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Developpement Empirium
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Ebola je sais pas mais ca cause beaucoup

Inscrit le: 03 Mai 2008 Messages: 439
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Posté le: Jeu 08 Oct 2009, 20:31 Sujet du message: Moi aussi je sais faire du RP! (pas d'idées pour le titre) |
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Bon alors, avant tout, désolé pour les fautes, tout ça tout ça, pardon aux familles, voila. Ça c'est fait.
Éclair blanc de lumière incandescente, flèche de fumée rougeoyante. Le coup de tonnerre vibre a travers l'immensité du ciel bleu, immaculé, s'écrase sur le sol rocailleux de la petite planète, roule dans la roche en vagues résonnante de pierres qui éclatent et d'éboulements confus.
Second coup de tonnerre lorsque éclate le panache flamboyant des rétrofusées. Le coup de frein est formidable, et les petites vies fragiles, emprisonnées dans le corps du module minier, sont secouées en tous sens, serrent les dents, et c'est toujours aussi pénible.
"C'est toujours aussi pénible", se dit Typhus Caveseeker en serrant les dents, souffrant comme ses semblable des roulements d'enfer et des tressautements inquiétants de la carlingue, provoqués par la rentrée brutale en atmosphère. Mais enfin le harnais de sécurité se relâche et le jagon se trouve libre de ses mouvements. Au milieu des écarts et des embardées qui agitent encore la fragile coquille qu'est le module, il fait son devoir d'officier en second et se dirige vers la salle de commandement pour y trouver le capitaine et prendre ses premiers ordres.
A présent, le module ne chute plus dans l'atmosphère, il se suspend dans les airs et vogue au dessus des immenses étendues pierreuses de ce monde a l'allure stérile. Stérile, sauf pour cet équipage avide, à la recherche des minerais les plus rares et les plus divers. Les senseurs électroniques s'activent et observent, reniflent, sentent et lisent les affleurement du sol. Les automatismes bien rodées des hommes a bord s'expriment d'eux-mêmes, et chacun se dirige de ces quatre jambes vers une tache mille fois répétées n'appartenant qu'a lui. L'officier en second et le capitaine font aussi leur boulot: ils parlent de ce que les écrans leurs donnent a voir.
_ Globalement, toute cette région est riche en fer, camarade capitaine.
_ Mmh, ouais, pas de quoi me faire gagner une médaille, encore une fois.
_ Malheureusement, répond Typhus, conscient de l'importance de toujours paraitre en accord avec son capitaine, même dans ses mesquineries vaniteuses.
_ Qu'est-ce qu'on a d'autre?
_ Rien. Des cristaux basiques, du cuivre, un peu de nickel, c'est toujours ça...des quartz et de la silice. Des traces de soufres, tiens, qu'est-ce que ça fait là?
_ Ma parole, c'est de plus en plus déprimant!
_ Qu'est-ce qu'on fait, camarade capitaine?
_ On se pose, camarade subalterne, on se pose, répond t-il indolent. Procédure habituelle. Mais, doucement, calmement, pas de zèle, compris?
_ Bien, camarade capitaine. Comme si le zèle des hommes dépendait de lui! se dit Caveseeker.
Prés du sol, le module minier parait plus gros, et même imposant. L'énorme engin se pose avec des chuintements et des bruits de jets de vapeurs qui claquent. La poussière se soulève en volute effrayées, puis, lorsque le vaisseau s'affaisse mollement sur la plaine rocheuse, le silence se fait. La poussière retombe lentement, à peine dérangée finalement. Quelques minutes plus tard, la carapace compliquée du module s'agite, et les premières sondes s'élancent de la machine. Elles serpentent quelque temps autour du module, comme des renifleurs frénétiques de la précieuse denrée métallique puis, une à une, s'enfoncent dans la pierre lorsque leur programme signal quelque chose de possiblement intéressant. Les serpents mécaniques rongent le sous-sol de leur minuscules forets tournoyant, arrimant plus que jamais le module au sol de cette planète désolée. Une fois que les sondes auront fait leur travail, ce sera au tour des foreuses automatique d'entrer en action pour avaler des millions de tonnes de terre, qui seront analysée, traitées, puis rejetées ou stockées.
Toute la machinerie est déjà en branle et assourdissante d'activité lorsque les premiers jagons sortent du module.
La trompe fine et courte de l'animal palpe un caillou. Sur ce caillou, l'animal est capable de trouver et de sucer les minuscules particules organiques qui se logent dans les fissures de chaque pierre, et d'en tirer profit pour vivre. De microscopiques champignons et une poignée de bactéries pyrovores vivent là leur dernier instant, probablement insensibles à la tragédie qui les condamne. L'animal en lui-même ressemble à une boule, ou une sphère, brune/rougeâtre et au cuir épais, cuit par le soleil et couvert de courtes griffures. Elle émet un ronronnement satisfait en suçant son caillou lorsque l'aiguillon électrique du berger qui la garde ne la dérange, et ne lui fasse rejoindre le reste du troupeau.
