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Developpement Empirium
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Viktor commère galactique

Inscrit le: 16 Avr 2004 Messages: 704
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Posté le: Ven 26 Aoû 2005, 14:19 Sujet du message: Voyage ... |
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Galaxie Empirium, Secteur B5
Cycle 14 de l'ère post-apocalyptique
Edagh sortait peu à peu de ce sommeil profond et sans rêve. Le grand trou noir dans lequel il était plongé commençait à s'éclaircir. Le nuage de cotons qui remplaçait ses pensées se dissipait peu à peu, non sans laisser place à une irritante douleur... Le terme était peut-être mal choisi... Il n'avait pas mal. Il devait juste supporter cet incessant bourdonnement. Sa tête vibrait. Il ouvrit les yeux mais ne vit rien d'autre que ce noir qui l'enveloppait depuis... depuis quand ? Il ne se rappelait plus. Il venait d'émerger d'une profonde torpeur.
Edagh se pencha en avant et porta la main à sa bouche. Une violente nausée s'était déclenchée dans son ventre et il fut pris d'une crise de vomissements... mais rien ne vint. Son estomac vide depuis des jours n'avait plus rien à libérer. La crise passa. Edagh se sentit mieux. Il était à genoux à même le sol. Un sol froid et sombre. Une matière qu'il ne connaissait pas. Il n'avait vu que du bois et de la terre battue. Dans son village, ils n'utilisaient plus que ça. Pas cette étrange matière lisse, dure. Il se mit à caresser le sol de ses mains, retrouvant peu à peu des sensations, sortant de la prison que son corps avait constitué durant ces derniers jours. Le bourdonnement s'amplifiait. Là, il devenait douloureux.
Edagh s'allongea sur le sol. Il avait froid. Il ne savait pas où il était. Et il se sentait si mal...
Il se frottait les yeux mais il ne voyait rien. Tout était toujours aussi noir. Oppressant. Etait-il aveugle ? Non, non. Il s'en souviendrait. Il n'aurait pas cette impression de perte, liée au fait de ne rien percevoir. Il tenta de se mettre debout mais ressentit une vive douleur à la cuisse droite qui le fit se rasseoir immédiatement. Un flash traversa son esprit. Un soldat en armure noire debout au dessus de lui. Ce K rouge gravé sur la poitrine. Ce casque noir aux peintures rouges... du sang ? Le soldat avait ôté son casque et ... Le bourdonnement devint insupportable, et il laissa échapper un cri de douleur et de rage. Où était il ? Que lui était-il arrivé ?
Son cri se transforma en gémissement, avant que des larmes ne viennent baigner son visage. Une détresse profonde. L'impression d'être totalement perdu. Etait ce la mort ? Etait ce l'autre monde dont ce vieux fou le bassinait ? Il délirait maintenant. Sa faiblesse physique et mentale laissaient place aux pensées les plus folles. Des rêves remplaçaient le peu cohérence qu'il avait réussi à montrer depuis son réveil. Il courait sur la route de Gronheim. Il était poursuivi par la milice. Quel idiot il avait été de se faire voir par ce gros Mouldren. Il courait à perdre haleine. S'il était pris, il aurait droit au geôle. Non, il ne voulait pas y retourner. Il connaissait le pays, il lui suffisait de suivre cette longue piste noire. Cette piste lisse et sans obstacles. Cette piste au milieu des nuages. Dans le noir et le froid. Il courait encore plus vite. Il courait au milieu des étoiles et s'il se faisait attraper, il serait vidé de son sang. Ils avaient déjà commencé. Il le sentait partir de sa blessure. Sa vie s'écoulait par l'ouverture que les dents avaient creusée. Et il le buvait. Il buvait sa Vie et son Ame.
Edagh se réveilla dans un sursaut. Il avait replongé dans la torpeur. Et le retour à sa nouvelle réalité s'accompagnait d'un désagréable sentiment de peur. Qu'avait-il rêvé ? Il ne se souvenait plus. Il secoua la tête. Il ne devait pas céder à la folie. Il devait résister. Il devait ... compter ! C'est ce qu'il faisait dans les geôles de Vold Jenen. C'est ce qui lui permettait de tenir... Il se releva, prenant garde cette fois à ne pas prendre appui sur sa jambe blessée. Sa tête faillit heurter le plafond et il dut se courber pour pouvoir tenir debout. Pourtant, il n'était pas spécialement grand. Un mètre soixante dix, dans ces eaux là. Oui, cela devait être ça. Et la pièce ? Quelle hauteur alors ? Un mètre cinquante ? A peu près... Etait-il dans un tunnel ? Une nouvelle geôle ?
