Developpement Empirium

[Katherine Talkesh]

Préface d'un observateur

Lorsque l'on s'est effacé, lorsque l'on a disparut et que l'on se repaît du vide et du calme, rien n'est plus choquant et délicieux que de revenir à la conscience. C'était le moment et c'était ainsi. Il m'aurait paru totalement absurde de passer une seconde de plus dans l'oubli et le néant. Je suis revenu observateur. Je n'interviens ni ne juge les héros que je vous ai choisi. Quoique, protagonistes serait plus exact dans cette histoire que je vous livre sans aucune fioriture, héros ayant une connotation positive après tout. Je ne les ai pas choisi parce qu'ils étaient exceptionnels, mais bien parce qu'ils n'étaient rien au départ et sont devenus. Ainsi ils sont devenu digne de mon intérêt.

La première est un cas spécial et c'est pourquoi je vous la livre dans toute sa nature en premier. Elle n'aurait été qu'une personne parmi tant d'autres si ce n'était la descendante d'une lignée dont l'histoire s'étend à travers des siècles de conquête spatiale sanglante. Cela étant exposé, son enfance fut celle de n'importe quelle enfant liée de près à un pouvoir quasi hégémonique. Elle devait être protégée des menaces et formée à son rôle futur dont la date de prise de fonction officielle se situait dans un bientôt nébuleux... Ainsi, ce fut plus tard que tôt qu'elle fut propulsée dans l'univers du devoir et que son premier acte fut de condamner son père au néant afin de pouvoir se sauver elle-même et la race qui est liée à leur lignée maudite.

Propulsée à la tête d'un petit empire, ce dernier fut rapidement ravagé, puis reconquit et étendu à son plus grand volume connu historiquement en Feldyn. L'admiration que lui porta alors les peuples et civilisations de l'empire en question est sans limite et fait image au sacrifices qui furent fait afin de libérer les peuples qui s'étaient retrouvé sous la domination des faux prophètes des Quatre du chaos. Cette révération qui avait lieu du temps de cet empire à présent déchut et relégué au passé n'a plus ni limites ni frontières depuis qu'elle est leur dernier rempart face à l'extermination de ce qu'ils sont et furent. L'impératrice parricide à présent sans empire et qui a envoyé des millions de soldats à la mort afin d'assurer à une fraction de son peuple un exode précaire vers un avenir incertain peine à accepter cette marque implicite de confiance aveugle confinant à la dévotion alors que le récent conflit avait vu naître ses héros.

Parmi ces héros, rares sont ceux qui ont survécu jusqu'à ce que la flotte nomade ne touche à sa destination, le port d'attache de la Flotte Nomade en Feldyn, et encore plus rares ceux qui devînrent des héros de leur vivant. Il est cependant intéressant de constater que la Dame déchue avait quand même su s'entourer avant que la chute ne devienne inévitable. L'un de ces héros, un protagoniste que je pourrais affectionner si je n'étais observateur, était autrefois soldat, puis garde d'élite avant d'être démobilisé pour blessure invalidante. Il fut réintégré à l'aube du conflit avec le CS afin de mener une des armées qui devaient aller porter le combat de l'autre côté de la frontière afin de faire gagner un maximum de temps aux exilés. Par un concourt de circonstance que beaucoup appelleraient le hasard et que les apatrides nomment une bénédiction de l'impératrice, il échappa à sa mission lorsque les commandants des navires sur lesquels les armées responsables de la diversion se trouvaient décidèrent, après avoir entendu l'annonce de la prise de Terra par le CS, que le navire le plus proche devait aller libérer la planète défendue uniquement par ce qu'il restait d'une deuxième vague d'assaut.

Le capitaine sacrifia sa vie, son équipage et son navire en amenant les troupes sur la planète, permettant ainsi à mon protagoniste de sauver l'impératrice déchue et de se retrouver propulsé du statut de général sacrifié au poste de responsable de la totalité de la puissance militaire en déroute de l'EC Assurant diversions et manoeuvres acharnées suicidaires contre l'ennemi, il assura à de nombreux navires constituant la flotte nomade une voie de sortie sûre et sauva tellement de vie malgré les nombreux sacrifices militaires que le statut d'amiral siégeant au conseil de la flotte lui fut accordé en même temps que le commandement par intérim du Rédempteur. Voici un homme de guerre qui ne rêve que de champ de bataille et qui subit vague après vague l'invasion des rapports d'avaries à bord des navires-habitats qui ont servis lors de l'exode et abritent maintenant les exilés.

Mon dernier protagoniste est en fait une autre protagoniste qui fut soldat et servit dans la même unité que le protagoniste précédent. Elle fut également intégrée dans le corps des gardes d'élite de l'impératrice avant d'être démobilisée à la fin de son engagement et jamais réintégrée. Elle s'est découverte une passion dévorante pour la chasse alors que l'EC vivait son heure la plus sombre. Cet engouement égoïste l'amena à devenir la capitaine d'une armée de mercenaires hétéroclite réunissant des hommes et des femmes des deux camps qui s'opposaient alors sur Terra. Au coeur des batailles, les enjeux politiques s'étaient noyés au sein des intérêts et des convictions personnelles et la somme des circonstance finit par créer cette armée, l'armée de la Dame Chasseresse.

Mais voilà, tout à une fin et donc la Chasseresse se retrouve avec une armée sans champ de bataille, l'amiral aux actions d'éclat sans potentiel militaire et l'Impératrice sans empire. Ainsi, malgré des circonstances pour le moins étranges, la flotte nomade continue pourtant son voyage au coeur de l'immensité du vide et de ses anciens buts nobles de liberté et d'affranchissement sont nés des impératifs tout autre qui pourraient être résumés à un seul et unique verbe: survivre. Personnellement je me passionne pour le sors de ce peuple à la destiné pour le moins étrange et j'espère en tant qu'observateur vous transmettre ce qui fait de la situation désespérée de ces pauvres ères apatrides quelque chose d'exceptionnel si ce n'est d'intrigant.

[Katherine Talkesh]

01 / Dans la tourmente

Assembler, améliorer, optimiser et organiser; des mots qui résonnaient au sein des ossatures de chaque navire de la première flotte d'exploration alors qu'elle avait entamé son voyage de 300DU qui l'amènera finalement à un cycle d'un vortex menant à Ivée, le but du voyage et de l'existence même de cette flotte. Quelques cycles plus tôt, alors que les navires appareillaient pour se positionner dans la flotte en partance, il n'y avait eut ni vivats ni explosion de joie. La Flotte perdait une fois encore des frères, des sœurs, des parents ou des enfants qu'elle ne reverra peut être jamais vu l'ampleur et les dangers de la tâche qui les attendait tous. Trouver un monde compatible avec les talkesh'as allait demander beaucoup de temps et d'investissements.

Le principal problème restait de mettre en place une logistique suffisante afin d'assurer à la flotte d'exploration tout ce dont elle aurait besoin. L'idéale aurait été d'installer un port d'attache en Ivée mais les autochtones n'aimaient pas vraiment voir les planètes pour lesquelles ils se battaient être cédées à des étrangers. Alors l'impératrice sans empire continue les recherches avec les moyens du bord sachant très bien que les conditions de recherche seront encore pire qu'en Feldyn. Cela étant, des recherches valaient toujours mieux que pas de recherche du tout et ainsi la Flotte avait-elle accepté d'envoyer la 1ère.

Katherine occupait le plus clair de son temps dans le jardin du Rédempteur à soutenir numéro trois depuis qu'elle avait mît une touche finale à son oeuvre de mémoire. Trois était le dernier talkesh'a mature qui n'avait pas encore atteint le stade de la conscience, les six autres ayant périclité durant l'exode. Un talkesh'a qui atteint sa maturité et qui ne se trouve pas en contact direct avec la conscience d'un monde compatible finit immanquablement par dépérir sans qu'il soit possible d'inverser ou de retarder la déchéance. Alors l'impératrice passait le plus de temps possible à partager des rêves avec le dernier et espérait ardemment le pousser ainsi à ne pas accéder tout de suite à l'éveil. La technique semblait être efficiente, mais l'impératrice savait en son fort intérieur que c'était plus la nécessité de la survie et le devoir de guider les plants plus jeunes qui poussaient le jeune talkesh'a presque mature à se battre contre son éveil imminent. Ce qui, si c'était exact, ne laissait au mieux qu'une trentaine de cycles pour découvrir une perle rare de planète n'ayant pas encore perdu son âme.

Cela dit, depuis l'exode, le devenir ou la survie que ce soit des talkesh'a ou de l'impératrice ne sont plus aussi importants vu que la flotte nomade s'appuie d'abord et surtout sur les techniques simples et abordables de tout temps plutôt que les machineries complexes qui étaient utilisées jusqu'alors. La redondance triple des chaines de commandement assure également la continuité de la conduite unifiée des flottes composant la FN. Pour les amiraux, l'impératrice était un symbole et le resterait, vivante représentante de la volonté inébranlable de son peuple et morte comme signe de changement nécessaires. Elle n'avait plus assez de soutient dans les conseils des flottes pour pouvoir imposer sa volonté et sa ligne, voilà qui la reléguait au simple niveau de l'utilité publique et voir même au statut de martyre de l'exode si jamais elle n'arrivait pas à mener sa tache actuelle à son terme. Ce qui risquait fort de devenir une réalité même si elle ne comptait pas ses dépenses tant physiques que mentales afin de découvrir un monde qui pourra la sauver, elle et une race entière.

C'est donc dans cette optique que la Dame avait pris contact avec nombre seigneurs dès son arrivée en Ivée et qu'elle avait constaté non sans mal que les seigneurs disposés à ne serait-ce que laisser Katherine ou un de ses représentants poser un pied sur une planète Ivéene tiendrait de l'hérésie pure et qu'il était impensable d'ouvrir ses portes à un envahisseur. Ça n'aurait pas du autant étonner l'impératrice alors que son empire avait été annexé par les cruels Drows sans aucun communiqué donnant leurs raisons. Mais voilà, le temps s'écoulait inexorablement et rien ne pouvait arrêter le sable qui s'écoulait. Elle se résigna donc à attendre la fin tout en restant résolue dans sa tâche. Les miracles (ou possibilités inespérées ) arrivaient de temps en temps après tout...