Il y a la une centaine, environ, de ses boules grotesques et mollassonnes qui paissent tranquillement. Elle se déplacent en agissant mystérieusement sur leur centre de gravité afin de rouler, d'un caillou à l'autre, et de palper le sol à la recherche de leur maigre pitance. Elles n'ont ni yeux ni aucun autre organes externe visibles, à part leurs courtes trompes curieuses. Cela ne semble pas les affecter outre mesure.
Le berger qui les surveille, lui, est très grand, longiligne, une peau reptilienne, aux couleurs changeantes suivant l'humeur. Deux bras, deux jambes, mais trois doigts seulement à chaque main, terminés par d'épaisses griffes. Ces deux yeux globuleux sont indépendants l'un de l'autre. Parfait pour surveiller le troupeau et les alentours. En l'occurrence, cette capacité lui as permis de voir l'incandescente météorite faire son entrée spectaculaire dans le ciel de sa planète, tout en continuant à surveiller les bêtes. Encore secoué par le coup de tonnerre tout proche, il décide de se rendre sur place, suspectant l'arrivé d'amis céleste. Il commence alors à rassembler ses bêtes.
En arrivant sur le site atterrissage du module, c'est une ruche bruyante et débordante d'activité qu'il découvre. Les drôles d'êtres à quatre pattes, leurs lourdes tètes casqués, vont et viennent dans les nuages de poussières rocheuse, tous affairés. Personne ne semble le remarquer d'ailleurs, alors il décide de s'approcher d'un de ces être étrange, et lui fait signe. L'autre lève sa face massive, abandonnant un instant sa tache, et ses gros yeux roulent de bas en haut, le scrutant du regard. Il lui fait signe à son tour, et lui adresse la parole.
C'est une suite de borborygme incompréhensible que l'autochtone entend. On aurait pu s'y attendre! Les deux êtres font des gestes compliqués, n'arrivent pas à se comprendre.
« Bonjour, ami céleste, dit le berger, je m'appelle Drappesh », en articulant bien et en plantant son doigt griffu sur sa poitrine. « Tu comprend? Tu comprend pas? Moi Drappesh, et toi?
_ Le casque, mon pote, dit le jagon en se tapotant la tète, faut mettre un casque, t'est sur un chantier ici! »
Intrigué, le berger se tapote lui aussi la tète. Peut-être est-ce comme ça qu'ils disent bonjour? Mais au bout d'une bonne minute de ces gesticulations infructueuses, le jagon se désintéresse d'un seul coup de son interlocuteur pour reprendre son travail, moitié irrité, moitié fatigué par l'importun.
Le berger Drappesh tente alors de nouer le contact avec d'autres mineurs jagons, avec toujours aussi peu de résultats, qui se tapotent tous la tète en le voyant, et commence à se balader en plein milieu du chantier assourdissant, fort intrigué par toute cette activité inhabituelle, qui plus est d'origine inhabituelle. Alors qu'il s'apprête à aborder un énième jagon débordé, il en aperçoit un autre qui se dirige vers lui en courant. L'effet est assez étrange pour qui n'as pas l'habitude de voir les quatre pattes opposées des jagons s'agiter. Il semble qu'on s'intéresse enfin à lui après tout, car il commençait à se sentir vexé. Celui qui se précipite vers lui semble avoir un peu de prestance comparé aux autres, peut-être parce qu'il porte l'uniforme. Et ce malgré le fait qu'il se tape en même temps bizarrement sur le casque, lui aussi.
« Hé camarade patron, dit l'ouvrier en passant, portant son galacto-marteau-piqueur sur l'épaule, y a un zozo qui se ballade sur le chantier, y porte pas de casque.
_ Quoi? Mais il est ou se bougre? Je vais lui passer un de ces savons, moi, tu va voir!
_ La bas, camarade patron, répond l'ouvrier en tendant un doigt flasque. Il est pas comme nous vous savez. »
L'officier Caveseeker ne perd pas de temps à considérer cette dernière remarque, et se précipite dans la direction indiquée. Apercevant l'intrus, il n'est qu'a moitié étonné. « Encore un de ces foutus cul-terreux d'autochtones sauvages bons à rien incapables qui comprennent rien à rien! Se dit-il. ». Aussitôt, Typhus Caveseeker se met à invectiver l'intrus, tout en se dirigeant vers lui. « Le caaaaasque, hurle t-il en se tapotant la tète, le caaaasque, bougre d'âne galeux! C'est dangereux ici! » L'autre lui répond par des signes idiots de la main, y compris en se tapotant le sommet du crane.