Il décida de ne pas laisser errer ses pensées et se mit à avancer prudemment, les bras droit devant lui à la recherche d'un obstacle. Il traînait quelque peu la jambe. Il n'avait pas le courage de s'attarder sur la blessure. Un nouveau flash, la vision de cette bouche qui ... Il fit disparaître l'image et se remit à avancer. A peine deux pas plus loin, il heurtait une surface plane, aussi lisse et froide que le sol. Il fit parcourir ses mains le long du mur. Rien. Pas la moindre aspérité. Pas la moindre décoration. Cette surface uniforme... Il se sentit défaillir et il dut porter son poids sur ses bras et s'appuyer sur le mur pour ne pas retomber à genoux. Il respira de grandes bouffées d'air et entreprit de longer cette surface verticale. Son talon droit venait se poser juste devant la pointe du pied gauche, et ainsi de suite. Il comptait les pas. Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Le sixième fut bloqué par la rencontre avec un nouveau mur. A raison de trente centimètres environ par pas, cela faisait ... un mètre cinquante ? A peu près.
Edagh déglutit difficilement. Il ne devait pas se laisser aller. Il tourna le long de cette nouvelle surface et entreprit de mesurer la largeur de la pièce de la même manière.
Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Mur... Un mètre cinquante ... A peu près...
Edagh sentit un souffle de panique s'emparer de lui. Il était dans un cube. Un cube hermétique. Un cube sans porte, sans ouverture, sans fenêtre. Il ne put tenir cette fois et tomba de nouveau à genoux. Il laissa les larmes couler sans chercher à les retenir. Il ne comprenait rien à ce qui se passait. Mais où était-il bordel de merde ? Se pouvait il vraiment qu'il soit mort ? Mais comment ? Quand ? Il porta les mains à son visage. Il se mit à parler à haute voix.
Je dois rester concentré. Je ne dois pas divaguer. Si je reste maître de moi, tout ira bien. Je dois me rappeler. Je vais me rappeler. Il faut que je me concentre. Il faut que je pense. Je ne dois pas avoir peur. Je vais me rappeler. _________________ Site perso |
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Viktor commère galactique

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Posté le: Sam 27 Aoû 2005, 12:08 Sujet du message: |
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Galaxie Empirium, Secteur B5
Ere Impériale
Planète référencée 252
"Au voleur ! Au voleur ! Attrapez moi ce salopiau qu on lui apprenne à vivre ! "
La voix de Mouldren résonnait sur toute la place du marché. Ce gros fermier, dont la taille de ceinture démontrait l'opulence, était en train de s'égosiller pour un malheureux poulet. La peste soit de ce maudit !
Edagh courait le long des étals, bousculant deux trois personnes au passage. Il lâcha sa prise dans la poursuite, espérant ainsi calmer les ardeurs des deux commis de Mouldren qui s'étaient lancé à sa poursuite. Peine perdue. Les deux jeunes, zélés comme il convient pour de pauvres garçons de fermes sans avenir, pensaient déjà à la raclée qu'ils pourraient lui mettre. Dire qu'il buvait un coup avec eux à la taverne de la Croix il y a pas deux nuitées... La peste soit de ces maudits !
Edagh commençait à espérer en sa fuite. Avec un peu d'agilité et énormément de chance, il avait réussi à déjouer les pièges du marché. Coulant sous les bras des passants cherchant à gagner leur moment de gloire en attrapant un voleur, évitant avec soin la zone de la milice, prenant par les petites ruelles sans vie de ces jours de marché, il était parvenu à sortir de Vold Jenen. Il était enfin sur la route de Gronheim. Quelques kilomètres à tenir devant ces deux acharnés et il serait sauf. Nul milicien de Vold Jenen n'ayant suffisamment d'autorité dans la cité de pierre pour réclamer au gouverneur un simple voleur de poulet. Ca, il le savait bien. Ce n'était pas la première fois qu'il se trouvait dans cette situation. Il lui suffisait de courir, courir aussi vite qu'il le pouvait, ne pas tenir compte de la lourdeur de ses jambes. C'était un habitué de la fuite, et déjà il prenait de l'avance sur ses poursuivants. Il se permit même une petite boutade, se retournant pour leur adresser un signe ... d'amitié... à sa manière.