Dernière édition par Katherine Talkesh le Lun 06 Fév 2012, 23:10; édité 3 fois

[Katherine Talkesh]

02 / Préparation

Comme à chaque nouveau jour que leur offrait la vie, les exilés se levaient, se sustentaient des maigres rations que leur navire pouvait leur fournir et enfin allaient aux traditionnelles dévotions, rite qui n'avait court que sur Terra et quelques planètes centrales à l'époque. L'impératrice n'avait et n'aurait rien pu faire pour empêcher l'émergence de ce rite dont elle était indirectement la cible et qui prit naissance lors de la seconde guerre chaotique. Certains parmi la génération actuelle ignorent même de quel passage de l'histoire de leur peuple pouvait bien provenir le mythe de l'impératrice au trône de sang gardienne des âmes des morts et ceux de la nouvelle qui rechignaient à perdre du temps pour cette religion bizarre alors qu'il y avait tant à faire sur les navires se faisaient clairement railler par leurs aînés qui leur souhaitait bien de ne jamais avoir à vivre sous le joug du chaos. Une situation qu'ils jugent de loin plus difficile que l'actuelle ou qu'une vie d'esclavage sous le joug des elfes drows.

Mais s'ils ne sont pas mis à l'épreuve de la corruption du chaos et de ses dieux et s'ils ne sont pas soumis aux attaques du CS et à la perte de ce qu'était leur civilisation, ils doivent tout de même lutter à chaque jour qui passe afin de maintenir les navires en état et doivent assister à chaque jour qui passe à la perte de frères et de sœurs exilés tués par des dysfonctionnements majeurs au sein des navires de la Flotte Nomade. Ils passeront au moins une grande partie de leur vie sur ces navires aucunement prévus pour transporter autant de gens et encore moins pour leur offrir un habitat plus que temporaire et leur lutte ne connaitra de fin que lorsqu'ils auront enfin réussit à trouver un endroit, des mondes capables d'accueillir leur peuple qui pour le moment se meurt à petit feu dans des cercueils grand luxe.

De ces faits l'amiral Hallor avait pleinement conscience et ne pouvait pas changer grand chose si ce n'est tenter d'accélérer la construction des cités ruches sur les deux ou trois mondes servant de port d'attache à la flotte nomade en Feldyn. Il sait par contre qu'au moins les membres de la première flotte d'exploration envoyée en Ivée sont à bord de navires prévus pour remplir la mission qui leur a été assignée et que l'impératrice serait à leurs côtés jusqu'à l'accomplissement de l'objectif principal qui a motivé la formation de cette flotte.

Il n'en était pas plus simple de gérer les flottes qui étaient restées en arrière et leur approvisionnement en denrées basique devenait de plus en plus problématique. L'amiral avait à charge de coordonner les efforts de la flotte nomade et à part les difficultés prévisibles qu'engendre l'augmentation de la population les tension politiques semblaient tendre à se multiplier au sein de la flotte, surtout depuis le départ de Sinclair à la tête des navires constitua t son armée mercenaire pour une destination inconnue. Les rumeurs allaient bon train et ce n'était jamais bon en politique.

Sinclair, quand à elle, avait commencé a former une armée opérationnelle dans un coin discret de la galaxie pour des objectifs que je considère au mieux comme étranges si ce n'est délirants au vu de la stabilité politique dont à toujours fait preuve le peuple de l'empire de cristal. Mais Sinclair était un soldat avant tout et cet ordre elle ne l'avait pas discuté une seconde sachant que ce serait sa seule chance de demeurer ce qu'elle était devenue lors de la dernière guerre.

Vysh'ta, lui, saisissait mieux les raisons de la "disparition" de Sinclair et de son armée. Il n'avait pas été le premier conseiller de l'empire uniquement pour le salaire et la position sociale après tout. Et ce que ces décisions laissaient à présager concernant les événements futurs ou les actions futures de l'impératrice lui laissait un arrière goût cuivré dans la bouche, mélange de crainte et d'excitation alors qu'il attend et observe les pièces lentement se mettre en place tel un mécanisme trop bien rodé pour être réel. Bientôt la Flotte Nomade allait entrer dans sa dernière phase de mutation sociale et alors les exilés retrouveront par eux-même un but à atteindre dans leur nouvelle voie d'existence. A cet instant je m'amuse de la ressemblance frappante qu'il y a entre l'attitude de Vysh'ta et la mienne et que je me prend souvent à regarder le même spectacle de ballet spatial à ses côtés en attendant que tout se déchaine et que mon travail d'observateurs se rende justice à lui-même.

Dernière édition par Katherine Talkesh le Lun 06 Fév 2012, 23:11; édité 1 fois

[Katherine Talkesh]

03 / Soulèvement

Au delà du gouffre intergalactique, l'impératrice ne put que constater que les événements s'étaient précipités au sein de la Flotte Nomade et que plus de la moitié du temps qui lui avait été impartit n'avait pas suffit à trouver un monde qui pourrait servir de terre d'accueil pour les talkesh'a.

Ce qui de l'autre côté en Feldyn n'avait plus grande importance pour une grande majorité de la population qui ignorait même pourquoi on continuait de suivre les ordres de l'impératrice alors qu'elle était à l'origine même de la décision de partir en exode et donc était responsable de tous les malheurs et difficultés auxquelles le peuple de l'anciennement appelé Empire de Cristal devait faire face à chaque jour que le destin leur donnait.

Beaucoup attendaient juste le coup de grâce alors que les autre tiraient partit de la situation et visaient toujours à plus de pouvoir. Ils pensaient gagner quelques chose en capturant des navires et en augmentant leur influence au sein du conseil des amiraux. Il ne fallut qu'une dizaine de cycle d'absence pour que les premiers troubles commencent et moitié plus pour que de simples débordements ambitieux donnent naissance à une évolution logique de la situation en conflit ouvert au sein de la flotte. Coincés par des problèmes de communication et le manque de structures de gestion pour les flottes que compte la FN les amiraux n'avaient su profiter d'une occasion qui se présentait avec le départ d'un seigneur voisin. Ce fut l'élément qui mît le feu aux poudres et des combats éclatèrent dans de nombreux navires de la Flotte Nomade aggravant les problèmes de gestion et la distribution des ressources.

La situation ne fit qu'empirer lorsque tous se rendirent compte que l'impératrice ne pourrait rien faire alors qu'elle se trouvait dans la galaxie voisine. Les rebellions se firent plus audacieuses et violente, les exécutions des suppôts de l'impératrice et les délations étaient courantes alors que dans les navires habitats la plupart se terraient dans l'attente insupportable d'un quelconque secours ou d'une quelconque fin à cette folie alors que chaque homme ou chaque femme doté d'un minimum d'ambition lançait ses laquais à l'assaut de ceux de leurs concurrents et chaque navire, chaque groupement de la flotte se vit soudain devenir le siège même de guerres civiles meurtrières.

Vysh'ta n'était pas né de la dernière pluie et avait ordonné l'évacuation de sa famille vers le navire de l'amiral Hallor peut être engagé dans des affrontements et des combats mais dont l'équipage de militaires parfaitement entraîné aurait le plus de chance d'assurer l'ordre à bord et par conséquent la sécurité de ceux à qui il tenait le plus au monde. L'ancien premier conseiller entreprit, une fois sa famille partie, de conserver le contrôle du vaisseau sur lequel il se trouvait et de rejoindre au plus vite la flotte qui ne tarderait pas à se former autour du Téméraire afin de profiter de sa protection. Ils barricadèrent les points névralgiques du vaisseau et espéraient pouvoir rejoindre leurs renforts afin de nettoyer le navire des dissidents. Ça n'allait jamais arriver et la plupart le savaient alors qu'ils se battaient pour retenir les insurgés et garder le contrôle du navire. Il ne fallut pas longtemps pour que les défenseurs se retrouvent à court de munitions ou de batteries chargées et ne soient obligés de défendre leurs position au corps à corps pour finir par succomber sous le nombre.

Une fois le système de soutient-vie entre les mains d'un des groupes de rebelles il fut évident que rien ne saurait empêcher le pont principal toujours sous contrôle de tomber à son tour lorsque leur adversaire victorieux aura saboté les systèmes alimentant en air respirable les zones encore sous contrôle du gouvernement ou des concurrents. Mais Vysh'ta ne sut jamais quel groupe avait pris les hydroponiques, car le réacteur central du navire fut touché par un laser de forage qui provoqua des dégâts irréparables à la structure qui firent entrer l'ensemble en surchauffe mettant un terme aux questionnements de tout le monde dans le déchainement d'une sphère de destruction atomique.

C'était dommage, je me sentais proche de cet homme posé et calme. Nous avions beaucoup de points communs et je regrettais alors mon statut d'observateurs durant le dixième de seconde qui fut nécessaire à l'explosion pour effacer toute trace de l'existence de Vysh'ta dans cet univers. Puis le sentiment de perte passa et je suivais un temps un navire touché par l'explosion et qui perdait sa précieuse cargaison d'exilés dans l'espace, véritable queue de comète composée de corps crispés dans la souffrance d'une mort atroce provoquée par le vide. Les révoltés se battaient pour chaque pouce se chaque navire, allant même jusqu'à s'affronter pour la possession de la zone sans vie du navire que je suivait, ajoutant des cadavres éclatés et emballés dans leur combinaison déchirée ou trouée.