Arrivé à sa hauteur, Caveseeker choisi d'engager le dialogue avec finesse et subtilité. « Hé bé! t'as la cervelle en marmelade, ou quoi, espèce de couillon, tu vois pas que c'est un chantier ici? C'est dangereux, il te faut un casque! Et qu'est-ce que tu fout là d'abord? »
Puis l'autre répond dans un langage incompréhensible. « Etiétié », ou « épépé », ou encore « épiépié ». Saisissant enfin la situation, Caveseeker se calme, et soupire, cherchant un moyen de communiquer. « Hé merde, il fallait que je tombe sur un mec qui parle pas le commun », lâche t-il en le regardant, dépité. L'autre répond encore en se tapotant la tête. « Ouais bon ça va, ça va, arrête ton cirque, suis moi plutôt ». Puis il lui fait signe de le suivre. Le berger comprend, et ils se dirigent tous les deux vers une caisse, de laquelle Caveseeker sort un casque de chantier qu'il pose sur le crane de son nouvel ami. Mais les jagons on des tètes massives, et le casque dodeline, ridicule et inutile, engloutissant entièrement la tête de l'autochtone. En soupirant, Caveseeker reprend son casque, puis conduit le berger vers l'entrée du module posé au sol, tout en se demandant comment se drôle d'être arrive à garder sans arrêt un œil fixé sur lui, et l'autre qui se ballade dans tous les sens.
Une fois à l'intérieur du module, le berger roule des yeux (dans des directions différentes, évidemment), visiblement étonné. Caveseeker interpelle l'homme de quart dans la salle de commandement et se fait apporter un traducteur universel. Le dialogue va pouvoir enfin commencer.
« Bonjour camarade, dit Caveseeker.
_ Piépiétié.
Un petit réglage.
_ Bonjour!
_ Bonjour! Répond l'autochtone.
_ Ah, c'est mieux comme ça, non?
_ Beaucoup mieux, en effet! Bonjour à vous, amis des étoiles, bienvenus sur notre modeste planète. Puis-je vous demander de quel endroit du ciel vous venez?
_ Oh mais d'aucun en particulier. Je suis Typhus Caveseeker, officier en second du module minier ou nous somme en ce moment, rattaché à la frégate minière FréMi6, de la flotte civile d'état de la R.R.U.S. Nous sommes en pleine prospection minière, tout simplement. C'est une chance de tomber sur quelqu'un, on pensait que cette planète était presque déserte.
_Oh! un officier de la flotte civile d'état! Vous devez être quelqu'un d'important alors?
_Euh...c'est à dire que...on peut pas vraiment dire, non.
_Oh! Aucune importance. Je ne me suis pas présenté, je m'appelle Drappesh, simple berger. C'est vrai que cette planète est assez déserte, et puis c'est assez isolé, ce coin du ciel.
_Ça, mon pote, c'est le moins qu'on puisse dire, ah! ah!
_On a rarement de la visite aussi prestigieuse d'ailleurs. Vous allez faire sensation au village.
_Ah parce qu'il y a carrément un village dans le coin?
_Évidemment, qu'est-ce que vous croyez? Et je vous y invite, les visiteurs des étoiles, ça compte!
_Heu, écoute, j'en serais heureux. Mais il faut d'abord que je te présente au capitaine, et qu'il me donne la permission. Suis moi.
Les deux êtres trouvent le capitaine dans sa cabine, qui, fort occupé à gérer les affaires du module, fait un somme. Après être entré dans la cabine, à l'invitation peu convaincante du capitaine, Caveseeker prend soin de couper le traducteur universel. C'est plus prudent. Voyant l'etre étrange, le capitaine s'exclame:
_Ah! Tu me ramène encore un de ses foutus bouffe-terre, Camarade Typhus? Je suppose que celui là aussi veut te faire visiter son tas de bous, et te faire bouffer un de ces trucs infâme et absolument pas règlementaire, non? Tout ça parce que tu tombe du ciel, évidemment?
_Heu, c'est à peu prés ça camarade capitaine, répond Caveseeker en se félicitant d'avoir pensé à couper le traducteur. Permission accordé?
_Permission accordé; tu me fera un rapport. Essais de savoir si ils connaissent un peu la minéralogie du coin. Maintenant emmène ton ami, tu veux bien? Et donne lui un casque, bon sang, on est sur un chantier ici! Combien de fois il faudra le rappeler? Ce n'est absolument pas règlementaire ce comportement!
_Tout de suite camarade capitaine, à bientôt.