"Halte là ! Où vas tu comme cela à courir comme un acharné ? "
Edagh se sentit brutalement stoppé dans sa course par une poigne de fer qui l'agrippa au col. Il n'avait pas prêté attention aux gardes impériaux. Ceux-ci se tenaient en bordure du campement des "malades". De loin, il les avait pris pour un de ces groupes de fous qui erraient dans la plaine entre Gronheim et Vold Jenen. Aucun de ces prédicateurs de mauvaise fortune, de ces damnés de la Terre, ou de ces porteurs de maladie n'étaient acceptés dans les villes impériales, de peur qu'ils puissent contaminer les honnêtes citoyens. Comment avait il pu se laisser abuser ainsi ? Le garde portait pourtant les couleurs impériales... Edagh aurait du flairer le mauvais coup... Il se maudit furieusement pour s'être laissé aller ainsi. Trop sûr de son coup, il avait relâché son attention... Et maintenant, il se trouvait entre les mains de ce foutu garde impérial, et les deux misérables servants de Mouldren ne tarderaient pas à réclamer leur proie... La peste soit de ce maudit !
"Alors citoyen ? Tu oses garder silence devant un représentant de l'Empereur ?"
Edagh fut contraint de se retourner et de faire face à la masse imposante du garde. Il faisait bien deux bonnes têtes de plus que lui, et dans son épaisse armure de synthèse, il paraissait deux fois plus large que le petit voleur. Il essaya d'éviter le regard froid et dur de l'Impérial. Il n'avait jamais eu confiance en ces soldats. Aldebert avait eu affaire à eux une fois. Pour une broutille qu'il lui avait dit. Il avait fini en charpie. Près de trois semaines qu'il était resté au lit, et il en boitait encore. Edagh se dit qu'il ne devait pas tenter sa chance. Après tout, mieux vaut les geôles de Vold Jenen que la déportation dans les mines d'acier... Il aperçut du coin de l'oeil ses deux poursuivants arriver au sommet de la colline. Ils semblaient crier après lui. Deux trois minutes encore et ils seraient à portée de voix. Après tout, il avait peut être encore sa chance...
"Ma mère est malade monsieur... Je ... je dois lui porter rapidement ce remède que le vieux Jabot m'a donné. C'est une question de vie ou de mort monsieur... "
Le garde Impérial serra sa prise sur les avants bras d'Edagh et plongea son regard bleu acier dans les yeux fuyants du voleur. Il sembla scruter pendant une bonne minute. Edagh se sentait mal à l'aise, comme si le regard de l'Impérial pénétrait dans son crâne. Cela en était presque douloureux. Finalement, le garde éclata d'un rire franc et sonore, avant d'attraper Edagh par le coup et de le soulever d'une bonne quinzaine de centimètres. Edagh étouffait et se débattait comme il pouvait, les pieds frappant l'air qui l'entourait, ou parfois, rencontraient les épaisses jambières de l'armure du soldat. Visiblement sans grande gêne pour ce dernier.
