconfortable. Coincé dans le goulot, les pieds en équilibre sur des avancées rocheuses, le poids du projecteur pesant sur ses bras, il commençait à transpirer à grosses gouttes sous la chaleur de cette énorme combinaison. Il se sentait fatigué. Oui, ce serait bien la dernière. Finalement, la brèche fut accentuée suffisamment pour dégager une entrée et il vit son équipier disparaître dans la galerie transversale.
A toi. Le passage est balisé.
Odroba descendit à sa suite, prenant garde à bien respecter la voie dessinée sur la paroi par les petits émetteurs fluorescents qu'avait disposés Wilem.
Il déboucha à son tour dans l'ancienne galerie numéro 1. A sa grande surprise, elle était presque intacte. Wilem avait déjà sorti la majeure partie des équipements d'analyse. Il semblait décidé à ne pas perdre de temps.
Odroba avait besoin de reprendre son souffle. Il balaya le couloir de la galerie de son projecteur, amenant progressivement la lumière sur l'horreur habituelle, comme ils la nommaient entre eux. Des corps de mineurs coincés sous les décombres dans des mares de sang séché. Des membres qui dépassaient des éboulements rocheux. Et le pire de toute cette habituelle horreur... ces cadavres pourrissant aux pieds de la paroi, les doigts rongés d'avoir trop creusé la terre. Des doigts de mineurs morts étouffés ou morts de faim, qui avaient gratté et gratté et gratté encore pour ouvrir un passage à l'air qui leur manquait...
Heureusement, les combinaisons si modernes qu'ils portaient les immunisaient à l'insupportable puanteur de ce charnier. _________________ Site perso |
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Viktor commère galactique

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Posté le: Mar 20 Juin 2006, 09:39 Sujet du message: |
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Hameau de Chopok, Plaines de la Victoire.
Joah filait le long du sentier qui le ramenait chez lui. Le soleil se couchait et il n'avait pas atteint la moitié du chemin ! Mama Samasso allait bien l'accueillir encore ! Il accéléra l'allure et, dans sa précipitation, manqua de se prendre les pieds dans l'un des innombrables cratères qui jonchaient le sentier. Les plaines de la Victoire...
A l'école il avait appris que c'était là que les libérateurs avaient anéanti l'armée rebelle qui défendait l'accès à Elanka. C'était il y a bien longtemps. Et rien n'était comme maintenant. Maintenant... Les restes d'un champ de batailles long de 200 km... Des grandes étendues autrefois si fertiles et désormais dévastées. Un si vaste terrain de jeu, parsemé de trous d'obus, de quelques épaves de tanks sterns et d'autres véhicules de combat, de matériel laissé à l'abandon. Et sans doute peuplé de corps enfouis et d'esprits malins.
Quand il était plus petit, il avait voulu profiter de ce splendide décor pour y jouer à cache-cache avec ses amis. La raclée que Papa Odroba lui avait mise lorsqu'il les aperçut lui avait bien fait comprendre qu'il ne devrait plus jamais franchir le périmètre de sécurité. Alors ils restaient au sein du hameau, lui et ses amis. Ou ils descendaient jusqu'à Algochek.
Là-bas, il pouvait voir sa sœur et ses nombreux anciens camarades de jeu qui avaient quitté Chopok. Parce que ce n'était pas sûr, ou qu'il n'y avait pas de travail pour leurs papa et mama. C'était triste. Du coup, il devait faire les 8 km à pied quand il voulait les voir. Et en prime, il allait se faire sermonner par Mama Samasso ce soir... Peut-être aurait-il du rester chez sa sœur, comme l'autre fois ? Il se sentait si fatigué. Il arrêta sa course pour reprendre haleine.
Au bout de l'horizon, le dernier soleil allait bientôt disparaître. Joah commençait à sentir la peur. Bientôt il ne pourrait plus voir le chemin. Cette piste de quelques mètres de large que les anciens avaient tracé et sécurisé au milieu du carnage. Une étroite bande de terre qu'on pouvait emprunter sans risquer de sauter sur une mine ou de se prendre les pieds dans le bout d'un fusil ou d'un corps à moitié enfoui. Et Mama Samasso ! Qu'est-ce qu'elle lui mettrait si jamais il se trompait de chemin ! Il ne put retenir ses larmes, qui éclatèrent bientôt en véritables sanglots. Joah s'allongea sur le sol et serra son ballon contre lui. Il s'en voulait de pleurer comme une fille. Ca faisait si longtemps qu'il n'avait pas pleuré. Si ses copains le voyaient...