Ces fous allèrent même jusqu'à utiliser le laser de forage d'un mod minier pour attaquer un navire qui se trouvait proche du leur, déchirant la coque de ce dernier tant et si bien que que la queue de comète s'en trouva accentuée et que ledit navire, composé principalement de modules relais pour Nexus, fut transpercé de part en part. Les ossatures se brisèrent sous la tension imprimée à la structure affaiblie par des propulseurs poussés à leur régime maximum. Toute la flotte nomade ou peu s'il en fallait avait sombré dans la folie de la révolte et de la rébellion. Dans chaque navires résonnaient clameurs de peur, cris de guerre et d'agonie, tirs d'armes à projectiles ou feulement d'arme à énergie, ordres et contre-ordres et enfin, surtout, stagnait une persistante odeur cuivrée dans chaque navire touché par la folie de la rébellion.

Mais, alors que j'assistais à la destruction au moins partiel, si ce n'est totale, du navire nexus je fus surpris de voir le navire agresseur soudain infléchir sa course avant de sembler se plier telle une vulgaire canette sous l'impact d'un projectile tiré depuis l'un des CAM du Téméraire. Les ossatures du navire furent tout bonnement pulvérisées sous l'impact et il n'y eut pas le moindre cri alors que le navire se disloquait dans toutes les directions de l'espace.

Le Téméraire organisait au mieux la destruction des navires devenus trop dangereux et essayait avec l'aide des reliquats de ce qui avait été la flotte militaire de l'EC de limiter au maximum les dégâts en envoyant des renforts là où ils étaient nécessaires. La perte de Vysh'ta qui avait un peu été comme le grand père de Sinclair et Hallor porta un coup à ce dernier qui avait ordonné la destruction du vaisseau meurtrier qui n'en était pas à sa première tentative réussie.

Des pans entier du navire se découvraient et laissaient la voie libre pour rapaces et barges d'abordage. Quelques chasseurs tentèrent une attaque sur les baie d'appontage du Téméraire pour se voir balayés par les défenses laser à courte portée du navire. Ils n'avaient même pas eu l'occasion de tirer contre le Léviathan. La folie s'était véritablement emparées de la flotte et rien à par le feu et la mort ne semblait être à même de ramener le calme dans la flotte. Cela étant dit rien ne garantissait non plus que ces actions répressives allaient stabiliser la sphère politique de la flotte nomade sur le long voir même le moyen terme. À bord du Téméraire l'équipage et les troupes restantes se préparaient à de difficiles abordages où civiles, ennemis et alliés seraient quasiment indiscernables. Cirik était certain d'une chose: beaucoup de vies seraient sacrifiées le jour même pour un résultat probablement plus négatif que positif. Il ne pouvait cependant ignorer les appelles a l'aide et donc envoyait ses troupes uniquement là où elles étaient demandées. Nexus faisait beaucoup plus facilement la part des choses entre fidèles à l'impératrice et dissidents et transmettait ces données aux troupes et navires engagés.

Dans la sphère de commandement, l'amiral Hallor désignait la nouvelle cible que les canons du Téméraire allaient pulvériser. Toute la chaîne de commandement du navire se mît en mouvement dans l'unique objectif d'apporter la mort à plus d'un milliers d'exilés dont le navire était passé sous contrôle total des dissidents et s'apprêtait à aborder un autre navire-habitat. Les renseignements fournis par Nexus en cette heure sombre étaient des plus précis et utiles alors que dame Selena était l'âme même du système et la plus fidèle servante de son altesse. Mais, les informations données demandaient à l'amiral Hallor de prendre des décisions rapides qui, souvent, impliquaient de sacrifier des civiles pour sauver le plus grand nombre des impliqués par malchance dans les rebellions. Malheureusement rien n'était jamais noir ou blanc et actuellement chaque décision tactique à prendre demandaient à l'amiral de se couvrir de sang et d'âmes innocentes et pourtant le jeune commandant en chef ne cillait pas face à la tache ni aux conséquences.

Au dehors un nouveau navire était coupé en deux par le bloc densifié de métal qu'une des pièce d'artillerie du navire venait de propulser vers la nouvelle cible qui avait été désignée par Nexus et dont l'action de neutralisation avait été choisie et ordonnée par Cirik Hallor. Mais même s'il en prenait toute la responsabilité, chaque soldat et chaque opérateur était conscient de participer à un massacre à grande échelle dans l'unique but d'espérer sauver un maximum de vie dans la guerre civile qui s'était déclarée et qui semblait vouloir opposer tous les petits chefs qui venaient de s'autoproclamer nouvel empereur de la flotte nomade de leur propre autorité sous la pression que leurs concurrents leur imposait en s'étant déclaré en premier. Tout était partit de la première annonce de sédition et la rébellion s'était propagée telle une trainée de poudre dans l'heure qui avait suivit.

Dernière édition par Katherine Talkesh le Lun 06 Fév 2012, 23:12; édité 1 fois

[Katherine Talkesh]

04 / Répression

La manoeuvre du Yor fut couronnée de succès et le bloc densifié ne fit qu'arracher quelques sections externes de faible importance. Un technicien proche hésita une seconde avant de sceller les secteurs concernés, contemplant les derniers signaux vitaux se démenant pour sortir de la zone concernée et qui n'y parviendraient jamais. L'information fut relayée au nouveau capitaine qui jeta un coup d'oeil discret vers l'écran qui venait d'apparaître sur son côté afin de lui confirmer que les sections concernées avaient bien été isolées. Puis il reporta son attention sur l'écran principal où une section proposant un agrandit montrait clairement que le Téméraire changeait de cap pour partir à l'assaut d'un autre navire ainsi que les torches des propulseurs des rapaces et des barges qui étaient éjectés.

Des opérateurs se lèvent et crient leur joie, ils avaient tous cru qu'ils allaient y rester lorsque le Téméraire avait ouvert le feu dans leur direction. Le capitaine rebelle se lève et rit également, dans un coin de la sphère de commandement, deux opérateurs se regardent et le supérieur fait non de la tête à son subordonné qui acquiesce, il comprend. Les deux se débarrassent de leur casques interfacés, se serrent la main et échangent un sourire. Après quoi ils dirigent tous deux leurs mains vers les grenades à fusion qu'ils avaient dissimulées sous leur tenue de protection, les sécurités sont vite arrachées et par dessus les vivats certains entendirent le claquement sec et métallique des amorces qui s'abattirent pour initier les charges alors qu'elles étaient déjà en plein vol. La sphère de commandement du Yor fut littéralement effacée et le navire commença une lente dérive dans l'espace sans possibilité de manoeuvre.

Au loin, les chasseurs commençaient leur ballet mêlant esquives et mouvements offensifs afin de protéger les barges des attaques suicides de rebelles n'ayant aucune chance en combat spatial. L'affaire fut très vite entendue et seulement une barge fut détruite et deux endommagées, rien ne fit donc encore face aux barges qui n'eurent aucun mal à se coller à la coque du croiseur minier cible et la percer. Les troupes se préparaient à bord des barges en attendant que la connexion avec le navire soit terminée. Avoir un aperçu global de la situation à bord m'était bien évidemment possible, je reste un observateur après tout, mais j'étais toujours étrangement attiré par ces humains si fragiles qui se débattaient dans leurs boîtes de conserve afin de trouver un sens à leur existence. Je choisissais donc une barge dans laquelle se débattait une âme plus intéressante que les autres.

-...quand au groupe Charli, il escortera notre ingénieur jusqu'au réacteur. Nexus nous a prévenu que ce navire n'était contrôlé que par 300 ou 350 rebelles actifs et donc notre ingénieur reste notre pièce maîtresse dans notre stratégie. Les autres sections feront tout leur possible pour canaliser la contre-attaque des rebelles, mais il est possible que leur I.A. se rende compte de notre manoeuvre et que le commandant rebelle n'essaie de nous arrêter par tous les moyens. Alpha et Bravo se rendront donc aux principaux accès pour ce pont afin de limiter les risques pour Charli.

L'ingénieur inspectait, mal à l'aise, l'arme de poing que son protecteur venait de lui confier. Les mécanismes étaient en bon état et l'arme avait été très bien entretenue malgré son age qui semblait relativement avancé. L'homme n'était encore qu'un jeunot en comparaison des vétérans qui l'entouraient, il n'avait que douze ans quand ils avaient du fuir et en avait à peine dix-sept à présent. Nexus l'avait désigné tout comme quatre de ses collègues comme ingénieur pour cette mission. L'amiral Hallor n'aurait normalement pas autorisé un jeune mineur à aller se battre si ce dernier n'avait pas effectué sa formation à bord du navire qu'ils s'apprêtaient à aborder.

L'appointé qui devrait veiller sur lui, expliquait calmement les quelques gestes qu'il devrait impérativement retenir et qu'on lui avait déjà appris. Un simple rappelle qui prenait toute son importance avant l'abordage, les tirs et l'odeur de la tripaille. Enfin les biolums se teintèrent de vert et les tenues de combat se verrouillèrent une seconde avant que les premiers soldats des groupes Alpha et Bravo ne se jètent dans la coursive du pont 7 accessible depuis la rampe. Une série de détonation parvint aux oreilles de l'ingénieur et un signe de l'appointé à qui il avait instinctivement jeté un regard paniqué lui indiqua que c'était normal. Puis leur sergent ordonna leur avancée et ils sautèrent à leur tour dans la coursive à la suite de Bravo pour prendre la première intersection que l'arrière garde de ce groupe leur indiquait. Je suivais tranquillement le pas de charge des soldats et de l'ingénieur en armure, je savais que les deux autres groupes avaient déjà rencontré de la résistance, mais trop peu nombreux les rebelles sous-équipés n'avaient pas fait long face au vétérans expérimentés. Les différentes sections d'assaut progressaient dans le navire jusqu'à rencontrer les différents postes de sécurité et sas blindés qui ralentissaient inévitablement leur progression et causaient de nombreuses pertes. Quand au groupe charli de la section 8, le capitaine rebelle n'avait pas été dupe et avait déjà envoyé toutes ses forces disponibles pour contrer la tentative des loyalistes, car même avec leur faible nombre, les rebelles restaient maître du navire et la progression des soldats serait stoppée une fois les différentes sections à court de charges thermiques et d'explosifs. Ce qui, fatalement, arriverait tôt ou tard.