Il commençait à voir flou... Il distingua à peine les deux commis lorsque ceux-ci apparurent aux côtés du garde Impérial. Ils semblaient réclamer sa tête, mais le garde ne leur prêtait pas attention. Il restait à fixer sa proie de son regard de dément. Edagh fut pris d'une crise de panique. Il n'allait pas relâcher son étreinte. Il allait le tuer. Il se mit à pleurer alors que son visage rougissait sous la pression de la serre. L'air n'arrivait plus. Il tomba évanoui... _________________ Site perso |
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Viktor commère galactique

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Posté le: Lun 29 Aoû 2005, 11:41 Sujet du message: |
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Galaxie Empirium, Secteur B5
Jour 2 du 14ème Cycle de l'ère post-apocalyptique
Le garde Impérial le secouait de plus en plus fort et la tête d'Edagh heurtait la surface lisse et froide qui se tenait derrière sa tête... Choc sourd... Une douleur aiguë, située juste au dessus de la nuque, le tira de sa torpeur. Le garde Impérial avait disparu, tout comme les autres composantes du rêve-souvenir. Edagh ouvrit les yeux. Le noir total. Encore et toujours. Mais cette sensation d'être secoué dans tous les sens. La caisse bougeait. Un grand coup sourd porté sur une des parois de la caisse le fit sursauter. Il porta la main à la bosse qui était apparu derrière son crâne lors de son choc contre la paroi. Rien de bien méchant mais dans l'état d'extrême faiblesse qui le caractérisait, cela lui semblait être une douleur insupportable. Depuis combien de jours n'avait-il pas mangé ? Depuis combien de jours portait-il ces douleurs à l'estomac, qui le faisaient se plier en deux maintenant. Partagé entre la furieuse nécessité de se vider dans cette boîte, de soulager un peu les crampes abdominales et l'envie de conserver un espace vital non souillé... ou si peu.
Il essaya de se situer de nouveau dans la caisse. De retrouver une place à peu près confortable, le plus loin possible du coin où il avait été contraint d'uriner. Y repenser fit remonter à son souvenir l'odeur ignoble qui en émanait, provoquant une nouvelle crise de dégoût et une violente nausée.
Cette prison était la pire qu'il n'ait jamais connu. Aldebert avait raison. Les Impériaux étaient bien pires que la Milice. Pourquoi ce garde avait il jugé bon de l'enfermer dans cette maudite caisse ? Pour un simple vol de poulet ? Edagh savait bien que ce n'était pas la seule raison. Ce Bellatore avait agi ainsi car il était un sans caste ! Un moins que rien que l'on pouvait traiter comme bon nous semble. Et le gros Mouldren, qui arborait si fièrement son insigne d'Agricolae, avait sans nul doute réclamé une lourde sentence pour le déchêt, le rebus, le sans-caste qu'il était ... La peste soit de cet Empire ! Edagh fut pris d'une soudaine haine à l'égard de ses tortionnaires. Etait ce sa faute s'il était né sans parents ? Etait ce sa faute s'il n'avait pu entrer dans une des écoles d'apprentissage, faute d'argent ? Quel autre avenir pour un enfant sans nom et sans hérédité ? Il aurait du écouter ce vieux fou quand il en avait eu l'occasion. Bien sûr, la révolte grondait. Pourquoi s'en était-il moqué à l'époque ?
Edagh interrompit brusquement le fil de ses pensées... Quelque chose n'allait pas... Non, bien évidemment, ce n'était pas possible... Il n'avait connu le vieux fou qu'après... dans les geôles de Vold Jenen... Il s'était passé autre chose ... Ce n'était pas à cause du vol de poulet qu'il était là. Il avait déjà purgé sa peine... Il s'était passé autre chose... Le soldat à l'armure noire... Etait il un rêve ? Avait-il existé ? Edagh ne voulait pas se souvenir. Par réflexe, il porta la main à sa jambe blessée, caressant doucement la plaie, maintenant refermée. Il ne pouvait voir les marques que les canines du Légionnaire avaient laissées dans sa chair. Il secoua la tête. recommençait à perdre le fil. Ce n'était pas bon. Il fallait qu'il reste concentré. Qu'il reprenne le fil de son histoire.
Un nouveau choc, beaucoup plus violent que les précédents, le projeta contre la paroi de la caisse. Son visage s'écrasa contre le mur avec un bruit sourd. Ses dents se refermèrent brutalement, ouvrant ainsi une plaie douloureuse et terriblement insupportable dans la chair tendre de sa lèvre inférieure. Il ressentit également le choc sur sa pommette gauche, choc dont il portera les marques pendant quelques jours, marques bleutées, jaunâtres puis verdâtres d'un simple hématome. Edagh se mit accroupit, les sens aux aguets. Il se passait quelque chose. La caisse avait changé de sens. Il le sentait. On l'avait retourné. Mais plus rien ne bougeait. Il colla son oreille contre la paroi, mais rien... pas le moindre son. Que devait-il en penser ? Allait-il le libérer ? Etait ce la fin de ce cauchemar ? Il se mit à espérer follement, un brin de lumière dans la noirceur qui l'envahissait complètement. Il attendit ainsi pendant de longues minutes... il attendit sa délivrance, s'attendant à tout moment à voir la caisse s'ouvrir, à voir le ciel de sa belle planète, à voir son soleil luire sur les champs, à voir l'agitation de Gronheim, même la tête de ce fripon de geôlier lui ferait plaisir...