Le logement de Drappesh, bien que modeste, n'as rien d'un tas de boue. Pas plus que le village d'ailleurs. Évidemment, il n'y à dans ce village pas d'électricité, et seul un puits fourni l'eau pour tout le monde. Mais, chose étrange, le village abrite une petite mairie, ainsi qu'un poste d'holo-communication à longue distance, alimenté par un petit groupe électrogène. L'endroit compte quelques centaines d'âmes, toutes semblables à Drappesh, aux yeux baladeurs.
L'arrivée de Caveseeker déclenche en effet la liesse parmi les autochtone, qui décident de fêter l'évènement. Plusieurs autres autochtone se retrouvent donc ce soir chez Drappesh, entourant le prestigieux visiteur. Les questions pleuvent et les rires éclatent sans cesse, l'ambiance est bon-enfant. Tous sont assis en cercle, sur une natte rappeuse au sol, les jambes en croix, position plutôt inconfortable pour les quatre jambes du jagon. Au centre se trouve une grande table basse débordantes des mets les plus divers. Caveseeker plante consciencieusement l'aiguille de son analyseur dans tous ce qu'on lui offre à déguster, vérifiant si c'est comestible pour son organisme. Non seulement tout est comestible, mais plutôt bon au goût du jagon.
« Mm, dit moi, camarade Drappesh, tous les plats ont l'air d'être plus ou moins à base de cette patte brune, là, c'est quoi?
_ Ha! oui, c'est notre aliment de base, ici. Tout le village se nourri presque exclusivement de çà en fait. Tu te rappelle les troupeaux de bestioles rouges qu'on a vu en arrivant au village, non?
_Les grosses boules rouges, là, qui roulent partout?
_Exactement. Hé bin c'est elles qui produisent ça. C'est leur caca, dit-il en désignant un pâté brun, fumant et odorant.
Après avoir failli vomir, Caveseeker parviens à se reprendre puis, toussant toujours, parviens même à poser un question.
_Hum, heu, et ce qu'on boit là, c'est...
_C'est leur lait. Tu apprécie.
_Absolument délicieux, répond t-il, immensément soulagé. Mais je crois que j'ai trop mangé pour ce soir et...heu...oh et puis non, tiens, je crois que je vais prendre un peu de cette espèce de tourte au caca qui m'as l'air délicieuse.
_Elle l'est mon ami, elle l'est!
Toute la salle rit de plaisir en voyant le jagon reprendre appétit après son haut le cœur spectaculaire.
_Hé tiens je pense à quelque chose, Drappesh, fit-il rigolard. Si vous mangez le caca de ces bestioles, est-ce que vous mangez aussi votre propre caca? »
Le silence de mort qui s'abat soudain, et les yeux horrifiés de toute l'assemblée, unanimement fixés sur lui, donne à penser au jagon qu'il a peut-être commis une impolitesse.
Heureusement, la soirée reprend vite en gaieté, surtout lorsque l'alcool local, magiquement, apparait des manches des convives, pour commencer à circuler dans toutes la maison, et passer invariablement dans le bec de l'émissaire chanceux. On se vexe lorsqu'il fait mine de repousser un breuvage quelconque! Alors Caveseeker boit, plus que de raison, et ces velléités de tirer des renseignements minéralogique sur la région s'évanouissent complètement.
Ce n'est qu'au petit matin, à l'heure d'emmener son troupeau, que Drappesh ramène son nouvel amis au module, le portant presque à bout de bras. Le jagon retrouve bien difficilement sa couchette, avec ses quatre pattes qui s'emmêlent tout le temps, et s'y effondre pour un sommeil réparateur. A son réveil, plusieurs heures plus tard, la tète de Caveseeker est prêt d'exploser sous la douleur de la gueule de bois. Ou peut-être est-ce du aux beuglements hystériques du capitaine, rouge de colère et hurlants au visage de son officier en second, tant son comportement n'est absolument pas réglementaire. « Je veux te voir au rapport dans cinq minute, camarade Typhus Caveseeker, et nous parlerons de ton comportement totalement non règlementaire! Tu as intérêt à avoir de bonnes excuses à donner! »
Dernière édition par Ebola le Sam 24 Oct 2009, 01:36; édité 1 fois |
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Ebola je sais pas mais ca cause beaucoup

Inscrit le: 03 Mai 2008 Messages: 439
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Posté le: Jeu 22 Oct 2009, 16:24 Sujet du message: |
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Drappesh, lui, se lève à l'aube ce matin. Comme tout les matins d'ailleurs. Il s'en va retrouver ses bêtes. D'abord, il traine son nouvel ami jusqu'à son module, le portant presque à bout de bras dans le petit matin. Puis il rassemble ses bêtes avec le troupeau d'un voisin, les lui laisse à charge pour la journée, et file en vitesse au village. Il repasse en toute hâte devant sa maison, sans y entrer, traverse la place poussiéreuse, avec son puits et son lavoir, puis pénètre dans la petite mairie. Tout le monde se connaissant dans le village, il file directement dans le bureau du maire Royam. Celui-ci est déjà en réunion avec quelques autres personnes, les notables locaux, comme Drappesh s'y attendait. Les autre aussi l'attendaient d'ailleurs.