Il essaya de reprendre le contrôle de lui-même mais il ne savait toujours pas ce qu'il devait faire. Et la solitude, la peur, la culpabilité, tout cela se mêlait en lui et le paralysait. Epuisé, il finit par s'endormir dans les larmes, allongé en travers du chemin. _________________ Site perso |
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Viktor commère galactique

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Posté le: Mer 21 Juin 2006, 09:32 Sujet du message: |
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Hameau de Chopok, Plaines de la Victoire.
Dans la maison des Estephan, Samasso se rongeait les sangs en voyant l'heure tourner. Mais où diable avait-il encore pu se fourrer ce Joah ? Elle avait fait le tour du voisinage, mais personne ne l'avait vu aujourd'hui. Et non, aucun autre enfant ne manquait à l'appel. Ca ne ressemblait pas à son Joah de disparaître sans donner de nouvelles... Et si...
La nuit approchait et il n'était toujours pas là. Et Odroba qui était parti pour une mission. Elle se sentait si seule subitement qu'elle faillit se laisser submerger par sa tristesse. Et s'il était arrivé quelque chose à son Joah ? S'il était allé jouer au milieu des bombes ? Ou s'il s'était fait enlever par un de ces clones qui patrouillaient parfois dans le secteur ? Ces ignobles humanoïdes au cerveau vide qui l'effrayaient tant. Une petite main se posa sur son bras.
"Ce n'est rien Mama. Il a du partir à Achotek ce matin. Il n'aura pas vu l'heure et sera resté dormir chez Lia. As-tu appelé au moins chez Lia ?"
Samasso sursauta et dut se contrôler pour ne pas se jeter dans les bras d'Idrissa et la serrer tout contre elle. Elle n'y avait pas pensé ! C'était pourtant si évident. Et ce n'était pas la première fois qu'il allait dormir là-bas. Sans doute n'avait-il pas eu le courage d'attendre son retour du travail pour la prévenir. Et il aura oublié de l'appeler. Mais Lia ? Pourquoi n'avait-elle pas appelé, elle ?
Samasso fit un petit sourire à Idrissa, et déposa un baiser sur son front avant de se ruer sur l'holocom pour tenter de joindre sa fille à Achotek. Aucun signal. Elle réessaya à de nombreuses reprises pour autant d'échecs... Zut ! En même temps, cela pouvait expliquer leur silence.
Idrissa, qui l'avait suivie et se tenait sur le palier, lui sourit de nouveau.
"Tu vois Mama ! Elle aura essayé de te prévenir, mais notre holocom doit encore déconner !"
Samasso fit les gros yeux. Idrissa pouffa avant de se corriger.
"Pardon Mama. Il ne doit plus marcher correctement, encore une fois. Mais c'est pour ça que Joah nous a pas dit. Sinon Joah nous aurait dit ! Donc il ne faut pas s'inquiéter !"
Idrissa tapa dans ses mains, avant de retourner dans sa chambre rajuster son casque virtuel et replonger dans les univers imaginaires qui défilaient à sa demande. Samasso ne quittait plus le fauteuil de l'holocom. Elle essayait de se convaincre qu'Idrissa avait raison. D'ailleurs, c'était l'explication la plus logique. Idrissa avait toujours été si calme... comme son père. Ah son père qui n'était pas prêt de rentrer... Et cet holocom qui ne fonctionnait pas et qu'elle ne savait pas comment réparer ! Elle donna un petit coup de poing sur la console... sans conséquences. Vivement qu'il revienne, se dit-elle, sans savoir sur le coup si elle pensait à Joah ou à Odroba. Joah... Samasso essayait d'oublier cette frayeur idiote qu'elle ne le reverrait plus, mais la boule d'angoisse qui se formait dans son ventre ne disparaîtrait pas aussi facilement. Elle avait l'étrange pressentiment que cette nuit, un drame allait survenir... L'instinct d'une mère ? _________________ Site perso |
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Viktor commère galactique

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Posté le: Jeu 22 Juin 2006, 11:03 Sujet du message: |
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Résidence administrative B2, premier sous-sol, Achotek.