Mais rien ne vint...
Edagh se laissa retomber sur les fesses, son dos heurtant la paroi. Il se mit à pleurer. Il ne voulait pas mourir ici...
(HRP: j'espère que c'est assez aéré ) _________________ Site perso |
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Viktor commère galactique

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Posté le: Mer 31 Aoû 2005, 14:36 Sujet du message: |
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Galaxie Empirium, Secteur B5
Ere Impériale
Planète référencée 242
Edagh se réveilla difficilement. La tête lui tournait et son corps lui semblait si lourd et si douloureux... comme si chaque partie était en elle-même une source de douleur... Il était allongé sur une paillasse dans la prison de Vold Jenen. Le garde Impérial l'avait confié aux bons soins des commis de Mouldren. Ceux-ci lui avaient fait chèrement payé la course... Les poings, les pieds, les coudes, les genoux ... tout avait servi à le frapper.
"Ca t'apprendra à y r'v'nir". "L'prochain' fois qu'tu m'fais courir com'ça, j'te brise les dents." "On fait moins son taverniau, là hein, mon p'tit gars ?" "Avec les bons soins de Mouldren !"
Ils l'avaient roué de coup pendant de longues minutes avant de le porter ensemble, comme un vulgaire sac de grain, à la prison. Là, le gardien n'avait même pas demandé l'avis de la milice. Il connaissait Mouldren, et il lui rendait des petits services de temps en temps. Après tout, donner un petit coup de main à un Agricolae aussi bien placé ne pouvait faire de mal... Il prit donc livraison du prisonnier et le plaça en geôle. Edagh fut projeté dans la cellule. Petite pièce creusée à moitié dans la terre, avec des murs en planche de chêne et un toit plat, elle laissait entrevoir le jour par une étroite fenêtre à barreau. Le mur donnant sur l'intérieur de la prison et la salle de garde était presque entièrement ouvert, de simples barreaux empêchant le libre accès des prisonniers. La porte était vieillotte et percée de nombreux coups de couteau, mais suffisamment résistante pour dissuader de l'enfoncer. Le mobilier était on ne peut plus réduit, un trou dans le fond de la cellule, au pied de la fenêtre, pour les besoins naturels et deux paillasses à même le sol. L'une d'elles était déjà occupé. Un vieillard rachitique, vêtu de guenilles, pieds nus, barbe hirsute et cheveux en bataille. Il semblait plongé dans un profond sommeil. Edagh l'envia un instant et s'allongea également. Ce n'était pas son premier séjour en geôle, et ce ne serait sans doute pas le pire. La cellule était plutôt propre, comparativement à Ghorgh Anteim, et en plus, il avait la compagnie du soleil et de ce vieillard... Restait juste à trouver le moyen de s'allonger sans rouvrir les plaies que les deux maudits commis lui avaient infligés. Il fut à deux doigts de hurler de douleur alors qu'il s'installait, mais il y parvint finalement, et céda rapidement au sommeil.
" Bien le bonjour mon gamin... Ca me fait plaisir de voir ta compagnie dans le coin."
Edagh secoua la tête pour s'éclaircir les idées. Comme souvent, il lui fallut quelques minutes avant de se rappeler où il se trouvait, et à qui pouvait bien appartenir la voix rocailleuse qui le saluait ainsi de si bonne heure. Il ouvrit les yeux pour les refermer aussitôt, tant était vive la lumière des rayons du soleil. Prenant cinq bonnes minutes pour se sentir enfin éveillé, ou presque, il se décida finalement à plisser les yeux, pour voir le vieil homme assis en tailleur sur sa paillasse, un étrange sourire sur le visage. Edagh déglutit, il avait la gorge sèche et aurait donné n'importe quoi pour une bonne rasade d'un liquide quelconque...
"Mouais...", finit-il par marmonner.
Le vieil homme sourit de plus belle, et lui tendit un gobelet. Sans réfléchir, Edagh s'en empara et but d'une seule traite le contenu. L'odeur de l'eau croupie était dégueulasse et le goût encore pire, mais cela faisait tout de même du bien.