« Ah, te voilà enfin, Drappesh, salut le maire.
_ Évidemment, monsieur le maire. Vous devez déjà être au courant.
_ Tout le village est au courant, répond l'un des présents.
_ C'est tout de même incroyable, non?
_ Ça, c'est certain que nous n'avons pas tous les jours la visite d'êtres venus du ciel!
_ Oui, en fait, nous n'avons même jamais eu de visite de ce genre, tout simplement, dit un autre.
_ Ah! non, ce n'est pas vrai, contredit celui qui semble le plus âgée. C'est déjà arrivé, mais c'était avant ma naissance. C'est mon père qui me l'avait raconté!
_ C'est des racontars ça, interrompt le plus jeune.
_ Et celui qui a trinqué avec nous toute la soirée d'hier, c'était un racontar, peut-être, lance Drappesh? Peut-être que ces êtres sont déjà venues auparavant finalement.
_Non, non, reprend l'ancien. Quand mon défunt père m'en parlait, il me disait qu'ils étaient tout gris, avec des yeux énormes et des tètes toutes plates. Ils étaient tout fripés, et ils avaient le doigt qui s'allume dans le noir. Pratique pour rassembler les bêtes la nuit! Il ne m'a jamais parlé d'une deuxième paire de jambes!
_Oui, et celui que nous avons vus est plutôt jaunâtre-brun, que gris avec la tète plate.
_Et il était tout poilu.
_Et son bec, vous avez vu son énorme bec?
_Je dirais plutôt un groin, ou un museau, non?
Le maire, qui n'avait pas rencontré Typhus Caveseeker, suis la discussion avec le plus grand intérêt, sans oser interrompre personne.
_Ça veut dire qu'il y en a plusieurs comme ça dans l'espace? Qui sait combien!
Un silence étrangement spirituel s'abat sur cette discussion jusqu'alors à bâton rompus. Tous les être présent dans ce bureau, la tète perdu dans les étoiles, gambergent aux milles merveilles vivantes et secrètes qu'elles recèlent encore. Le maire rompt presque brutalement cette escapade métaphysique, et ramène tout le monde à la réalité.
_Bon, et alors, comment tu l'as trouvé ce type, Drappesh?
_Et bien j'ai vu leur vaisseau tomber et...
_Mais non, de caractère!
_Ah, heu, très bien monsieur le maire.
_Un peu rustique quand-même, nuance l'un des personnage présent.
_Voir carrément rustre peut-être.
_Oui, peut-être un peu, concède Drappesh. Mais plein de bonnes volontés! Il ne connaissait pas nos coutumes, mais il a quand même joué le jeu.
_Et puis un peu obnubilé par les cailloux aussi!
_Évidemment, c'est pour cela qu'ils sont venus: pour chercher des cailloux, ou des gisements de je ne sais pas quoi d'autre, dit le maire. Il devait probablement en profiter pour essayer de nous tirer les vers du nez, afin de savoir ce qu'il y a d'intéressant dans notre sous-sol.
Le « hoooo » de compréhension soudaine que poussent tous les autres, presque à l'unisson, confirme au passage Royam dans sa qualité de maire capable, et loin d'être naïf.
_Pas très honnête, remarque le jeune.
_Juste un type pressé de faire son boulot, lui répond-on.
_Bon à part ça, quoi d'autre sur lui?
_Il ne descend pas trop mal l'eau de vie, dit un autre.
_Heureusement. Des types qui aiment l'alcool ne peuvent pas être foncièrement mauvais.
_A part ça?
_Rien, je ne vois pas Monsieur le maire.
_Tu vois pas, intervint avec véhémence l'un d'entre eux, resté jusque là silencieux? Tu vois pas? Bin moi je vois: ils me ruinent mes pâturages avec leur conneries qui tombe du ciel! Voilà quoi d'autre! Le ciel me tombe sur la tète, ni plus ni moins!
C'est un berger nommé Sseldnal qui viens de s'exprimer. La compassion se peint d'un coup sur tous les visages présent. En effet, le module s'est posé tout simplement en plein sur une partie des terres réservées à ce berger, ruinant la subsistance de ces bêtes. Depuis la veille, Sseldnal devait faire paitre ses bêtes ailleurs, sur les pâturages de ses voisins, de préférence de l'autre coté du village, loin du module importun.
_Écoute, Sseldnal, reprend le maire, je comprend ton souci, mais c'est un problème mineure.