L'ingénieur espérait que tout se passerait pour le mieux, mais c'était pure naïveté induite par le manque d'expérience. Les soldats du groupe, eux, savaient très bien qu'ils devraient rapidement faire face à une très lourde résistance et donc se dépêchaient de couvrir la plus grande distance avant d'avoir à engager un combat qui tournerait rapidement à leur désavantage. C'était la meilleur décision que pouvait prendre le sergent du groupe et les quatre hommes de tête prenaient à tour de rôle la position de l'éclaireur et s'élançaient de toute la puissance développée par leur armure pour se jeter au travers des coursives principales et secondaires qu'ils devaient traverser. Alors que le groupe allait passer la deuxième coursive principale l'éclaireur passa et le second soldat ne fit même pas deux mètres avant d'être touché par un projectile qui fut dévié par l'épaulière. L'ingénieur espéra que le soldat qui tituba sous l'impact allait réussir à passer de l'autre côté alors que le troisième et le quatrième arrosaient le couloir sous un feu nourrit dans la direction d'où était provenu le tir. Puis l'appointé attrapa l'ingénieur et le traîna avec lui de l'autre côté du couloir sous la couverture du feu du reste du groupe qui maintenait un tir de barrage en direction de l'ennemi.

L'ingénieur fit un signe vers le soldat qui avait tombé un genou à terre et semblait être en train de reprendre son souffle quand il vit la flaque de sang grandissante sous l'ombre de l'armure et la plaque thoracique blindée complètement déchiquetée par l'explosion du projectile explosif. Seul l'exosquelette lui avait permit d'effectuer les quelques pas qui l'avaient mené à sa position actuelle au milieu du couloir, là, la mort cérébrale du porteur avait définitivement mit fin à la vie de l'armure. Cela l'ingénieur le comprenait parfaitement, tout comme il comprit instantanément la nature et la puissance du projectile qui avait été tiré, mais aucune logique ne saurait effacer de son esprit la vision de ce sang qui coulait à flot de la poitrine déchirée du soldat, ni l'expression d'effort figée sur son visage alors que, mourant, il tentait encore d'avancer vers la sécurité de la coursive suivante. Les soldats continuèrent leur marche à travers le navire, sans un regard sans un mot, ils étaient soldats et c'était de tout ce qui les attendaient tous un jour peut être la fin qu'ils appelaient de leurs voeux. C'était le dernier couloir important qu'ils devaient traverser et ils arrivèrent donc au premier tube qu'ils devraient descendre sur 3 ponts afin de tromper les équipes d'interception.

-Appointé, vous descendez en binôme avec notre colis au centre de la formation! Aller! Nettoyez-moi ce tube à la grenade, tant pis pour les dommages...

Ils comprirent tous que le sergent parlait des possibles civiles qui utiliseraient le tube à cet instant, mais ils savaient tous que le sergent avait raison, plus une seconde à perdre et plus de risques inutiles. Ils accrochèrent leur grappin au mur faisant face à l'ouverture et les deux soldats de tête balancèrent leurs charges et attendirent deux secondes avant de se lancer à leur tour dans le conduit et de courir le long de la paroi vers leur sortie trois ponts plus bas. Les charges directionnelles détonnèrent cinq secondes après avoir été lancées, plongeant le tube dans une tempête de shrapnels, et le groupe traversa fumée et débris sans même une pause pour constater si il devait y avoir eut des victimes ou non. L'ingénieur fit de son mieux pour suivre les instructions de l'appointé et vider ses poumons dans l'intervalle de dix secondes que devait durer la descente afin de pouvoir se réceptionner sans comprimer tous les organes de sa cage thoracique trente mètres plus bas. Il s'agissait plus d'un crache que d'une réception de mon point de vue, mais la technique, si elle manquait d'élégance, était au point et en à peine vingt secondes le groupe fut réorganisé à l'aide quelques gestes économes avant de se remettre en route.

Lorsqu'ils atteignirent enfin la rotonde principale de cette section du pont 4, une section rebelle était déjà en position et le lieutenant répartissait ses différents groupes entre les tubes qui menaient de cette section au pont d'ingénierie. Le groupe était ainsi bloqué à dix mètres de leur prochain changement de direction. A entendre l'officier rebelle, cette section s'apprêtait à bloquer leur route jusqu'au pont 5, le sergent donna donc quelques instructions par geste avant de vérifier son arme et de lever son poing. Les autres firent de même et lorsque tous furent près, le sergent lança un dernier coup d'oeil vers la rotonde avant de tendre les doigt et donner le signal de l'assaut.Trois grenades furent lancées en direction de la rotonde et rebondirent sur la paroi qui faisait face au couloir où se trouvait le groupe.

-Que...?

L'interrogation du soldat fut noyée par les détonations des charges antipersonnelles qui donnèrent le signal au groupe pour lancer leur assaut. Les soldats loyalistes débouchèrent dans la rotonde tel des démons assoiffés de sang et commencèrent à massacrer avec ordre et méthode ceux qui n'était pas encore mort ou blessés mortellement avant de reporter leur attention sur les soldats qui tentaient de fuir ou d'organiser une contre-attaque vouée d'avance à un échec inévitable. C'était l'heure de la revanche! L'appointé mena son protégé en sécurité près d'une niche de rangement qui avait été éventrée par les explosions avant de reporter son attention sur le combat en court. Les rebelles n'avaient aucune chance face aux exo-armures des soldats qui s'en donnaient à coeur joie. Entre un loyaliste qui éventrait son adversaire le sourire aux lèvres avant de l'achever en plantant son couteau de combat dans le crâne de l'homme tombé à genoux en essayant de retenir ses entrailles de ses mains et le sergent qui venait de renverser deux rebelles ayant vidé leur chargeur sur l'armure sans effet aucun avant de broyer le torse de l'un d'entre eux d'un coup de pied qui plia jusqu'aux plaques d'acier du sol et d'attraper la tête de l'autre qui tentait de s'enfuir avant de l'écraser contre le mur, le massacre fut total et la rotonde fut dévastée et transformée en une marre de sang, de cadavres, de membres et d'organes éparses.

Les soldats se remirent en ordre de marche rapidement et l'appointé aida l'ingénieur à se relever alors qu'il essayait encore de reprendre son souffle dans la puanteur horrible de sang et de tripes. Personne ne fit de remarque en constatant que l'ingénieur avait le teint vitreux et qu'il avait rendu le contenu de son estomac. Il tenait encore le coup, serrait encore la crosse son arme et avait le regard déterminé, ça suffisait amplement pour le sergent et ses hommes qui reprirent la marche vers le tube qu'ils allaient emprunter pour monter du niveau 4 au niveau 5. Ils étaient enfin parvenu au pont des générateurs, là où ils avaient une chance de désactiver toutes les installations de sécurité et sas du navire afin de priver l'ennemi de toute stratégie de retranchement efficace et offrir ainsi une chance aux troupes d'assaut qui se faisaient décimer sur tous les ponts du navire. Ils traversèrent ainsi deux salles de redistribution avant d'arriver en vue d'une nouvelle rotonde. Le sergent fit s'arrêter tout le groupe d'un geste.

-Message de Nexus, on est foutu... Ils ont encerclé tout le secteur et ont fortifié la rotonde qui mène au générateurs.

Le sergent empoigna l'ingénieur et activa la commande de déverrouillage d'urgence de son armure. Il tomba alors au sol et fut immédiatement relevé par l'appointé qui était également sortit de son armure. Ce dernier vérifia l'armure corporelle légère que portait l'ingénieur et lui remit l'arme de poing qu'il récupéra dans sa propre armure. Un des soldats ouvrit alors une trappe de maintenance du plafond et souleva l'ingénieur afin qu'il soit à même de s'y glisser. Entre temps l'appointé s'était déjà équipé de l'armure de l'ingénieur et avait reprogrammé la sienne. Le sergent alors donna ses dernières instructions à voix basse:

-Les générateurs sont dans cette direction, Nexus affirme que vous y parviendrez en suivant ce conduit et j'espère qu'elle a raison. Nous, nous allons leur faire croire que la menace a été éliminée, bonne chance...

La trappe fut refermée sur ces quelques mots et l'ingénieur fut laissé là alors que la troupe reprenait sa progression, l'appointé, sous la protection du sergent, imitant à la perfection la démarche hésitante de l'ingénieur. Le jeune homme n'osa d'abord pas faire un mouvement afin de ne pas être entendu par qui que ce soit et puis d'un coup le silence pesant juste dérangé par les bruits de pas fut brisé net par la déclaration sans appelle d'un officier rebelle.

-Soldats serviteurs de l'impératrice corrompue, baissez vos armes!

-Vous oubliez votre serment! Vous avez oublié qui a versé jusqu'à son sang pour vous! Si Hallor nous a guidé c'est bien parce qu'elle l'a voulut ainsi. Pourquoi suivre les ordres d'un fou?Lança le sergent

-C'est vous qui êtes fou de suivre les ordres de cette pute de Talkesh. Rendez-vous ou mourrez, il n'y a aucune autre alternative!Fut la sentence prononcée.

La réponse ne se fit pas attendre et les tirs commencèrent. L'ingénieur ne pu se résigner à passer la rotonde sans jeter un coup d'oeil dans la salle illuminée par les projecteurs et les éclairs des tirs. Il vit ce qu'il s'attendait à voir: les loyalistes répondant au feu des armes lourdes des rebelles sans aucune chance de s'en sortir. Il aperçu encore le sergent tirant à bout de bras avec son arme alors que le sang giclait de son bras arraché et un peu plus loin l'appointé qui imitait à la perfection l'attitude d'un ingénieur sachant la partie perdue. Tous se battaient alors qu'ils se savaient condamnés ou étaient déjà en train de mourir, ça n'avait pas d'importance. Le jeune homme ne pu supporter plus longtemps de les voir ainsi se sacrifier et reprit sa route sous les instructions que lui transmettait Nexus. Puis il entendit la voix amplifiée du sergent:

-Pour l'impératrice!