"Merci vieux..."
Il reposa le gobelet, et s'allongea de nouveau sur sa paillasse. Rien de mieux pour passer le temps que de pioncer... Mais la voix du vieil homme reprit...
"Tu m'as l'air salement amoché gamin... Ca va ?
- Ca va, ça va ... je m'en remettrais... j'espère...
- Oh, à ton âge, on récupère...
- Ouais... "
Un silence pesant s'installa entre les deux hommes. Edagh crut qu'il allait enfin pouvoir reprendre son rêve là où il l'avait laissé (entre les mains d'une douce jeune femme qu'il n'avait jamais connue), mais le vieil homme semblait décidé à parler.
" Et pourquoi es-tu là ? Es-tu toi aussi l'un des leurs ? "
Edagh grommela quelque chose. Il était légèrement irrité de devoir se soumettre à une conversation aussi tôt après le réveil, mais il ne voyait guère de moyen de l'éviter...
"Qu'est ce que tu racontes vieux fou ? Si je suis là, c'est à cause de ce Mouldren... Il ne m'aime pas, et il arrose la milice... alors ils m'ont mis là...
- Hum...
- Déçu ?
- Non.
- Et ?
- ..."
Edagh n'en revenait pas. Le vieux l'avait harcelé de paroles pour qu'il sorte du sommeil, et voilà qu'il devenait muet comme une tombe quand lui se décidait enfin à parler. Le vieux se détourna même de lui pour se mettre à compter à voix haute les coups de couteaux sur la porte. La peste soit de ce vieux fou ! Il va causer où je l'étripe.
"Et beh vieux, qu'est ce que tu m'voulais pour m'réveiller comme cela ?
- Oh !, le vieil homme sursauta. Je ne te voulais rien. Je ne veux jamais rien. Et je ne voudrais rien. Je regarde, c'est tout. Et je vois. "
C'est bien ma veine, je suis tombé sur un des fous du campement... Mais Edagh souhaitait parler maintenant. Le rêve avait disparu et il ne pourrait y retourner. C'était à cause du vieux, alors il devait bien causer maintenant.
" Et qu'est ce que tu vois ?
- Tu ne sais donc rien de ce qui va arriver ? Tu ne les entends pas tonner ?
- Hein ? De qui tu parles ?"
Le vieux allait répondre quand la porte s'ouvrit, laissant place à l'inamical visage du geôlier. Il entra sans un mot, prit le vieux par le bras et le souleva brutalement avant de le traîner hors de la geôle. Edagh le vit disparaître. Le vieux lui jeta un regard fou, puis la porte se referma brutalement... Edagh était maintenant seul dans sa cellule... Il s'allongea sur sa paillasse et chercha le sommeil. En vain... Et merde... _________________ Site perso |
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Viktor commère galactique

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Posté le: Lun 24 Oct 2005, 00:01 Sujet du message: |
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Galaxie Empirium, Secteur B5
Jour 3 du 14ème Cycle de l'ère post-apocalyptique
Il avait connu la pire nuit qu'il lui avait été donné depuis sa naissance. Il ne trouvait pas d'autres mots pour la définir... Ce silence ... ces odeurs... la fièvre... les cauchemars ... les angoisses... ces douleurs qui le tenaillaient... Il n'avait pas du dormir plus d'un quart d'heure d'affilée avant de se réveiller dans un cri. Il était réveillé maintenant. Dans un état de fatigue et de détresse extrêmes. Il avait des hallucinations maintenant. Il le sentait. Il mélangeait son passé avec son ... présent ? Etait ce bien sa vie ? Il cherchait à se convaincre. Il était prisonnier... c'était un nouveau type de cachot... on viendrait le chercher... il avait du commettre quelque chose d'atroce... de si atroce qu'il ne s'en rappelait plus... sa mémoire cherchait à effacer ce qu'il avait vécu... il n'y avait pas d'autres possibilités...