_Ah oui? Et chez qui j'irais quand les bêtes auront sucé toute la pâture derrière le village? Et quand elles auront sucé la pâture de vos bêtes à vous, les une après les autres? Vous direz quoi?
_D'ici là on a le temps de voir venir quand-même.
_T'a t-il dit combien de temps ils comptaient rester ici, Drappesh?
_Jusqu'à ce que ses soutes soient pleines. Il m'a bien donné des chiffres compliqués, mais je n'ai rien compris. Un cycle m'a t-il dit, plus si le coin est intéressant. Sinon il vont ailleurs.
_C'est quoi un cycle?
_Aucune idée.
_Bon, et d'après toi, il avait l'air satisfait de l'endroit?
_Son équipe et lui son arrivés du matin même, je crois que c'est un peu tôt pour se faire une idée.
_Mm, oui, probablement, acquiesce le maire. Alors il nous faut vite agir avant qu'ils ne se rendent compte que le pays est aussi inintéressant et desséché qu'une vieille teuh'puh sur le retour et sans clients!
Tous les autres se mettent à rire de bon cœur de l'esprit si imagé de leur maire caustique. Une causticité qu'il ne se permettrait pas devant les femmes.
_En tout cas, il faudra quand-même régler le problème des pâturages de Sseldnal, reprend le maire.
_Hé oui tiens! Et celles qui vont mettre bas, hein? Comment je vais faire pour les bêtes qui vont mettre bas?
_On va régler ton problème, ne t'inquiète pas! Mais il y a d'autres choses à arranger avant tout.
_Ah bon, quoi d'autre?
_Quoi d'autre? Hé bien, cher concitoyens, tout simplement savoir comment cueillir les fruits inespérés de cette immense opportunité, que la providence offre à notre modeste village, qui en a bien besoin.
_ Heu, qu'est-ce que vous comptez faire, monsieur le maire?
_Oh, être juste un peu futé et sensibiliser ses charmants visiteurs aux intérêts locaux! Messieurs, nous sommes potentiellement assis, en ce moment même, sur une occasion unique d'enrichir plus que de raison notre village! Le village, et aussi un peu nos poches, bien entendu!
Mentalement, il se frottait ses mains griffus.
_Ça, par contre, ce n'est pas très honnête, intervient Drappesh!
_Qu'as tu contre l'idée d'améliorer un peu le quotidien des villageois, Drappesh, réplique alors le maire?
_Et puis ce n'est pas comme si c'est quelque chose d'important pour eux! Ils viennent des étoiles, avec leur gros engins: ils doivent être riches!
_Plus que riche même!
_C'est sur, alors si on leur prend un peu, pour eux ce sera trois fois rien, alors que pour nous, ce sera peut-être beaucoup!
_Et puis quoi, tu les défend, lance le jeune, vindicatif?
_Ce sont tout de même des étrangers après tout!
_Et puis ils sont sur mes pâturages, les salauds! Est-ce qu'ils ont demandés la permission?
Devant une telle fronde, Drappesh ne peut que s'incliner et souscrire au projet de ses concitoyens. Après tout, c'est pour le village. Il décide tout de même de s'en aller retrouver ses bêtes, sans assister à la suite de la discussion.
Sous la douche brulante, tentant de noyer son mal de crane hurlant, Caveseeker a du mal à se concentrer sur l'épreuve qui l'attend. Il devrait être en train de chercher une excuse valable, mais il n'y arrive pas. Il est en fait englué dans les souvenirs de la nuit précédente, s'émerveillant sans cesse de l'incroyable proximité entre deux cultures qui ne s'étaient jamais rencontrées jusqu'alors. Ce n'est pas la première fois que l'officier Caveseeker rencontre les autochtones des planètes qu'il explore. Il s'est même plutôt fait le spécialiste de ce genre de rencontre, avec le temps, et passe un peu pour un farfelu au yeux de l'équipage, comme à ceux du capitaine. Il est bien placé pour savoir que le sens de l'accueil n'est pas universel dans la galaxie! Pas plus que les pratiques et les coutumes alimentaires, les manières d'être poli ou impolis, les façons de s'assoir, la communion de l'alcool. Un peuple qui connait l'alcool ne peut pas être foncièrement mauvais, se dit-il! Heureusement, l'alcool est à peu prés universel dans tout le cosmos.
La première chose que remarque le camarade officier Caveseeker en entrant dans la salle de commandement, c'est que la colère du camarade capitaine ne s'est pas calmée. Furibard, celui-ci marche de long en large dans la salle exigüe. Apercevant l'officier en second, il explose, faisant sursauter le personnel technique présent dans la pièce, d'un véhément « Au rapport! ».
Tout en tentant de minimiser son rôle dans l'échec de sa mission, Caveseeker raconte en détail sa rencontre avec les autochtones.