Le conduit disparut tout à coup dans un flash de lumière et l'ingénieur se sentit soulevé et ballotté dans tous les sens avant que sa tête ne finisse par heurter quelques chose et qu'il ne soit assommé. Le moniteur qu'il tenait quelques seconde plus tôt échappa à sa main devenu inerte et tomba à côté de lui. Un témoin d'appelle clignotait sur le côté, illuminant périodiquement le coin du conduit de maintenance où l'ingénieur s'était évanouit. Sur tous les ponts du navires la nouvelles de la perte du groupe Charli de la section 8 obligea l'amiral Hallor a ordonner le replis des troupes restantes et a envisager pour dernière solution la destruction du croiseur. Si les rebelles se croyaient victorieux, ce ne serait pas pour longtemps...

Dernière édition par Katherine Talkesh le Lun 06 Fév 2012, 23:13; édité 1 fois

[Katherine Talkesh]

05 / Sillage 1

A l'autre bout du secteur, dans un endroit isolé, manoeuvrait la flotte de combat de la général Sinclair. Elle et ses Phénix avaient reçu une mission spécifique de la part de l'impératrice avant que cette dernière ne parte avec son expédition pour Ivée. Cette mission elle l'avait menée à bien et ça n'avait pas été de toute repos, car les opérations de recherche n'étaient pas forcément réputées pour l'enthousiasme qu'elles procuraient aux troupes. La général, une fois son objectif trouvé et l'installation du système de surveillance terminé, ordonna donc une série d'entraînement au combat à bord des différent types de navires et ses troupes se firent une joie d'y obéir. Voilà qui était une bonne distraction après de nombreux cycles d'inactivité. Puis les entraînements s'espacèrent pour devenir de plus en plus rares et l'espace environnant désert offrait tellement peu de distraction que les différents capitaines firent s'affronter leurs compagnies dans des simulations de combat à bord des navires d'entraînement qui avaient été assemblés directement sur place.

Lorsque les alarmes sonnèrent à bord du Chaos Theory, les soldats pensèrent tout d'abord à un nouvel exercice que la général leur imposait afin d'affirmer la supériorité des troupes d'élites de la Chasseresse sur les autres compagnies des Phénix. Ils sortirent prestement de leur couchette comme lors de tous les autres exercices, échangeant quelques mots et impressions alors qu'ils refermaient leur unitar de protection. Chacun avait son affectation et tous se dirigèrent en bon ordre vers les arsenaux où leur équipement les attendrait. Je suivis un groupe de soldat et m'intéressais tout particulièrement à une jeune recrue qui n'avait pas encore participé à d'autres combats que les entraînements. Elle était tiraillée entre la peur et l'excitation du combat à venir et comme ses camarades et pénétra dans l'arsenal qui était réservé à son groupe avant de se jeter avec aise dans son armure. Elle effectua les contrôles avec une main assurée par la routine. Puis, tout à coup, son esprit se figea alors que son corps continuait par la force de l'entraînement à effectuer la routine. Tout était en ordre et la soldate le nota dans un coin de son esprit. Mais quelque chose d'autre occupait toute son attention et ce petit détail changeait tout. Ils avaient été équipés de munitions létales. Ce n'était pas... Ce n'était plus un entraînement.

Ainsi l'excitation disparut sous la douche froide de la prise de conscience et son organisme s'adapta immédiatement aux changements que ça impliquaient. Ce n'était plus un jeu, elle risquait d'y laisser sa vie et ce fait prit tout à coup toute son importance dans son esprit. Elle suivit ses camarades au pas de charge, comme on le lui avait apprit et savait que si son sergent lui avait apprit tout ce qu'il savait c'était pour maximiser son utilité sur le champ de bataille. Donc lui assurer le plus de chance de remplir sa fonction, qu'il lui serait impossible d'accomplir en étant morte. Elle s'accrocha à cette idée et garda à l'esprit que rien ne garantissait son retour alors qu'elle prenait sa place à l'arrière d'un Havoc paré au déploiement. Une fois qu'ils furent tous branchés sur les systèmes du vaisseau via leur armure, le sergent leur dit d'attendre le briefing qui n'allait pas tarder. Pendant ce temps il s'évertua à former les équipes et les binômes de son groupe pour cette mission. Un des soldats qui avait participé aux combats sur Terra durant le siège et la reprise fut affecté avec la bleue afin d'équilibrer au mieux l'expérience et les capacités au sein du groupe. Le sergent savait, et l'expérience fut acquise au prix fort, que trop de spécialisation pouvait mener à l'inefficacité et y remédiait par avance à chaque occasion. Ils sentirent tous la gravité du navire subir des fluctuations alors que le vaisseau et ses amortisseurs inertiels subissaient les manoeuvres qu'effectuait le pilote à pleine puissance. La flotte de combat allait être déployée et elle se préparait à un saut groupé dans l'hyperespace vers sa ou ses cibles.

L'attente prit fin en même temps que les manoeuvres et la général commença le briefing:

-Comme vous le savez, nous nous sommes retirés de la flotte afin de nous rendre dans ce coin perdu de la galaxie pour y installer un poste de surveillance et nous entraîner aux abordages et combats en gravité zéro. Je ne vous cacherais pas que toute cette opération à été planifiée par l'impératrice pour le cas où, par le plus grand malheur, la Flotte Nomade devait sombrer dans le chaos et la rébellion suite à son départ.

Il y a peu, Nexus nous a fait parvenir le message que nous aurions préféré ne jamais recevoir. Nous nous apprêtons donc en ce moment à effectuer un saut en direction de notre propre flotte afin d'y rétablir l'ordre! Grâce à Nexus nous savons précisément quelles sont nos cibles et quels navires sont à abattre en priorité. Les troupes ont été affectées en fonction de ces informations et les plans d'action furent établis durant votre préparation. Le réseau sera maintenu à jour en temps réel sur vos interfaces et les plans de déploiement pourront également être adaptés en fonction de l'évolution de la situation jusqu'à notre arrivée.

Souvenez-vous qu'il y a des civiles innocents à bord des navires qu'il nous faut à tout prix éviter d'impliquer dans nos opérations si c'est évitable. N'oubliez pas que nous combattons en mémoire des morts pour les vivants!

-Pour les vivants!

Les soldats reprirent en coeur les dernières paroles. C'était leur devise depuis la seconde guerre chaotique et la jeune engagée l'aimait bien. Elle leur rappelait à tous ce qu'avait été leur peuple avant l'exode, un exemple à suivre et une vision à concrétiser à nouveau. Ils avaient perdu des mondes, des villes et des proches, mais jamais ils n'avaient perdu ce qu'ils avaient et ce qu'ils ont su conserver: leur liberté.

La général donna alors le signal et tous les navires plongèrent dans l'hyperespace en direction de leur champ de bataille futur et peut être de leur destruction prochaine. Le saut fut bref vu la faible distance qui séparait la Chasseresse et ses Siilumyns de la flotte et les navires se mirent immédiatement en position dès leur sortie pour lancer l'assaut sur leurs cibles. Quelques navires rebelles tentèrent de résister et les points de sortie furent zébrés de laser de forage et de projectiles improvisés. Sur le pont de commandement du Chaos Theory cingla la sentence de la général:

-Artilleur ! Coordonnez la frappe avec les autres navires et faites taire toute résistance !
-A vos ordres !

Fut la réponse laconique du responsable de toute la puissance de destruction que recelait le léviathan alors que ses hommes avaient déjà ouvert tous les canaux logiques vers les postes d'artillerie des autres navires afin de coordonner leurs frappes. L'I.A. du Chaos Theory se chargea de synchroniser les différents calcules et répartit les frappes afin d'exécuter les commandes des artilleurs expérimentés. Les blindages des navires de Sinclair n'avaient subit que des dégâts superficiels lorsque l'enfer se déchaîna sur les traîtres, réduisant la résistance au silence. Les troupes d'abordages furent ensuite envoyées reprendre le contrôle de la flotte et capturer ou tuer tous les séditionnistes.

Dernière édition par Katherine Talkesh le Lun 06 Fév 2012, 23:21; édité 1 fois

[Katherine Talkesh]

06 / Aux étoiles !

L'amiral Hallor s'agitait encore en tous sens dans la sphère de commandement du Téméraire. Jamais il n'aurait pu imaginer que la situation dégénèrerait à ce point. Pourtant c'était le cas et les opérations de maintient de l'ordre avaient couté la vie à beaucoup trop de ses soldats. L'EC ne pouvait se permettre de perdre les vétérans expérimentés de la dernière guerre dans une lutte fratricide. C'était au-delà du compréhensible pour un ancien soldat de la garde d'élite de l'Impératrice. Ce conflit interne consumait des forces qui devraient servir à assurer un meilleur avenir aux habitants de la flotte.

-Ouvrez un canal crypté avec le Chaos Theory ! Il nous faut établir une stratégie commune. Profitez-en pour faire revenir ce qu'il reste de nos troupes. Les hommes de Sinclair prendront le relais de toute manière.

L'opérateur acquiesça il n'y avait plus que ça à faire après la défaite cuisante et le replis qui avait suivit. Les maigres troupes restantes ne formaient plus qu'une compagnie, à peine de quoi reformer le régiment et même avec ces survivants la force de frappe représentée par les troupes sous les ordres de l'amiral avait grandement diminuée et ce durablement. Tous le sentaient à présent à bord du Téméraire, leur amiral venait de perdre. Lui, le gardien décoré, le héros de Terra et stratège malchanceux qui avait du faire en sorte de mener en bon ordre les troupes et navires de l'EC à une mort certaine pour assurer la survie d'une fraction, venait d'essuyer une défaite face à des concitoyens.