Plaquée contre la porte de la salle d'entraînement, Lia sentait le plaisir monter en elle. Red la connaissait si bien maintenant qu'il accéléra la cadence, accordant ses mouvements au rythme de sa partenaire. Elle le serra contre elle, enfonçant ses ongles dans la chair de son épaule lorsque le plaisir atteignit son paroxysme.
Epuisée, mais heureuse, elle se laissa glisser dans ses bras. Elle déposa un baiser sur ses lèvres, sa joue, son nez, son cou, lui susurrant mille je t'aime. Il la regardait avec ce sourire et cet éclat dans les yeux. Elle ne put réprimer un petit cri de surprise lorsqu'il la prit dans ses bras et l'entraîna vers les douches. Ils ne purent s'empêcher d'en rire.
Le vacarme dans le couloir mit fin à leur petit moment. Quelqu'un descendait à toute allure les escaliers branlants qui menaient à la salle. Lia pesta intérieurement. Personne ne venait s'entraîner aussi tard d'habitude ! Red la reposa et la fixa d'un regard inquiet, visiblement pris au dépourvu et incapable de réagir. Elle fut plus prompte à se décider. Le poussant dans les douches, elle referma la porte sur lui et courut jusqu'au vestiaire enfiler une veste de combat. Juste à temps...
La porte s'ouvrit sur le visage affolé d'Ezren. Lia sentit comme une douleur physique lui déchirer le cœur. Elle était prise sur le fait. Elle serait expulsée de l'école pour avoir osé braver le règlement en amenant un homme dans cette résidence. Elle serait déshonorée et les portes de l'administration lui seraient à jamais fermées. Elle ferait la déception de Mama Samasso... Et que dirait Papa Odroba quand il saurait que la cause de son renvoi était un homme... Elle s'apprêta à supplier sa camarade de chambrée de ne rien révéler, mais celle-ci ne lui en laissa pas le temps : O Lia, tu es là ! Je ne te trouvais pas. Les soldats sont partout ! Il faut évacuer. Vite Lia ! Elle finit dans un cri avant de disparaître en courant.
Lia traversa un nouveau choc en peu de temps. Cette fois, ce fut son tour de rester comme paralysée. Et qui sait combien de temps elle serait restée ainsi prostrée si Red n'était pas sorti des douches pour lui prendre la main. Lia, tout ira bien... Mais nous devrions partir maintenant... Il lui tendit ses vêtements et elle suivit son exemple en se rhabillant à la hâte. Ils filèrent dans les escaliers pour déboucher sur un hall grouillant d'étudiantes affolées qui se bousculaient vers la sortie.
Red se fraya un chemin, l'entraîna à sa suite quand elle s'arrêta subitement. Il sentit une résistance dans son bras et se retourna.
"Lia ! Vite...
- Et... et Mama Samasso ?
- Hein ?
- Et Mama Samasso ? Et Idrissa ? Et Joah ? Ils n'ont pas du les prévenir. Ils ne savent pas ! Il faut les prévenir !
- Lia, NON !"
Il tenta de la retenir comme elle glissait sa main hors de la sienne. Il s'avança sur elle et lui encercla la taille de son bras alors qu'elle tentait de faire demi-tour.
"Lia, nous n'avons pas le temps ! Ils les auront prévenus, j'en suis sûr. Ne fais pas l'idiote, je sais où nous pourrons trouver un abri, mais nous n'avons pas beaucoup de temps ! Viens, je t'en prie.
Il lui jeta un regard implorant qui eut pour seule réponse une lueur de colère dans les prunelles de la jeune femme. Elle se dégagea violemment de son emprise et fonça à contre-courant, remontant les escaliers centraux qui menaient aux dortoirs.