« Donc, pas de renseignements minéralogique, si je comprend bien?
_ Heu, non, camarade capitaine, bien que j'ai tout de même abordé la question. Il semble que les gens d'ici connaissent plutôt mal la composition géologique de la région. Ils disent que les terres sont toutes mauvaises alentours, et qu'on ne peut rien y faire pousser. Qu'il n'y a que les cailloux qui prolifèrent. Et pour cause, je n'ai pu apercevoir aucune activité agricole autour du village.
_ Mmh, maugrée le capitaine, peut-être qu'ils ne disent pas tout.
_ Peut-être, je ne sais pas. En tout cas, il n'a pas été fait mention d'un quelconque gisement particulier dans la région. Les seuls champs, ou pâturages, dont-ils m'ont parlé, ce sont ceux que leurs bêtes aiment fréquenter. Hors rien ne pousse ici, d'ailleurs, je n'ai pas compris le rapport avec la géologie locale.
_ Très bien. Pour moi tout est clair: non seulement tu as lamentablement failli à ton devoir en n'étant pas capable de collecter le moindre renseignement utile, mais en plus tu en as profité pour t'amuser comme un cadet et te saouler honteusement la gueule! Alors que c'est parfaitement interdit, camarade! Alors que toi, l'officier en second, tu de doit de montrer l'exemple à l'équipage! Et tout ça sans parler de ton quart que tu aurait du prendre depuis déjà une bonne heure.
_ Heu, camarade capitaine, c'est à dire que je ne pouvais...
_ Silence! Abois le capitaine »
Puis il se lance dans un discours interminable, sur la discipline et le devoir de chaque jagon vis à vis de ses semblables, ainsi que de la marche-vers-le-progrès-irrésistible-de-la-révolution-jagonne. Rappelant à chaque tournure de phrase à quel point sont subalterne doit avoir honte de lui d'avoir manquer de discipline, à quel point cette attitude est méprisable, et surtout pour aller jouer les sagouins avec des sauvages arriérés et sans intérêt, même pas capables d'être d'aucune utilité au forage, et donc à eux, et donc à lui le capitaine, et donc à toute la révolution jagonne et au grand-bond-en-avant! Hors, en toute logique, tout être incapable d'être utile à la révolution n'est digne que de mépris, tout au plus.
Caveseeker comprend bien vite, pendant que le capitaine lui passe un monumental savon, que ce n'est pas tant son incartade qui met le met en rogne, pas plus que ces prétendus manquement à l'attitude exemplaire que doit afficher un officier, que les résultats décevants dans lesquels commencent déjà à s'enliser cette mission d'exploration et d'exploitation minière. C'est cela qui fait littéralement enrager le capitaine. Cela qui le fait désespérer jusqu'à placer une chance, si mince soit-elle, dans l'idée d'envoyer un de ses hommes tirer les vers du nez des autochtones locaux. Les résultats du module sont moyens depuis déjà trop de cycles, et dans certains bureaux de l'administration de la flotte civile d'exploitation minière, certains fonctionnaires s'agitent, et le nom du capitaine ne s'y prononce plus avec les meilleurs intentions. D'où tout l'intérêt de se montrer, soudainement, un si zélé défenseur de la révolution et de la république, lui d'habitude si apathique sur de tels sujets. Et puis en plus, si on peut trouver un zigoto quelconque, présentement l'officier en second Caveseeker, pour lui faire porter le chapeau à sa place, c'est toujours ça de pris!
« Tu peut reprendre ton travail, à présent, camarade.
_ Merci, camarade capitaine, lâche Caveseeker, les dents serrées ».
Pour finir, Caveseeker s'en sort avec un blâme et quelques tours de gardes supplémentaires. C'est donc plutôt morose qu'il entame cette journée, rageant dans sa barbe contre le capitaine. C'est à dire qu'un blâme, pour l'avancement, et donc avoir une chance de quitter un jour ce foutu module pour bosser directement sur la frégate, ou ailleurs, c'est un peu la merde! Rien qu'à l'idée de devoir se coltiner un connard pareil comme capitaine pour les années à venir, Caveseeker en boue de rage et d'humiliation contenu.
Mais le fil de ses pensées sont finalement interrompues lorsqu'il voit réapparaitre au bord du chantier plusieurs des indigènes qu'il a rencontrée la veille, y compris Drappesh. Il y a là six personnes, dont une lui est inconnu, à l'attitude réservée et semble t-il, habillée un peu mieux que les autres. En guise de bonjour, ils se tapotent tous le haut du crane. C'est Drappesh qui s'adresse à Caveseeker au nom du groupe. Visiblement, il joue le rôle de l'interlocuteur privilégié avec les jagons.
« Comment vas-tu, depuis hier, mon ami?