-Le canal est disponible amiral.
-Merci, passez moi la communication je vous prie.

L'opérateur s'empressa d'obtempérer et activa le retour. Une représentation holographique de Sinclair apparu au centre de la sphère de commandement et l'amiral salua la général.

-Heureux de vous revoir ma chère et vos renforts sont plus que bienvenus.
-Je ne sais pas si l'heure est vraiment aux chaleureuses salutations, mais c'est un plaisir de vous entendre à nouveau amiral Hallor. Bien que la situation puisse sembler désastreuse ne serait-ce qu'à la lecture des compte-rendus de Nexus, vos actions furent mesurées et réfléchies et vos troupes ont obtenu plus de résultats qu'attendu compte tenu de la situation et de leur manque cruel d'expérience en combat d'abordage. Quoi qu'il en soit mes phénix prennent actuellement le relais et vous pouvez sans autre rappeler vos troupes.
-C'est déjà fait général et je positionne actuellement le Téméraire pour soutenir les opérations de sauvetage et de récupération. La flotte sera réorganisée autour de mon navire afin que la Flotte Nomade puisse reprendre les tâches vitales aussi vite que possible.
-Nexus me fournis actuellement un rapport alarmant concernant un croiseur minier totalement entre les mains des rebelles. Ces informations sont-elles correctes?
-Dame Agna ne saurait se tromper sur ce sujet. Suite à mon assaut, les rebelles se sont débarrassés de toute menace et les réfugiés qui se trouvaient à bord ont été éjectés par les sas sans autre forme de procès.
-Mes troupes aborderont donc ce navire sans avoir à se retenir.
-Je n'y voit aucune objection... En mémoire des morts.
-Pour les vivants, amiral. Pour les vivants...

La communication s'interrompit et l'amiral commença à organiser la récupération de ses hommes et les opérations de secours. Les jours suivants allaient être très éprouvants et il ne pourrait se permettre de se reposer de sitôt. Il s'assit donc sur son siège de commandement massa sa jambe au niveau de la jonction avec la prothèse. Il avait aussi payé le prix, peut être à une autre époque et dans un autre contexte, mais à bord du Téméraire ils avaient tous eut à payer le prix de leur liberté. Il contempla sa main droite mutilée avant de reporter son attention sur la projection de l'espace environnant et rit doucement. Il ressemblait à s'y méprendre à l'un des ces pirates des holoséries, un pirate qui serait à la tête d'une flotte de réfugiés.

-En avant timonier ! La barre à tribord toute, nous rompons l'engagement. Dit l'amiral d'une voix puissante en affectant la pose d'un capitaine pirate. Tirez donc trois bordées pour saluer les morts artilleur.

Des sourires s'affichèrent alors qu'était rendu un dernier hommage aux morts des plus spectaculaire. L'amiral prit une dernière fois la parole alors que les tirs déchiraient la nuit et que le navire rompait l'engagement.

- Messieurs, respectons une minute de silence et recommandons ces âmes courageuses aux étoiles!

Dernière édition par Katherine Talkesh le Lun 06 Fév 2012, 23:21; édité 1 fois

[Katherine Talkesh]

07 / Le sang des nobles...

Le projectile traversa la cloison à quelques centimètres de la tête de Katie Hans et à nouveau l'archiviste démontra que sa chance, non contente d'être inépuisable, était parmi les plus insolentes. Elle avait échappé au massacre de Terra en usurpant l'identité d'un gardien qu'elle avait, du fait d'un accident, tué lors d'une chute dans l'un des escaliers de service du parlement de l'Empire de Cristal sur Terra. Puis avait survécu à l'exode alors qu'elle se trouvait sur la flotte qui rencontra le plus de difficultés à bord du navire qui détient le record absolu d'avarie et de pertes en terme d'équipage sur sa durée effective de service. Cette statistique incluant les navires militaires, il est étonnant qu'une archiviste à peine sortie de formation ai réussit à survivre aux divers abordages et autres difficultés.

Toujours est-il que l'Orchyde n'avait pas, comme de coutume, échappé aux troubles de la rébellion. À la seule différence que l'équipage s'en était beaucoup mieux tiré face aux traîtres. La cause aux très nombreux coups durs que ces hommes et ces femmes avaient traversés durant l'exile. Du moins c'était l'hypothèse la plus logique pour expliquer le nombre bien moins important de séditieux à s'être soulevés à bord comparativement à d'autres navires. C'était également la raison qui expliquait pourquoi l'équipage fut à même de résister aux assauts sans perdre le contrôle du navire. Sans compter que sans cela Katie ne se trouverait pas dans les coursives holocam au poing à profiter de son improbable chance, mais à l'état de cadavre glacé flottant dans le vide.

Alors que les combats faisaient rage dans tout le navire afin de repousser l'assaut des traîtres, Katie se tenait au cœur des combats apparemment insensible à ce qui l'entourait. Elle continuait de filmer ce qu'il se passait sans une once de crainte, la peur remplacée par la froide certitude qu'elle était où il fallait à l'instant qu'il fallait. L'archiviste rescapée progressait dans le navire en suivant le rythme des affrontements ne faisant aucune distinction entre les rebelles et les loyalistes. Telle une des statues de marbre du hall des mémoires elle se dressait au milieu du feu et des tirs, trop majestueuse pour être atteinte. Sa seule présence gonfla le cœur des loyaux et instilla une peur indéfinissable dans celui des rebellés, car elle accompagnait les combats tout en semblant intouchable. Pourtant elle ne vit pas la fin des affrontements sans se parer abondamment de son propre sang et de celui de ceux qui tombèrent. Elle ne baissa son bras que lorsque le dernier coup de feu à bord de l'Orchyde retentit, le dernier de ce jour maudit.

Elle savait qu'elle n'avait rien à faire dans ces coursives contestées, qu'elle ne pouvait changer le court de l'affrontement. Mais qui se serait alors souvenu du geste de cet ingénieur moteur qui avait poussé une femme et son enfant dans une coursive annexe lorsque les rebelles avaient surgit ? Qui se serait souvenu de se soldat anonyme se battant jusqu'au dernier battement de cœur de son corps déchiqueté ? Qui aurait pu jurer avoir entendu les derniers mots du capitaine agonisant ? Qui serait à même de décrire avec autant de précision l'acharnement aveugle des rebelles et le désespoir des loyalistes ? Elle avait été témoin du déroulement depuis l'attaque initiale sur le pont de commandement en passant par les combats et jusqu'à la mort du dernier traître. Elle avait photographié l'ingénieur alors qu'il se sacrifiait, elle avait immortalisé le jeune soldat usant de ses ultimes souffles, elle avait filmé la mort du capitaine, la majeure partie des combats et garderait pour toujours en mémoire le visage du sergent qui avait exécuté le dernier des traitres d'un seul tir qui déchira le calme ambiant.

Ce n'est qu'alors qu'elle se rendit compte de ce qu'elle venait de faire, de ce qu'elle tenait à bout de bras... Elle restait au milieu de ce dernier cul de sac où était mort le dernier des traîtres sous ses yeux, sans même se rendre compte qu'elle avait été témoin d'un meurtre de sang froid de la part d'un sous-officier dont la seule chance d'échapper aux conséquences de son crime serait de la supprimer. Elle vit l'homme laisser retomber le bras qui tenait son arme et remettre l'arme dans son holster avant de se déplacer dans la pièce et vérifier le pouls de ses hommes tombés au combat. Elle le vit fermer doucement, avec précautions, les yeux de ceux qui étaient morts et continua de regarder jusqu'à ce que l'homme confie les âmes de ses camarades aux étoiles. Elle prit alors discrètement une capture de la scène et laissa le sous-officier à son office. Katie et lui échangèrent encore un regard avant qu'elle ne parte et il lui sembla qu'il était reconnaissant. Elle entra dans une nouvelle coursive, mais n'arrivait pas à se décider où elle devrait se rendre dans le navire ravagé. Elle resta donc sur le seuil en état de choc. Elle écouta donc distraitement les paroles rituels du sergent jusqu'à leur conclusion logique:

-...ils combattirent en mémoire des morts, pour les vivants.

L'homme sortit alors à son tour et posa une main assurée sur l'épaule de Katie pour capter son attention et lorsqu'elle réagit il lui indiqua une direction et l'invita:

-Et si nous y allions, Dame?

La voix posée et tranquille du sous-officier ainsi que la douce poussée qu'elle ressentit dans son dos poussèrent Katie à collaborer avec cet homme qu'elle savait condamné selon la justice de la flotte. Elle fut ainsi guidée au travers des coursives envahies par les équipes de secours et techniques qui se rendaient sur leurs lieux d'intervention. Il y avait des blessés à soigner et des dégâts à réparer d'urgence afin d'assurer à l'Orchyde un lendemain. L'homme la fit pénétrer dans une grande salle emplie de blessés divers et toujours aussi gentiment la fit s'asseoir sur un brancard avant de lui ordonner de ne pas bouger. Se sentant lasse, elle n'aurait même pas eut l'idée de se lever et encore moins la force de le faire. Elle laissa donc son regard errer et vit qu'ici le sang avait laissé sa marque presque partout, même sur elle. Mais avant que l'archiviste ne puisse commencer à s'inquiéter de tout ce sang le sous-officier était déjà de retour avec des bandages et un kit de premier secours.

-Ne vous inquiétez pas, Dame. Vous n'avez rien de grave, mais il serait dommage de laisser ces coupures s'infecter n'est-ce pas?

