Developpement Empirium

[Hasculf]

La silhouette en scaphandre se tenait au milieu de la passerelle de commandement, debout devant un siège.
Elle semblait observer le ballet que faisait des petites sources lumineuses au milieu de la pièce.
On pouvait voir de nombreuses formes rouges et une forme bleue, il y a avait aussi des petits points jaunes qui se déplaçaient plus rapidement que les autres formes.
De nombreux points jaunes se dirigeaient vers la forme bleue, tandis que quelques uns partaient en direction d'une des formes rouges.
Un autre aspect marquant de cette scène était la présence de nombreux écrans, boutons et manettes disposés tout autour de l'hologramme.
Il y en avait beaucoup trop pour un être doté de seulement quatre membres.

Hasculf vérifiait mentalement qu'il n'avait rien oublié.
Les messages pré-enregistrés étaient bien programmé pour partir en cas de manœuvre de saut d'urgence, les derniers artilleurs avaient bien pris leurs capsules quelques minutes plus tôt, son suppléant disposait de toutes les informations nécessaires, la gestion de l'Universalis avait été transférée à temps afin d'éviter toute perte de donnée, Le rassemblement de la flotte une dizaine de d.u. plus loin avançait bien.
Il ne restait plus qu'à attendre.
Attendre le choc.
Attendre et espérer que les systèmes automatiques de sauvegarde fonctionneraient. Pas qu'il ait un doute, il avait participé à construction du vaisseau, mais on ne sait jamais, un détail pouvait avoir été négligé, ils étaient partis si précipitamment de leur planète.

La nuée de points jaunes était maintenant proche de la forme bleu. Une proximitée menaçante.

Hasculf s'assit et s'attacha au siège. Son pouls s'accélérait tandis qu'il observait sur la projection holographique les missiles ennemis approcher du Hornblower.
Il maudit intérieurement les opérateurs radar et les trains.

Les points jaunes commencèrent à se confondre avec la forme bleue

Hasculf sentait les vibrations du aux choc des projectiles sur la coque. Le vaisseau semblait tenir le coup.
Soudain, le mur d'en face se jeta sur lui. Le monde disparut quelques instants puis il prit un gout métallique, ferreux, un gout de sang.
Le bourdonnement que ressentait Hasculf l'empêchait de comprendre ce qui se passait, il était encore sur son siège, mais celui-ci ne devait plus être à sa place.
C'est lorsqu'une effroyable déflagration se fit entendre qu'Hasculf compris qu'il n'était pas encore sourd, ou plutôt qu'il n'avait pas encore été sourd.
Il se sentit soulevé et tiré de plus en plus vite. Il perdit quelques instant connaissance.

Lorsqu'il reprit conscience il vit d'abord les éclaboussures de sang sur sa visière, puis une forme massive et sombre qui s'éloignait de lui, en arrière plan les étoiles, impassibles.
Un brusque éclat lumineux lui permit de mieux discerner la scène, il était dans l'espace, toujours sur son fauteuil, et il s'écartait rapidement de son vaisseau.
Un projectile devait avoir pénétré la coque a proximité de la passerelle et il avait été éjecté par la dépressurisation.

La masse sombre sembla se contracter, puis disparut. Le système de saut d'urgence avait bien fonctionné.

Hasculf dérivait maintenant seul dans l'espace, le froid commençait à le saisir.
Il soupira, ce qui eut pour effet d'augmenter la quantité de sang sur sa visière.
Ça n'avait pas beaucoup d'importance, le monde blanchissait à vue d'œil.
Les lèvres Hasculf s'animèrent lentement:
"Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir..."