_ Encore mal à la tète, Drappesh. Mais vous devriez filer d'ici, avec ta bande, je crois qu'on aime pas trop vous voir trainer dans le coin finalement. Enfin le capitaine surtout. Et encore plus si c'est pour vous voir causer avec moi.
_ Ah? Tu m'en voit désolé mon ami, mais pourquoi cela? Qu'as-tu fait de mal?
_ J'ai pas respecté la permission de minuit, ha! ha!
_ Quoi mais, ton capitaine t'interdit de faire la fête? Mais c'est criminel!
_ Ha! ha! Sauf qu'on a des règles chez nous, embêtantes parfois. Vous, vous êtes peinard: pas de couvre feu débile, vous rentrez quand vous voulez, vous sortez quand vous voulez!
_ Ah! Bon? Et pourquoi n'aurions-nous pas de règles, répond Drappesh, vexé? Parce que nous n'avons pas de vaisseaux qui volent dans les étoiles peut-être? C'est ce que tu crois? Rassure toi nous en avons. Des règles, je veux dire. Et même si elles ne sont certainement pas aussi absurdes que les tiennes, puisqu'elles t'empêchent de faire honneur à tes hôtes, elles sont parfois aussi embêtantes! C'est que le bétail a ses heures, il les connait et il faut les respecter. On sort quand le bétail sort, c'est à dire tôt, et on rentre quand il rentre, c'est à dire tard.
_ Calme toi mon pote, je voulais pas te vexer. Quoi qu'il en soit, restez pas trainer dans le coin. Vaux mieux pas, surtout pour moi.
_ Tout de même, quel toupet, rétorque un Drappesh franchement fâché cette fois! Tu dira à votre capitaine que nous sommes ici sur nos terres, et que nous allons ou ça nous semble bon!
_ Vu comme ça...
Une nouvelle fois, Caveseeker est frappé par la proximité entre lui et ces êtres. Il n'as, jusqu'alors, même pas envisagé la possibilité que ces gens puissent se fâcher, encore moins protester. Il les prenait naïvement pour des espèces de bon sauvages, foncièrement doux, et prêt à échanger tout leur biens pour trois verroteries. Submerger par un accès d'humilité, il pense devoir s'excuser.
_ Ce n'est pas grave, ça n'a aucune importance, répond Drappesh. Nous ne sommes pas venus pour ça.
_ Ah oui, tiens, vous êtes venus pour quoi? Enfin, que nous vaut l'honneur de votre visite? Je vous préviens, si c'est pour faire la fête ce soir, ça va être difficile je pense.
_ Alors là ça va poser problème. Parce que vois-tu mon ami, je suis venu ici avec une délégation du village. Une délégation officielle! Qui comprend notre maire, ici présent.
Il désigne celui à qui Typhus avait trouvé l'air réservé et bien habillé.
_Et nous sommes là pour vous inviter, ce soir, à un banquet organisé par tout le village, en l'honneur de nos si prestigieux visiteurs. Refuser est impensable!
_ Mais hier...
_ Hier c'était de la blague! Une invitation à titre privée, une première prise de contact. Aujourd'hui, c'est tout le village.
_Bon et bien, on a qu'a aller voir le capitaine et lui demander. Viens seul avec moi, le chantier est dangereux.
_Ah mais non, on doit tous venir...
Caveseeker interrompt Drappesh de la main:
_ Causer une blessure à un membre d'une délégation officielle est impensable. Pas d'histoires! »
Sur ce, les deux êtres se dirigent vers le module, alors que Caveseeker commence à appréhender le refus plus que probable du capitaine. D'ailleurs celui-ci s'exclame lorsqu'il revoit l'autochtone devant lui:
_Encore! Mais qu'est-ce que tu fout camarade, tu cherche les ennuis ou quoi?
_Attend camarade capitaine, avant de t'emporter, écoute ce qu'il a à te dire. Vas-y Drappesh.
Ce dernier lui explique alors la raison de sa visite, et contre toute attente, le visage du capitaine semble se détendre.
_ Officiel? Avec le maire? Ce sera avec plaisir, répond t-il sèchement. Je viendrais moi-même avec quelques membres d'équipage, afin de montrer que le peuple jagon sait être digne de l'accueil qu'on lui fait.
Une fois la délégation repartie, le capitaine charge son officier en second de trouver quelques jagons pour les accompagner au banquet. « Et puis tu viendra avec nous camarade, explique t-il a Caveseeker abasourdi. Tu les connais, tu est indispensable pour traiter avec eux maintenant. Considère ça comme une deuxième chance de trouver des renseignements utiles. Et aussi une chance de racheter ta conduite. Quant à moi, je superviserais directement la discipline et cette fois, pas de beuveries ridicules.
_Bien, camarade capitaine. » |
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