Katie ne pu qu'acquiescer et laissa le sergent nettoyer le sang qui commençait à sécher à l'aide d'un bandage qu'il humidifiait à l'aide de sa gourde. Des gestes assurés dont la tranquillité contrastaient avec violence avec ce qu'il était durant les combats. Un regard profond et calme à l'opposé de la rage qui l'animait tantôt. Elle laissa à nouveau son regard errer dans la salle et se surprit d'avoir oublié où elle se trouvait jusqu'à cette instant. Elle se tenait assise à l'entrée d'une des antennes médicales du navire, isolée des peurs et des cris par la seule présence assurée du sergent. Elle le regarda s'affairer au niveau de son bras et remarqua qu'elle serrait toujours son holocam au point d'en avoir des crampes. Elle relâcha donc sa prise et durant une seconde vit son reflet dans le panneau métallique d'un chariot qui passait. Sous les soins du sergent elle s'était peu à peu transformée en une momie, une momie possédant néanmoins une assurance et une classe qu'elle ne s'était jamais vue. Elle revînt au présent lorsque le sergent émit un claquement de langue satisfait.

-Il y a une ou deux coupures qui demanderont des soins plus poussés, mais vous survivrez.
-D'accord...

A cette pauvre réponse de l'archiviste le guerrier sourit de toutes ses dents et laissa s'échapper un léger rire avant de s'asseoir en soupirant à côté d'elle. Une délicieuse vengeance lui vint alors à l'esprit et elle s'empara du kit de premiers soins avant de commencer à s'occuper des quelques égratignures du sergent tout en réfléchissant à ce qu'elle allait faire des données contenues dans son holocam. N'arrivant à aucun projet concret alors qu'elle finissait le dernier bandage qu'elle fixa maladroitement, elle se rassit et saisit son outil avant d'en visionner les images pendant que le sergent prenait un repos mérité à côté d'elle. Les prises de vue et les films dansaient dans sa tête et elle les organisait dans un certain ordre avant de se raviser et de changer leur disposition, mais rien n'arrivait vraiment à la vie qu'elle souhaitait donner à son travail. Ce devait devenir une ode, pas une complainte et encore moins un document d'archive. Elle se sentait fatiguée et n'arrivait pas à trouver une forme adéquate pour présenter cette œuvre, sa toute première œuvre. Elle se résolue alors à prendre du repos suivant l'exemple du sergent engoncé dans son équipement couvert du sang de ses adversaire et de celui de... Elle s'adossa plus confortablement contre le mur et se laissa bercée par la respiration de l'homme qui se trouvait à côté d'elle. Son œuvre n'avait de forme, mais il avait un nom et une âme à présent.

-Le sang des nobles...Lâcha-t-elle dans un dernier sourire avant de s'endormir.

Dernière édition par Katherine Talkesh le Lun 06 Fév 2012, 23:22; édité 1 fois

[Katherine Talkesh]

08 / Bastion

L'annonce provoqua des scènes de joie dans tout le navire et les structures du Chaos Theory vibrèrent de concert avec le cœur de voix emplies de joie qui s'élevait à bord du navire amiral. L'Orchyde était sauf et son équipage avait repoussé les traîtres, de quoi faire apparaître un sourire sur le visage de l'habituelle impassible Sinclair et pour cause ! Les phénix avaient parcourut une grande partie de la galaxie au sein que ce soit de la flotte dont il était le navire amiral, de ses cloisons ou aux côtés de son équipage lors des crises. Ce seul service en tant que mercenaire avait assuré fortune et postes, pour ceux qui avaient survécu, dans la Flotte Nomade une fois celle-ci formée.

Leur nouveau navire et son équipement de pointe ne pouvait se targuer de l'historique des cicatrices de l'Orchyde. Cependant, la bonne nouvelle, si elle avait exalté l'équipage en grande partie, n'occulta pas la difficile tâche qui attendait encore chaque homme et femme des phénix. Ils se remirent donc rapidement à remplir leur devoir avec un froid calcul. Artilleurs, pilotes et soldats devaient décider en une fraction de seconde qui était une victime de qui était un participant actif à la rébellion et alors effacer les existences dont ils ont tranché l'appartenance. Nexus était d'une grande aide, mais même l'intelligence source du système de relais de gestion ne pouvait tout savoir et des rebelles n'avaient malheureusement pas été identifiés. Les ordres avaient été donnés et Sinclair n'attendait plus que les rapports résultants. Divers affichages holographiques montraient l'évolution des combats à bord de certains navires et d'autre une liste de comptes-rendus et de rapports disponibles. L'équipe tactique du Chaos Theory était en permanence sur la brèche et elle savait que son second était parfaitement à même de mener l'opération de maintient de l'ordre en court. Depuis qu'elle ne voyait plus qu'au travers de son don, Sinclair s'était habituée à son poste de général qui était de loin le plus approprié considérant son état. Elle demanda donc à son aide de camp:

-Montrez-moi les enregistrements de la mutinerie à bord de l'Orchyde.
-Oui général. Vous voulez un accès brut ou le suivit effectué par Nexus?
-Le suivit, je n'ai pas le temps de tout décortiquer.
-Bien. Je l'affiche sur votre écran personnel.
-Parfait.

Elle concentra une partie de son attention à présent immatérielle vers le moniteur qui venait de s'afficher tout en continuant de suivre le développement de la situation générale. Jusqu'à ce qu'elle remarque une présence incongrue au milieu des combats pour l'Orchyde. Elle dirigea alors la majeure partie de son attention sur l'enregistrement.

-Mais qu'est-ce qu'elle fout là ? D'où est-ce qu'elle sort ?

Sa main se tendit d'un coup vers l'écran, activa l'interface et se mit à parcourir l'arborescence des données afin de sélectionner les passage où l'Archiviste Hans apparaissait. De plus en plus intriguée Sinclair regarda depuis le début de la mutinerie jusqu'à sa conclusion abrupte Katie Hans rester au cœur de l'affrontement sans même chercher à se mettre à couvert ni gêner les actions des membres de l'équipage contre les mutins.

-Sous-lieutenant, j'aimerais disposer d'un ligne directe avec Nexus. Commandant ! Où en sommes-nous dans les opérations ?

C'était une première, tant pour l'aide de camp qui n'avait jamais vu la général déstabilisée que pour le commandant Drow qui n'avait jamais surprit sa maîtresse à perdre le fil d'un combat. Ce dernier ne s'arrêta pas à cette nouveauté et répondit immédiatement à la question.

-Nos différentes sections d'intervention ne font état d'aucune résistance particulière et les pertes sont inférieures aux prévisions. Nos troupes aborderont bientôt le croiseur minier et Nexus nous conseil vivement de détruire le navire afin de limiter les pertes.Répondit-il succinctement.
-Votre liaison est prête général.ajouta l'aide de camp.
-Bien ! Commandant, vous pourrez ouvrir le feu sur ce croiseur dès que le premier assaut aura échoué. Sous-lieutenant, affichez la sur mon écran.

L'icône holographique de Nexus apparu devant la général et la voix désincarnée de l'opératrice du système salua Sinclair.

-Pourrais-je savoir ce que faisait une archiviste sur le pont de commandement de l'Orchyde ?
-Sa présence avait été requise suite à la réception d'un message de l'impératrice lui étant destiné.
-Son contenu ?
-Je n'y ai pas accès. La totalité des missives privées de L'impératrice sont conservées à bord du Rédempteur et leur accès est limité à Dame Katherine.
-Merci quand même.
-Si je puis me permettre un conseil, je ne saurais trop insister sur le fait que pulvériser ce croiseur minier dès à présent serait pour le mieux.
-C'est noté Nexus. Cependant je ne tiens pas forcément à ouvrir ainsi le feu sur des navires de la Flotte même s'ils se sont mutinés.
-Nous verrons...

La communication fut rompue et Sinclair se concentra à nouveau sur sa tâche. Elle avait reçu des instructions précises à respecter si jamais ce cas de figure devait se produire. Elle avait parcourut le rapport remis par Cirik et avait été surprise de constater qu'il avait ordonné des tirs sur une vingtaine de flotte dont moins du tiers était à présent encore en état de soutenir la vie. Ils avaient servit ensemble et donc elle savait qu'il était parfaitement capable de gérer toute situation. Elle n'osa pas imaginer dans quel chaos la flotte devait se trouver avant que le Chaos Theory et sa flotte n'interviennent. Les enregistrements pourraient répondre à cette dernière interrogation et elle pourrait faire venir l'archiviste dès qu'elle le souhaiterait à bord de son navire. Son attention se concentra donc sur les opérations en court au moment où les barges d'assaut s'arrimaient au dernier navire totalement aux mains des rebelles. Leur dernier bastion...

Dernière édition par Katherine Talkesh le Lun 06 Fév 2012, 23:22; édité 1 fois

[Katherine Talkesh]

09 / Impact

Les explosifs détonèrent et la coque du CM-Demeter fut proprement découpée et le morceau de métal propulsé dans la coursive attenante. Les soldats n'attendirent pas une seconde avant de se jeter au dehors des barges et de se lancer à l'abordage. Le martèlement des bottes blindées sur les revêtements métallique se répercuta dans les coursives jusqu'aux barricades défensives installées par les rebelles qui attendaient dans les principaux couloirs d'accès jusqu'au pont de commandement que l'enfer se déchaîne. Leur mission était simple, ils devaient retarder au maximum l'avancée des soldats de l'Impératrice déchue. Pour le leader de la barricade la situation était claire, c'était la victoire ou la mort, le triomphe de la justice et de la vérité face aux mensonges et à la corruption de l'Impératrice. Lorsque les loyalistes apparurent au bout de leur coursive il n'eut pas la moindre hésitation et donna l'ordre:

-Tuez les serviteurs de la catin ! Aucun ne doit passer !

Dès son premier mot les artilleurs de l'arme lourde avaient ajusté leur visée et à peine le chef était-il à la moitié de sa tirade que le premier projectile à haute vélocité quittait le canon dans une gerbe de flamme, parcourait la distance en une fraction de seconde et, avant même que le prochain projectile ne fusse engagé dans le canon de l'arme, percutait l'armure d'un loyaliste et perforait la carapace blindée du soldat pour aller déchirer chaires et organes dans une giclée de sang. Mais malgré les pertes qu'engendrait chaque tir de l'arme lourde et le tir de barrage des insurgés, la charge des loyaliste ne fut pas arrêtée et la barricade fut très bientôt submergée.