Il n'était pas mort ! NON ! La douleur ! La douleur voulait dire qu'il vivait. Il enfonça un doigt dans les plaies de sa cuisse, et ne put retenir un hurlement déchirant comme les nerfs à vifs véhiculaient les messages d'alerte au cerveau. L'expérience lui arracha de nouvelles larmes... la douleur bien sûr, toujours, omniprésente... mais la sensation de ne plus rien contrôler... de ne plus être Edagh... Il s'appelait Edagh non ? C'était son nom. Oui, c'était son nom, il le savait... ou bien croyait il le savoir ?
Non non non, je ne dois pas laisser la folie me gagner !
NON !!!!
Il se cogna la tête à plusieurs reprises contre la paroi métallique du cube, espérant faire disparaître les pensées qui agressaient sa raison.
Il devait reprendre son histoire...
Là où ses rêves s'étaient arrêtés...
Dans une autre geôle ...
Le vieil homme. C'était par lui que tout avait commencé... Non, ce n'est pas possible, il ne l'avait jamais revu... L'avait il revu ? Etait il revenu ? Oui... ils s'étaient parlés... Où ? Quand ? Ici ? Non, il n'y avait jamais eu personne... il était seul ici... il n'y avait rien ici... aucun bruit, aucune vie... Mais la cage avait bougé ! Elle avait bougé ! Elle s'était retournée... Vraiment ? En était-il sûr ? Etait ce dans ses rêves ? Il porta la main à sa lèvre gonflée et ressentit la piqûre du contact dans toute sa mâchoire lorsque son doigt effleura la plaie. Récente. Il n'avait pas rêvé cet instant. La caisse avait bel et bien bougé. On l'avait déplacé ? On l'avait retourné pour le harceler, le tourmenter ? Etait ce une expérience volontaire ? Des geôliers sadiques qui torturaient leur prisonniers pour leur propre plaisir ? Il en avait connu de ces ordures... comme il aurait aimé les voir étouffer sous ses mains... mais il n'avait jamais tué personne ! Non ! Il n'avait jamais tué personne... enfin il le croyait. Avait il tué quelqu'un ? Non bien sûr, quelle question ! Pourquoi ne pas demander si ... Non ! Il reperdait le fil. Il ne devait pas. Toujours rester concentré. Toujours. Avait il compté ? Oui, il avait compté. 2 grands coups. Et il s'était retourné. De combien ? Un tour complet ? Un quart de tour ? Il ne savait pas. Comment savoir ? Qui pouvait lui dire ? Le vieux fou ? Non, il était fou, il ne racontait que des histoires incroyables sur la révolte et la fin d'un Empire. Une gigantesque explosion. La fin des mondes. La fin de l'ordre. Le règne du chaos et de l'anarchie. La révolution !
Edagh se mit à ricaner subitement à ces pensées. Qu'était il devenu ce vieux fou ? Etait il dans une cage lui aussi ? A attendre la mort ...
Son sang se glaça lorsque la mort revint dans ses pensées. Et il sentit les larmes revenir sur ses joues. Il se remit à pleurer... comme un enfant perdu... Il ne voulait pas mourir... pas comme ça ! Pas ici ! Pas dans cette cage atroce !
Il se redressa, oublieux de sa faiblesse, de la fièvre et de sa jambe blessée. Il se cogna contre le plafond, et baissa la tête, avant de taper du poing contre les murs de la caisse. Il pleurait, criait, hurlait tant qu'il pouvait. Un dernier allant de désespoir... l'espoir fou qu'il soit entendu.
Pitié ! Je vous en supplie, laissez moi sortir ! Je suis désolée... je ne le ferais plus... quoi que je vous ai fait je suis désolé... pitié ! Je ne veux pas mourir...
Il s'écroula sur le sol, éreinté par ces efforts. Il se sentait emporté par ses rêves. Il se sentait revenir dans cette cellule, couché sur cette paillasse avec le vieux qu'on emmenait au loin. Il préférait cette vie. Il se laissait conduire. Même les cauchemars étaient plus doux que le présent... pourquoi résister ?
Il n'entendit pas le léger clic, il hallucinait déjà. Il sentit juste l'intensité de la lumière qui inonda le cube et lui brûla yeux. Il était déjà dans un autre monde quand une main s'avança pour le tirer hors du cube.
Fais chier ! T'as vu l'état dans l'quel il est ? L'est resté trop longtemps là-d'dans lui... Putain, j'vé y passer j'te dis... j'vais y passer ! _________________ Site perso |
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