Sur le seuil de la chambrée, elle dut s'arrêter un instant tant elle fut surprise par le chaos qui y régnait. Des valises éventrées, des vêtements abandonnés, des lits déplacés. Cette pièce que le règlement imposait de tenir si ordonnée... Puis la raison de sa venue la frappa de nouveau et elle se précipita sur l'holocom commun situé au fond de la pièce. Réseau saturé, veuillez réessayer plus tard. Réseau saturé, veuillez... Réseau saturé. Réseau saturé. Réseau saturé. Elle essaya encore et encore. Toujours cet hologramme et cette voix enregistrée qui égrenaient leur verdict. Elle frappa du poing contre le mur mais dut se résoudre... Aucun moyen de joindre Chopok...
Résignée, elle traversa le dortoir, d'un pas calme qui contrastait avec la violence des sentiments intérieurs. Elle passa devant son compartiment sans s'en rendre compte et laissa là les affaires auxquelles elle tenait tant. Elle descendit machinalement les marches qui la conduiraient dans ce hall qu'elle venait de quitter. Tout semblait si calme désormais. Elle n'entendait plus la folie de la panique, ces cris, ces claquements, ce capharnaüm... Seules les sirènes persistaient. Combien de temps était-elle restée là-haut ?
Elle posa le pied sur la dernière marche, levant enfin la tête pour contempler le décor triste de ce grand hall entièrement vide. Entièrement... Red était parti... _________________ Site perso |
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Viktor commère galactique

Inscrit le: 16 Avr 2004 Messages: 704
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Posté le: Ven 23 Juin 2006, 09:49 Sujet du message: |
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Frégate minière B113, secteur XX de la galaxie Empirium.
Tout droit sorti des chantiers spatiaux de la ConstruTek, la frégate minière B113, issue de la nouvelle génération, faisait route vers son point d'ancrage : une orbite stationnaire à quelques milles kilomètres à la verticale des couches minières d'Elanka. Le voyage avait duré plusieurs mois déjà et tout l'équipage était heureux d'en sentir la fin. Bientôt, la frégate rejoindrait le giron de la Stolkener Acier, une compagnie montante qui prospectait uniquement par MODs sur de nombreuses planètes du secteur, les "livreurs" prendraient le chemin du retour et feraient place aux "mineurs" et les activités d'extraction pourraient enfin commencer.
Mais pour l'instant, il fallait maintenir sa position et attendre les accréditations du Centre de Contrôle d'Elanka pour pénétrer dans la fameuse zone de 10 D.U., espace territorial de la planète. Sans cela, ils prendraient le risque d'être pris pour cible par les canons de défense de quelques frégates d'assaut... Même si le commandant de bord en doutait, la planète semblait trop isolée pour bénéficier d'une flotte défensive... De là à en prendre le risque !
Normalement, les vérifications d'usage ne prendraient que quelques heures. Le Centre de Contrôle, après accord, enverrait une navette et quelques inspecteurs pourraient alors s'attaquer à leur petite routine d'usage. Pour un vaisseau d'extraction destiné à être livré à un prospecteur connu par les autorités, cela ne serait pas bien long. Puis ce serait au tour des ingénieurs de la Stolkener de vérifier l'état de leur nouveau jouet... Mais cela ne serait pas bien long non plus. Oui, dès demain, la frégate serait admise et prête pour livraison. Et il pourrait prendre le chemin du retour.
Jason Kwoudë était confiant. Ce n'était pas la première mission de ce type qu'il dirigeait. Et pour une fois, il pouvait se féliciter que tout se passât sans accroc. Avant de confirmer la demande d'envoi de la "commission d'inspection", Jason entreprit de faire lui-même un dernier tour des installations, comme il aimait le faire. Cela le rassurait et puis, la frégate étant pour une fois livrée avec quelques jours d'avance sur le planning, il pouvait se permettre cette précaution supplémentaire.
Sa visite ne révéla rien d'inquiétant dans la salle des machines, si ce n'est quelques désordres qui valurent une réprimande au chef d'atelier. Les MODs extracteurs semblaient en parfait état de marche, même s'il n'avait à sa disposition aucun moyen pour le confirmer. L'inspection des soutes donna également satisfaction, tout comme l'ensemble du vaisseau... C'est donc avec un léger sourire qu'il reprit sa place dans le poste de commande.