La rotonde fut le théâtre d'un combat au corps à corps sauvage et violent qui ne laissait planer aucun doute quand à l'identité du vainqueur final. Mais les rebelles restaient fidèle à leur poste, ils devaient tenir et donc se battaient avec l'énergie du désespoir. Le chef du groupe de rebelles vit un de ses hommes sur le point d'achever un loyaliste avec sa lame et sourit. Il fut recouvert de sang l'instant d'après, car son compagnon avait vu son bras être arraché par un tir alors qu'il armait sa frappe. L'homme tomba à genou tentant de limiter l'hémorragie de sa main valide lorsque sa victime d'avant se redressait et assénait d'un violent mouvement de revers un coup qui brisa la visière du casque du blessé et fit traverser à la lame crâne et métal. Le leader rebelle sut alors que sa dernière heure était arrivée et la dernière image qu'il contempla fut l'expression de dégoût qui marquait le visage de la femme qui lui logea une balle entre les yeux.

-Quel gâchis... Fut leur épitaphe

Les loyalistes ne perdirent pas de temps et s'assurèrent simplement qu'aucun des rebelles ne pourrait se relever pour les frapper dans le dos. Il y eut quelques détonations et le calme s'abattit l'espace de quelques secondes jusqu'à ce que le martèlement de la charge des soldats de l'Impératrice ne reprenne. Des scènes similaires se passaient dans toutes les coursives principales et sur tous les ponts. Rien n'aurait pu arrêter la progression des deux compagnies de phénix vers la sphère de commandement et même les postes de sécurité placés aux accès principaux ne purent stopper définitivement les hommes de Sinclair. Il y eut de lourdes pertes et une résistances plus acharnée que prévue, mais les pertes en elles-même avaient perdue de leur importance dès le moment où les phénix étaient intervenus. Les rebelles avaient tablé sur un retour tardif de ces troupes, pensant qu'elles avaient accompagné l'Impératrice pour lui permettre de se reconstruire un paradis tout en laissant son peuple pourrir en Feldyn dans les cercueils aseptisés que devenaient peu à peu les navires de la Flotte. Cependant le premier assaut des soldats du Téméraire leur offrait une possibilité de renverser certains aspects de l'affrontement.

-C'est quoi ce bordel ? Fouillez la zone, mettez à sac le pont principal s'il le faut, mais trouvez-moi leur chef ! Et passez-moi le Chaos Theory ! Quel merdier !

Le Major Mac Callahan était l'officier en charge de l'opération de reprise et recevoir un rapport l'informant que sa proie lui avait échappé, sans compter qu'elle avait démolit presque entièrement la sphère de commandement le mettait hors de lui. Ils n'avaient trouvé qu'un amoncellement de cadavres dont certains étaient les leader rebelles d'autres navires. Quelqu'un avait été assez malin pour empêcher Nexus de découvrir ces mouvements, pour faire croire à une résistance de la dernière chance et pour se jouer du Major. Il ne l'entendait pas ainsi et aurait le dernier mot par ses ancêtres !

-Général, reprit-il une fois la communication établie, on nous a possédé ! La sphère de commandement a été sabordée, les rebelles sont plus nombreux que prévus et le leader est introuvable.
-Il n'y a personne aux commandes ?
-Non général, quelqu'un pilote, mais ce n'est certainement pas depuis le pont principal. J'ai ordonné une fouille, mais les résultats ne sont pas pour tout de suite.
-Bien Major, trouvez-le, mort ou vif ça m'est totalement égal, mais trouvez-le.
-A vos ordres !

La communication fut coupée et le major abattit son poing sur la console de commande la plus proche. Le croiseur minier ne ressemblait de loin pas aux standards et les nombreuses soutes, modules et sections techniques de raffinage et de refonte n'étaient pas des zones pouvant être fouillées rapidement. Sans compter qu'il restait encore un nombre indéterminé de rebelles à bord, beaucoup plus que prévu. Mac Callahan du se maintenir en position alors qu'une force l'amenait à aller rencontrer le sol. Le navire venait brutalement de changer de cap.

-Connards de renégats ! Capitaine, ordonnez la fouille complète du navire.
-Compris Ma...

La barge fut vivement secouée et le centre de commandement broyé avant d'être déchiré et d'envoyer son contenu dans le vide. Le capitaine n'eut jamais le temps d'envoyer de nouvelles consignes et la liaison tactique montante fut interrompue, laissant les phénix à bord du croiseur dans la semoule. A bord du navire amiral de Sinclair la sphère de commandement s'agita soudainement.

-Général ! Le croiseur rebelle a changé de cap et prend un vecteur de collision avec des débrits !
-Contact perdu avec nos troupes ! Impossible de verrouiller leur signal ! Ajouta un opérateur com
-Le croiseur a heurté une épave. Dégâts majeur constatés sur les secteurs tribords ! Précisa le premier
-Balises transpondeurs des barges localisées. Nexus compile les données, mais les barges d'assaut ont été arrachées lors de l'impact. Il nous est impossible de contacter nos troupes dans le navire à présent.

La général balaya l'espace devant elle afin d'écarter les affichages et quitta son siège pour se rendre auprès de son second et obeserver la carte tactique mis à jour.

-La destination du croiseur ? Affichez sa course estimée.
-C'est fait général, affichage.

Divers graphiques se matérialisèrent autour du projecteur central avant de s'intégrer à la projection tactique. Les trajectoires estimées du croiseur apparurent soudain et il fut alors clair que sa destination était le Téméraire. Toutes les autres routes l'amèneraient à être une cible facile pour les artilleurs du Chaos Theory. Sinclair jurra

-Par les burnes des ancêtres ! C'est qu'il est doué le fourbe.
-Maîtresse, le contingent du Téméraire est grandement affaiblit, a subit de lourdes pertes et nos renforts ne pourront y être à temps. Analysa le second.
-Maître-artilleur ! Dégommez-moi ce croiseur ! Faites dérouter nos troupes les plus proches et demandez des renforts à tous les navires à portée du Téméraire !
-Le « dégommez » Madame ?
-C'est un ordre artilleur, établissez une solution de tir et abattez le croiseur cible !

Le drow fit alors une série de signes discrets de la main. La général jura doucement, à peine audible. Le rebelle avait finement joué, les fenêtres de tir étaient petites et aucun tir fatal ne pourrait être porté à leur navire depuis la position du Chaos Theory. Pour les troupes encore à bord du croiseur rebelle, la situation n'était pas aussi claire. Ayant perdu leur commandement, ils n'avaient plus que des ordres incomplets et aucun moyens de joindre des maillons plus importants de la chaîne de commandement des phénix. Ce faisant ils firent ce qu'ils avaient été entraîné à faire depuis le début de leur formation et les différents groupes et sections qui s'étaient séparés dans le but d'accomplir leur objectif se regroupèrent et s'organisèrent pour continuer la recherche du centre de commandement déplacé.

A bord du Demeter le chaos était la règle universelle. Chaque regroupement de soldats loyaliste se livrant une bataille rangée contre des rebelles qui avaient survécus à l'assaut initial. Les combats avaient lieu dans de nombreux compartiments sur tous les ponts du navire. Quelle que soit l'évolution de la situation les officiers restants des phénix avaient à présent la certitude que la majorité des effectifs des rebelles avaient été sauvegardés de leur première attaque et que leurs effectifs étaient de loin plus important que prévu. La situation serait déjà suffisamment problématique si les loyalistes n'avaient été coupés de leur ravitaillement et que les réserves de munitions n'eussent été généreusement dilapidées dans le premier assaut. Si les phénix à bord du Demeter ne pouvaient appréhender l'entièreté du tableau, ils savaient que quelle que soit la destination du navire ils devaient tout faire pour l'empêcher d'atteindre sa destination. C'est dans ce chaos de sang et de mort qu'un jeune ingénieur émergea enfin d'un long rêve sans queue ni tête dans lequel il venait tout juste de perdre cette dernière extrêmité.

-Bon sang!

Le réveille fut difficile et la sortie de son rêve le plongea immédiatement dans l'amère réalité de son existence et de la douleur que sa commotion lui causait. Hors de question pour lui de se souvenir des événements précédents son rêve ou de se situer. Il était certain de se trouver à bord d'un navire, les vibrations familières des machineries en action lui berçant les sens. Cela étant il ne pouvait savoir ni quel navire ni la raison de sa présence dans un conduit de ventilation défoncé. Son attention fut alors attirée par l'éclairage intermittent du conduit et il en localisa assez facilement la source comme étant un lien Nexus actif. Une voix semblait provenir de l'appareille de communication, mais le sens des paroles était perdu dans la cacophonie de gémissements divers que la structure malmenée du conduit produisait. Il se saisit de l'appareille et s'installa dans un coin avant de l'installer face à lui.

-Vous voilà enfin... Cela fait des heures que j'essaie de vous joindre !

L'ingénieur secoua doucement sa tête, essayant de savoir si ce qu'il voyait n'était pas juste un reliquat d'hallucination induit par sa commotion. Quoi qu'il en soit la tirade de l'avatar numérique ne l'aidait pas vraiment à se situer ni d'ailleurs à savoir ce qu'il faisait dans ce reliquat de conduit. La situation semblait être encore plus compliquée qu'il ne se l'était représentée et dans son état actuel ce fait n'était pas là pour le rassurer. Après tout il en savait assez pour savoir que si il se trouvait en possession d'un lien Nexus, c'est qu'il travaillait sur quelque chose de vital pour la flotte dont il n'avait plus aucun souvenir...

En attendant, au dehors, la distance avec le Téméraire se réduisait rapidement et l'impact ne tarderait plus.