"RAS ?", lança-t-il aux opérateurs qui s'activaient derrière leurs consoles, dans une dernière volonté de s'assurer que tout allait parfaitement bien.
- Poste 1, RAS mon commandant.
- Poste 2, RAS mon commandant.
- Poste machines thermiques, RAS mon commandant.
- Poste 3, RAS mon commandant.
- Poste 4 au rapport. Commandant, les radars signalent un vaisseau en approche. Sans signature mon commandant."
Cela n'était guère habituel. Les vaisseaux de commerce du secteur possédaient tous un système de reconnaissance automatique, s'activant par leur couverture radar, et permettant d'identifier immédiatement les vaisseaux en approche. Seuls les vaisseaux de guerre... Peut-être Jason s'était-il trompé. Peut-être existait-il réellement une flotte de défense en protection de cette planète. Ce n'était plus si rare après tout, surtout pour une planète minière de cette importance. Il décida cependant de clarifier tout cela.
" Poste 4, avez-vous tenté d'entrer en contact avec lui ?
- Affirmatif mon commandant. Sans réponse mon commandant.
- Tiens donc... D'autres indications quant à sa nature ?
- D'après les scanners, qui se précisent de minute en minute, je dirais qu'il s'agit d'un très gros vaisseau mon commandant... Sans doute un Commodore. Et il se déplace à une vitesse impressionnante mon commandant."
Un Commodore non signalé en approche rapide d'une planète... Cela devait arriver, cela pouvait sans doute s'expliquer... et pourtant... Méfiant, Jason ouvrit un canal de communication avec le Centre de Contrôle d'Elanka afin de vérifier s'ils avaient connaissance de ce vaisseau. Son interlocuteur fut formel : aucune demande d'approche effectuée de la part de ce vaisseau. Mais ce n'était pas si rare. Les Commodores en déplacement s'embarrassaient rarement de demander l'accord des autorités planétaires. Lorsqu'ils apparaissaient dans les radars plus que limités de la planète, le Centre de Contrôle envoyait une demande de signalement. Si aucune réponse n'était donnée, ce qui n'était pas si rare non plus, la loi exigeait qu'il mette en branle les protocoles d'évacuation. C'était absurde, pensait-il. 12 alertes dans l'année ! Rien que ça, et sans doute allait-il devoir encore en lancer une aujourd'hui... pour satisfaire la paranoïa des dirigeants. Parce que, fallait pas croire, ça coûtait cher ces alertes incessantes là ! Et puis, les gens en avaient marre, et le pire de tout : ils finissaient par ne plus y croire.
Enfin... pour l'instant, les radars ne percevaient même pas sa présence. Avec un peu de chance, il dévierait sa trajectoire à temps pour leur éviter un nouveau hurlement de sirènes. Lui ne pouvait plus les supporter, ces hurlements stridents des sirènes.
Jason, à l'écoute de la complainte, commençait à regretter de s'être lancé dans cette discussion. Il s'esquiva poliment, et coupa la communication, guère rassuré par son entretien avec cet incompétent notoire. Il dépêcha une sonde d'observation vers le gigantesque vaisseau qui faisait route vers Elanka.
Les images qu'elle lui transmit confirma ses pires craintes... Le pavillon affiché par le Commodore ne pouvait laisser aucun doute quant à la nature de ses intentions.
Quelques minutes plus tard, l'alerte générale était lancée sur Elanka... _________________ Site perso |
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Viktor commère galactique

Inscrit le: 16 Avr 2004 Messages: 704
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Posté le: Lun 26 Juin 2006, 10:03 Sujet du message: |
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Le Suscion dévorait l'espace le séparant de sa cible. La batterie de réacteurs donnait à plein régime. Les modifications apportées au système de propulsion avaient grandement amélioré sa vitesse de déplacement, permettant au vaisseau pirate de distancer d'éventuels poursuivants, mais aussi de profiter pleinement de l'effet de surprise. L'attaque n'avait pas à être planifié. Les cibles se trouvaient sur sa route, le long de cette trajectoire filante qui l'amènerait sur l'objectif final... La raison en était suffisante. Et les habitants ne connaîtraient jamais les causes du déluge qui détruira toute vie sur la planète... pour de longues années. Telle était la force du Suscion. Tel était le plaisir de démiurge qu'en tirait son commandant.
Quelques jours auparavant, à la fin de la dernière "séance d'expérimentations", le traditionnel "conseil de recherche" s'était formé autour de lui. Toutes les données avaient été soigneusement analysées et une carte détaillée de la région s'étalait en hologramme au centre de la pièce. Chaque planète dans un rayon de 20 DUs y était répertoriée, représentée dans l'espace du conseil. Un mini-univers virtuel qu'il parcourait, observant une à une les cibles potentielles. Souvent, le seul nom du "possesseur" justifiait le choix. On le voyait alors sourire de cet air malsain en désignant la future cible. Mais souvent aussi, nulle ancienne rancœur ne venait justifier les atrocités qu'il s'apprêtait à commettre. Dans ces cas-là, rien ne semblait guider le doigt destructeur.
Il en fut ainsi pour cette planète où siégeait Elanka. Une sorte de caillou, presque inhabité, dont la seule ressource était les quantités phénoménales d'acier qui gisaient en son sein. Domaine d'un Seigneur sans histoires. Un Seigneur qu'il ne connaissait même pas...
Rien ne semblait justifier l'assaut dont elle serait victime. Rien, sinon qu'elle se trouvait sur sa route, et que les dernières découvertes avaient besoin d'un champ d'expérimentation...
Aussi le Suscion avait-il déclenché sa manœuvre, calculant la trajectoire optimale, lançant les réacteurs à pleine puissance, ignorant tout sur son chemin sauf cet objectif. En quelques jours, ils seraient sur place. Alors commencerait le déluge. Et quelques jours plus tard, ils seraient loin...
L'activité à bord du Commodore avait été particulièrement intense durant cette semaine. Les artilleurs n'avaient pu profiter pleinement de la traditionnelle période de relâche qui suivait un bombardement réussi. Cette fois, au lieu des caisses de Viktorovicth Erikstoff, ce furent des caisses estampillées Viktorian Rhapsody qui leur furent livrées... Les canons à boulets, comme les opérateurs surnommaient ces gigantesques tuyères, dans lesquelles on chargeait les anciennes bombes bactériologiques. Ils avaient été condensés depuis quelques cycles déjà, dépassés par les nouveautés technologiques et la mise au point des sondes bactériologiques. Visiblement, ils reprenaient du service... Et les artilleurs n'avaient qu'une semaine pour remodeler entièrement la salle de tirs.
Les laboratoires eux aussi tournèrent à plein régime. Les nouveaux prototypes de bombes H13, développées par le cerveau génial mais malade de Tourâch, seraient utilisés lors des prochains largages. Comme toujours dans ces cas-là, la tension était énorme. Il fallait s'assurer que tout se déroulait à la perfection. De la production de ces gigantesques sphères de verre à l'injection du gaz en leur sein. Du containement des bombes ainsi préparées à leur chargement dans les tuyères. Tout devrait se dérouler sans la moindre anicroche. Le Orace P. et ses propriétés particulières devait être manipulé avec précaution tant sa vitesse de propagation et d'activation étaient importantes. Une particule du gaz dans l'atmosphère du Suscion et la portion "vivante" de l'équipage était décimée dans sa grande majorité. Enfin, c'était ce que les tests menés sur les esclaves semblaient indiquer... Il s'agissait désormais de vérifier tout cela lors d'une expérimentation "à taille réelle".
Le Suscion ne prêta pas attention à la frégate minière qu'il manqua de heurter en prenant position. Les manœuvres avaient déjà démarré. Pendant plusieurs heures, les canons du Commodore déverseraient leur pluie de mort. Les entrailles du vaisseau se videraient de leurs putrides conceptions. Sur leur proie.
Les ordres furent donnés.
Placide, Hedkar enclencha la mise à feu. _________________ Site perso |
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